Mon compte
    Lettre ouverte de Luc Besson à ses frères musulmans : "Le terrorisme ne gagnera jamais"

    Lorsque les talents du cinéma prennent la plume pour écrire, ça donne une prose parfois engagée. Comme celle de Luc Besson, qui décide d'écrire une lettre ouverte à ses "frères musulmans" peu de temps après les attentats contre Charlie Hebdo.

    Lorsque les talents du cinéma prennent la plume pour écrire, ça donne une prose parfois étonnante, lucide, cruelle, drôle, émouvante, engagée, dévoilant aussi quelques fois les coulisses de la création d'un film, l'humeur de l'intéressé(e)... En partenariat avec le site DesLettres.fr, nous vous proposons ainsi régulièrement une lettre d'une personnalité en lien avec le monde du cinéma.

    Cette semaine, Luc Besson souffle ses 57 bougies. Profondément choqué par les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le réalisateur prend la plume dans cette lettre pour s'adresser à ses "frères musulmans", dont il juge la religion "souillée, humiliée" par les terroristes. Témoignage d'un homme engagé, réflexion distanciée de la charge émotionnelle de ces terribles journées, une conviction forte traverse cette lettre : "le terrorisme ne gagnera jamais".

    « Le terrorisme ne gagnera jamais»

    12 janvier 2015

    Mon Frère,

    Mon frère, si tu savais combien j’ai mal pour toi aujourd’hui, toi et ta belle religion ainsi souillée, humiliée, montrée du doigt. Oubliés ta force, ton énergie, ton humour, ton cœur, ta fraternité. C’est injuste et l’on va ensemble réparer cette injustice. On est des millions à t’aimer et on va tous t’aider. Commençons par le commencement. Quelle est la société que l’on te propose ?

    Basée sur l’argent, le profit, la ségrégation, le racisme. Dans certaines banlieues, le chômage des moins de 25 ans atteint 50%. On t’écarte pour ta couleur ou ton prénom. On te contrôle dix fois par jour, on t’entasse dans des barres d’immeubles et personne ne te représente. Qui peut vivre et s’épanouir dans de telles conditions ? Attachez un enfant ou un animal, sans nourriture et sans affection pendant des mois, il finira par tuer n’importe qui.

    On fait passer le profit avant toute chose. On coupe et vend le bois du pommier et après on s’étonne de ne plus avoir de fruit. Le vrai problème est là, et c’est à nous tous de le résoudre.

    J’en appelle aux puissants, aux grands patrons, à tous les dirigeants. Aidez cette jeunesse, humiliée, atrophiée qui ne demande qu’à faire partie de la société. L’économie est au service de l’homme et non pas l’inverse. Faire du bien est le plus beau des profits. Chers puissants, vous avez des enfants ? Vous les aimez ? Que voulez-vous leur laisser ? Du pognon ? Pourquoi pas un monde plus juste ? C’est ce qui rendrait vos enfants les plus fiers de vous.

    On ne peut pas construire son bonheur sur le malheur des autres. Ce n’est ni chrétien, ni juif, ni musulman. C’est juste égoïste, et ça entraîne notre société et notre planète droit dans le mur. Voilà le travail que nous avons à faire dès aujourd’hui pour honorer nos morts.

    Et toi mon frère, tu as aussi du boulot. Comment changer cette société qu’on te propose ? En bossant, en étudiant, en prenant un crayon plutôt qu’une kalach’. La démocratie a ça de bien qu’elle t’offre des outils nobles pour te défendre. Prends ton destin en main, prends le pouvoir.

    Ça coûte 250 euros pour t’acheter une kalachnikov mais c’est à peine 3 euros pour t’acheter un stylo, et ta réponse peut avoir mille fois plus d’impact.

    Prends le pouvoir, et [...]

    Lire la suite sur le site DesLettres

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top