Mon compte
    L'article du Time qui a fait pleurer Steve Jobs...

    En 1982, Steve Jobs pensait être nommé "Homme de l'année" par le magazine Time. A la place, il eut droit à un portrait qui pointait son génie mais aussi ses failles et défauts. Un portrait essentiel dans le film de Boyle, qui sort en DVD et Blu-ray.

    Universal Pictures International France

    Attention : Mieux vaut avoir vu Steve Jobs avant d'aller plus loin dans cet article !

    Si vous avez vu Steve Jobs, le biopic en trois actes réalisé par Danny Boyle, vous avez peut-être été intrigué par ce fameux article du Time, qui surgit à plusieurs reprises dans le film. Un article qui a bel et bien existé dans la réalité...

    Quand le film débute, nous sommes en 1984 et Steve Jobs (Michael Fassbender) s'apprête à faire sa première grande présentation, celle du Macintosh. Juste avant, ce dernier va devoir jongler entre plusieurs crises se déroulant en coulisses et l'une d'entre elles a les couleurs du premier numéro spécial du Time de l'année 1983.

    Dans les coulisses du théâtre, Jobs découvre en effet des cartons contenant des centaines d'exemplaires de ce numéro, cachés par son équipe qui a cru un temps que ce serait une bonne idée de les distribuer au public avant de se raviser. Dans le film, la découverte de ces magazines va déclencher la colère de Jobs. Dans la vie, ce numéro a véritablement eu un impact sur l'entrepreneur. Il l'aurait fait enrager, pleurer et aurait entaché sa confiance envers les journalistes. Pour quelles raisons ? Pour deux raisons subtilement expliquées au travers des dialogues du film écrits par Aaron Sorkin...

    Universal Pictures International France

    La première, c'est qu'à l'époque de la parution de ce numéro spécial, Steve Jobs a sincèrement cru qu'il allait en faire la Une, c'est-à-dire qu'il serait nommé "Homme de l'année 1982". Mais, il s'est totalement fourvoyé à ce sujet puisqu'à aucun moment - on l'apprend plus tard dans le film - Le Time n'a daigné le considérer. Le magazine comptait exceptionnellement oublier sa traditionnelle personnalité de l'année pour consacrer l'ordinateur personnel et le nommer "Machine de l'année 1982". Cette décision avait été prise des mois auparavant, le temps de commander la statue réalisée par George Segal que l’on voit sur la couverture. 

    La deuxième raison, c'est qu'en plus de cet "affront", le magazine contenait plusieurs articles et dossiers montrant comment l'ordinateur était en train de changer le monde. Dont un portrait de Steve Jobs. Pensant être l'Homme de l'année du magazine, Jobs avait laissé au correspondant du Time, Michael Moritz, un accès total à l'entreprise. Mais, quelque temps plus tard, le reportage livré par Morritz au siège du Time à New York a été retravaillé, façonné, purgé et réécrit sous la plume de quelqu'un d'autre, celle du journaliste et critique Jay Cocks (futur scénariste de Gangs of New York ou encore Strange Days).

    Ce que Jobs découvrit dans l'article qui lui était consacré était donc loin de ressembler à ce qu'il s'était imaginé... "Ils m'ont envoyé le magazine par FedEx et je me souviens avoir ouvert le paquet, en pensant vraiment voir ma tête sur la couverture. Et là, se tenait cette sorte de sculpture d'ordinateur. Je me suis dit : Hein ? Puis, j'ai lu l'article et c'était tellement affreux que j'en ai pleuré", racontait d'ailleurs Jobs dans "Steve Jobs", le livre de Walter Isaacson, qui a servi d'inspiration à Danny Boyle. 

    Time Magazine

    Steve Jobs, le Roi de France

    Même si l'article, brillamment intitulé "The Updated Books of Jobs", clamait haut et fort l'importance de Jobs dans le monde de l'ordinateur et son flair génial d'entrepreneur génial, certaines parties étaient loin d'être flatteuses. La personnalité de Jobs, complexe, tyrannique et obsessionnelle, avait notamment été dépeinte par le critique Jay Cocks en ces termes :

    "En tant que patron, Jobs est admiré pour sa [propension à] flirter avec le risque mais, ajoute un ami, 'quelque chose est en train d'arriver à Steve, quelque chose de triste et de pas très joli, lié à l'argent, au pouvoir et à la solitude. Il est moins sensible aux sentiments des autres. Il les écrase, les bombarde.' Avant que Jeff Raskin, un ancien directeur de publication chez Apple, n'ajoute :'Il aurait fait un excellent Roi de France'".

    Lisa, la fille niée

    Un autre point névralgique, créateur de conflits dans le film, est clairement l'existence de Lisa. L'article révélait ainsi que l'entrepreneur avait une fille cachée, une confession que Daniel Kottke, un ami de fac de Jobs qui a également travaillé pour Apple, avait faite au journaliste du Time. Cette négation de paternité est l'une des clés de voûte de Steve Jobs. Elle sonne le point de départ de la relation conflictuelle entre le père et la fille et des répercussions que cela aura dans les deux autres actes du film. Voici l'extrait de l'article à ce sujet :

    "[En 1980], Jobs, surexcité et submergé par le flot d'un tel succès, pouvait à certaines occasions éclater en sanglots en réunion et devait alors se calmer en faisant le tour du parking. Sa vie personnelle était elle aussi précaire. Il retrouva la femme avec qui il avait passé l'été dans les montagnes et elle tomba enceinte avant qu'ils ne rompent finalement de nouveau. Le bébé, une fille, est né durant l'été 1978, Jobs niant toute paternité et refusant de payer une pension alimentaire. Un test sanguin, effectué volontairement par ses soins l'année suivante, estima "la probable paternité de Steve Jobs... à 94.1%". [De son côté] Jobs insiste que "28% de la population masculine des Etats-Unis pourrait être le père". Néanmoins, la Cour ordonna à Jobs de commencer à payer 385 dollars par mois de pension alimentaire. Il est également à noter que la petite fille et la machine dans laquelle Apple a placé tant d'espoir pour l'avenir partagent le même nom : Lisa."

    Steve Wozniac, l'homme de l'ombre

    Mise à part cette révélation choc, l'article de Jay Cocks pointait également un autre cheval de bataille de la vie de Steve Jobs, débattu à trois reprises dans le film : l'importance de Steve Wozniak, son ex-partenaire...

    "Steve Jobs (…) n’a pas fait la révolution tout seul. Il n’a même pas créé la machine qui a créé la révolution, l’Apple II, l’ordinateur personnel qui, en plus de ses autres talents, semble aussi pouvoir battre monnaie. Stephen Wozniak, 32 ans, l’ami et ancien collègue de Jobs qui ressemble à un ours Teddy sous perfusion de Marshmallows, a créé l’Apple II. Il a travaillé à partir d'une technologie préexistante, l'a radicalement réduite et l'a rendue abordable autant pour les consommateurs que pour les entreprises. 'Steve n'a fait aucun circuit, aucun design ni codes', déclare Wozniak (...) 'Il n'a jamais vraiment été à fond dans les ordinateurs et jusqu'à présent, il n'a jamais lu un manuel d'ordinateur. Mais, cela ne m'avait jamais traversé l'esprit de vendre des ordinateurs. C'est [l'idée de] Steve.'"

    Dans les années suivantes, Steve Jobs eut toutefois l'honneur de faire la Une du Time. Mais, jamais, jamais, il ne fut nommé "Personnalité de l'année".

    => Retrouvez l'article complet du Time ici !

    Michael Fassbender décrochera-t-il l'Oscar pour sa prestation dans Steve Jobs ?

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top