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    My Skinny Sister : pour Sanna Lenken, "Stella c’est moi avant de devenir anorexique"

    Dans son premier long-métrage, "My Skinny Sister", Sanna Lenken aborde le sujet des troubles alimentaires, qu’elle connaît bien, en se focalisant sur la relation entre deux sœurs, Katja, atteinte d’anorexie, et Stella.

    Allociné : Avant My Skinny Sister, vous avez réalisé un court-métrage, Eating Lunch, aussi sur l’anorexie. En quoi est-il différent ?

    Sanna Lenken : «Eating Lunch» raconte une histoire à travers le point de vue de six personnes alors que My Skinny Sister le fait au travers celui de la petite sœur. Ce court-métrage était plus expérimental peut-être parce que je voulais montrer les émotions de ces six personnes lorsqu’elles doivent manger. A quel point cela est difficile. Les deux films sont très différents au niveau du style, mais ils se complètent. C’est deux versions de la même maladie.

    Allociné : Adolescente, vous étiez anorexique, comme le personnage de Katja. Pourquoi avoir eu envie de parler de ce sujet dans un film ?

    Sanna Lenken : My Skinny Sister n’est pas vraiment un film autobiographique, même si cela m’a servie d’être passée par l’anorexie. J’ai surtout eu envie d’en parler car c’est un sujet que tout le monde peut comprendre. Pour moi, le film est centré sur l’évolution d’une petite fille et son passage à l’adolescence. La maladie est un peu à part. Certaines personnes deviennent anorexiques au moment de la puberté parce qu’elles commencent à se préoccuper de leur apparence.

    My Skinny Sister n’est pas vraiment un film autobiographique, même si cela m’a servie d’être passée par l’anorexie.

    Allociné : Comment votre propre expérience avec la maladie vous a-t-elle inspirée pour le scénario ? 

    Sanna Lenken : Tout d’abord, j’ai repensé à tout ce que j’ai vécu pendant la maladie. J’ai écrit ce dont je me souvenais dans un journal intime et j’ai parlé avec mes parents, ma sœur et mes amis. Malheureusement, certaines personnes ne se souvenaient pas de mon attitude pendant cette période. J’ai aussi fait beaucoup de recherches comme appeler des associations étant en contact avec des parents d’enfants anorexiques. Il y a six ans, j’ai rencontré une fille qui a participé à l’aventure de «Eating Lunch» et de My Skinny Sister. Lors de notre premier entretien, elle venait de sortir d’une clinique spécialisée et était encore malade. Elle m’a énormément apporté.

    Moritz Schultheiß/Camino Filmverleih

    Allociné : Vous avez choisi de raconter l’histoire à travers Stella, la petite sœur, alors que ce n’est pas elle qui souffre d’anorexie ?

    Sanna Lenken : Je me suis avant tout projetée dans Katja et Stella. Stella, c’est moi avant de devenir anorexique. Ce personnage représente toutes les filles avant de tomber malade. Elles se sentent libres et ne se préoccupent pas de leur apparence, mais à l’adolescence, elles se comparent à des personnes plus minces, comme le fait Stella avec sa grande sœur aimée de tout le monde. Elle essaie de lui ressembler trait pour trait. J’ai donc essayé d’avoir deux versions : la liberté et l’emprise qu’à la maladie sur les jeunes filles.

    Allociné : Les tenues des deux sœurs sont très opposées. Par exemple, Stella porte beaucoup de rose alors que Katja est souvent en gris. Cette différence apparaît même dans leurs vestes de patinage. Est-ce un choix afin de montrer l’innocence de l’une et le mal-être de l’autre ?

    Sanna Lenken : Avec Amy [Deasismont], nous avons longuement parlé afin de définir ses tenues car les anorexiques ont tendance à porter des vêtements trop grands pour cacher leur corps. Nous sommes ensuite passées aux essayages, qui furent nombreux. Je lui ai même prêté quelques-uns de mes habits achetés durant ma grossesse. Même si l’histoire est triste, je voulais que les vêtements de Stella soient colorés. Cependant, à la fin, je voulais vraiment appuyer sur le fait que Stella a grandi et qu’elle ne pratique plus le patinage artistique. Pendant tout le film, elle porte une veste rose avec des patins dessus, mais au dénouement, elle l’a changée pour une veste simple de couleur bleu.

    Moritz Schultheiß/Camino Filmverleih

    Allociné : Le personnage de Stella, joué par Rebecka Josephson, a été trouvé seulement un mois avant le tournage. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette difficulté ?

    Sanna Lenken : Nous avons commencé à faire passer des castings un an avant le tournage, mais toutes les petites filles n’arrivaient pas à jouer plusieurs émotions à la fois. Cela est très difficile pour un enfant. L’interprète de Stella devait être mature et comprendre l’enjeu du film. Pendant un temps, nous avions réussi à trouver une actrice qui a finalement abandonné le projet pour un autre rôle. C’était assez étrange pour moi de ne pas avoir mon actrice principale alors que les interprètes de Katja et des parents avaient déjà signés. Alors, quand Rebecka Josephson est arrivée pour passer le casting, ça a été un immense soulagement.

    J’aimerais qu’un film comme My Skinny Sister aide les personnes à ne pas avoir peur d’en parler et qu’on les aide.

    Allociné : Amy Deasismont est une chanteuse célèbre en Suède. Avez-vous eu peur que sa notoriété prenne le dessus sur le côté fragile de son personnage ?

    Sanna Lenken : J’avais surtout peur qu’elle soit vue comme une popstar car tout le monde la connait en Suède. Au début, je n’étais pas intéressée pour lui faire passer une audition, mais son agent a insisté pour qu’on essaie. Elle s’est finalement avérée être la meilleure parmi toutes les filles ayant passé le casting. En Suède, les spectateurs ont dû être surpris de la découvrir dans un rôle sombre où l’apparence compte peu, elle qui est toujours joyeuse.

    Allociné : Quel message avez-vous envie de faire passer avec My Skinny Sister. Que l’anorexie ne devrait pas être un sujet sensible ?

    Sanna Lenken : J’aimerais qu’un film comme My Skinny Sister aide les personnes à ne pas avoir peur d’en parler et qu’on les aide. Pour moi, cela est très important qu’elles n’aient pas honte. Mon souhait serait que les parents aillent voir mon long-métrage avec leurs enfants pour ensuite aborder le sujet avec eux sans aucune gêne.

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