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    Alexandra Lamy émouvante dans Après moi le bonheur : "Condamnée, elle profite à fond de la vie"

    Dans le téléfilm événement de TF1 Après moi le bonheur à voir ce lundi 7 mars, Alexandra Lamy interprète Marie-Laure Picat, une mère de famille atteinte d’un cancer qui se bat pour que l'avenir de ses enfants soit assuré après sa disparition.

    AlloCiné : Qu’est-ce qui vous a plu dans ce scénario ?

    Alexandra Lamy : C’est un script qu’on m’a proposé il y a quelques années. J’ai lu un résumé de 2-3 lignes et je me suis dit que c'était un sujet compliqué à aborder.  Puis finalement, je suis tombée amoureuse du scénario. L’histoire ne tombe pas dans le pathos et la tristesse. Jusqu’à la fin, ce n’est pas une caricature horrible, étouffante et insupportable. J’ai tout de suite dit oui car cette femme mène un double combat, pour l’avenir de ses enfants et contre une administration énorme. Ce n’était pas normal que tant qu’elle était en vie, elle n’ait pas le droit de savoir où ses enfants allaient être placés. Même si elle se sait condamnée, elle profite à fond de la vie. Elle est costaud et a pris tout de suite les choses en mains en se disant : "D’accord, je vais mourir. Mais maintenant, je vais vivre et profiter de la vie jusqu’au bout." Et elle a raison.

    Vous êtes-vous aidée des diverses interviews de Marie-Laure Picat ou encore avez-vous lu le livre "Le courage d'une mère" ?

    Je n’ai pas voulu lire le livre qu’elle avait écrit car Claire Lemaréchal, l’auteure, a déjà fait ce travail-là. Elle a rencontré Marie-Laure avant son décès et s’est beaucoup informée sur le sujet. Ce qui m’intéressait, c’était surtout ses traits de caractère et qui elle était comme femme. Donc j’ai regardé toutes ses interviews pour voir comment elle parlait, comment elle abordait la mort et la relation qu’elle avait avec ses enfants. Mon devoir était de ne pas trahir Marie-Laure, ni les enfants, ni son histoire, ni tous ceux qui ont vécu autour d’elle. J’ai aussi travaillé sur moi-même. Ayant un débit de paroles assez rapide dans la vie, elle ne pouvait pas avoir ce rythme-là sans s'essouffler en parlant.

    Avant Marie-Laure Picat, vous avez joué Alice Lambert dans Une Chance de Trop, adaptation du livre de Harlan Coben. Les rôles de battantes vous intéressent-ils particulièrement ?

    A quarante ans, on a une certaine maturité, on s’assume plus et on ne s’emmerde plus avec des gens qui nous ont compliqué la vie pendant des années [rires]. Du coup, les rôles deviennent plus intéressants. Parce qu’on joue des femmes qui ont des enfants, des problèmes dans la vie, mais qui assument. C’est marrant, on parle souvent de combats de femme, mais on ne parle jamais pour les acteurs d’un combat d’homme. On a l’habitude de voir les hommes se battre, utiliser des pistolets, alors qu’une femme est obligée de se défendre avec ses armes à elle. Dans Une Chance de Trop, Alice se bat avec ce qu’elle a, en puisant dans ses forces intérieures. Une femme peut être deux fois plus courageuse qu’un homme, surtout quand elle a des enfants. Il y a entre eux un lien viscéral que les hommes n’ont pas et c’est une force cachée en chaque femme.

    Il y a de plus en plus de femmes fortes, que ce soit à la télévision ou au cinéma...

    C’est vrai qu'on écrit maintenant davantage de rôles pour les femmes. Il y a eu un creux pendant un temps. A l’époque de Romy Schneider, Simone Signoret, Annie Girardot, toutes ces comédiennes-là avaient de vrais rôles. Et puis d’un coup, les femmes sont devenues celles qui servaient la soupe. Mécontentes, les actrices étaient alors demandeuses de rôles féminins forts.

    Après moi le Bonheur fait d'ailleurs passer un message fort et poignant. Est-ce important pour vous ?

    C’est sûr. Après, je ne veux pas que ce téléfilm devienne une leçon de vie. Je pense que ce que Marie-Laure aurait voulu, c’est de faire changer les choses au niveau administratif. Dans son parcours, il y a une certaine façon d’appréhender la mort, de pouvoir en parler librement et de ne pas mentir. C’est un sujet difficile à aborder, surtout avec ses enfants, sa famille et son entourage. Alors que là, au contraire, elle ne cache rien. Ce que je raconte souvent, c’est que mon grand-père qui était condamné, à cause d'un cancer, devait mourir dans les 48-72 heures suivantes alors que j’étais enceinte de trois mois. Son rêve était de voir sa petite fille. Il a tenu tous ces mois-là jusqu’à ce que j’accouche. Il s’est éteint quelques temps après, mais il est parti heureux de l'avoir vue. C’est de cette force-là dont Marie-Laure fait preuve pour ses enfants.

    Marie-Laure Picat a fait appel aux médias pour faire connaître son histoire, mais cela a eu des effets néfastes sur sa famille et son entourage. Cet écho médiatique était-il un mal nécessaire ?

    Elle savait très bien ce qui l’attendait, elle en avait besoin. C’était sa dernière carte. Elle savait qu’en tenant au courant la presse et les médias, en les utilisant, elle obtiendrait des résultats. Après, effectivement, elle s’est fait un peu "casser" dans son entourage, mais je pense qu’elle se moquait de ce qu’on pensait d’elle. De toute façon, elle n’avait plus rien à perdre. Ce qu’elle voulait, c’était aller jusqu’au bout. C’est vrai que par rapport à ses enfants, elle avait un peu peur et ça l’a débordée. Elle a essayé comme elle pouvait de tenir ses enfants à l’écart. Elle s’est un peu perdue là-dedans mais elle s’est dit qu'il fallait que ça marche. A partir du moment où elle a obtenu ce qu’elle voulait, c’était ça le principal.

    Aujourd’hui, la fiction française prend des risques en traitant des sujets tabous comme le cancer ou les femmes battues (L'Emprise). Est-il important d'aborder des thématiques sensibles sur des chaînes de grande écoute comme TF1 ?

    Oui, parce qu’au cinéma, ça ne fonctionnerait pas. Avec un support comme la télé, on peut toucher un public beaucoup plus large. On peut faire 8 millions de spectateurs alors qu’au cinéma, on n’aurait pas le même résultat. Même avec une presse unanime, si personne ne va le voir, cela ne sert à rien. Il y a des choses qui vont très bien à la télé, d’autres au cinéma et certaines parfaites pour le théâtre. Ce qu’ont très bien compris les Anglo-Saxons et cela fait longtemps qu’ils l’appliquent. Ce qui m’intéresse, c’est de raconter des histoires, de jouer avec différents partenaires, de construire des choses, etc. Aujourd’hui, on est capable de faire des choses prestigieuses. On a de bons auteurs, de bons réalisateurs, de bons comédiens. Et si les américains viennent nous les piquer, ce n’est pas pour rien. C’est nous qui sommes bêtes de laisser partir nos talents [rires].

    Quelle était pour vous la scène la plus émouvante à tourner ?

    Il y en a une qui était un peu sur le fil, c’est le choix du cercueil. Parce que, évidemment, je ne voulais pas qu’elle soit pathos et je voulais inclure de l’humour dans une scène difficile, en restant le plus juste possible. Mais il y a aussi l’annonce aux enfants, car on appréhendait leurs réactions. C’est ça qui est génial à la télé aussi. Comme le tournage est rapide, ils n’ont pas le temps de s’installer dans un truc glauque. Ils ont compris qu’il fallait faire semblant, alors que parfois au cinéma c’est moins évident. La jeune actrice qui joue ma fille, Juliette Gombert, elle est extraordinaire. Elle nous a tous sciés. On a tous pleuré, même le mec qui tenait la perche [rires].

    TF1 Films Production

    Propos recueillis le 15 février 2016.

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