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    Le réalisateur des Enquêtes du Département V: Délivrance au micro
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le réalisateur Hans Petter Moland a pu s'entretenir avec AlloCiné de son incursion dans la mise en scène des Enquêtes du Département V: Délivrance, nouvel opus de la saga policière danoise.

    Wild Bunch Distribution

    Disponible depuis ce jeudi en e-cinéma, le troisième film des Enquêtes du département V raconte comment Karl (Nikolaj Lie Kaas) et Assad (Fares Fares) découvrent un appel au secours dans une bouteille, écrit en lettres de sang et en danois. Ce mystère va poser aux deux policiers des questions existencielles qu'ils n'avaient pas vraiment anticipées, et qui va mettre leur duo en danger.

    A l'occasion du festival de Beaune, AlloCiné a rencontré le réalisateur norvégien Hans Petter Moland pour ce troisième opus intitulé Délivrance.

    En tant que metteur en scène, comment coupe-t-on les scènes d’un best-seller que les gens ont tant apprécié ?

    Si vous entrez dans ce questionnement-là, vous ne proposerez pas votre vision. Vous devez entraîner les gens à venir voir votre interprétation de l’histoire. Nous avons tous des images dans notre tête, que j'ai envie de montrer.

    J’ai aussi trouvé intéressant que le film soit à l’intérieur d’une franchise mais envisagé comme un "standalone", un film que l’on peut voir sans avoir vu les précédents, c’était une demande des producteurs ?

    Oui, les trois films sont des standalones. Nous n’avons pas essayé de faire une série au cinéma, j’ai associé ma sensibilité à la franchise, ce qui m’a permis de l’explorer d'une façon différente. Le fait que le public n’ait pas besoin d’avoir vu les films précédents pour voir celui-ci (…) est plutôt sain.

    Giancarlo Gorassini/BestImage

    L’année dernière j’ai pu rencontrer Mikkel Norgaard [réalisateur des deux précédents films] et l’acteur Farès Farès. Tous les deux m’ont dit que le cœur de la franchise reposait dans la relation entre les deux policiers. Etes-vous d’accord avec ça, et comment avez-vous approfondi cette relation dans le troisième film ?

    Dans les premiers films, Karl est toujours le dur, et il décide quoi faire et ne pas faire. Farès passe derrière lui, se comporte comme un adulte, s’excuse pour son ami, c’est un peu la touche féminine du duo. Je pense que le 3e film fait évoluer la relation, qui est affectée par le thème du film, et elle est aussi moins prévisible (…).

    Les deux policiers ont un rapport de collègue à collègue, mais cet équilibre est rompu par la question de la foi. Farès n’accepte pas le point de vue de Karl, et ils se disputent vraiment à ce sujet. La religion est un sujet privé, surtout dans ce type de travail. (…) Au début de ce film, Karl est une âme en peine, il ne peut même pas aller travailler, vit une crise existentielle, tandis qu’Assad le motive à sortir. Il n’a pas de plan concret pour l’aider, mais l’oblige simplement à se remuer. (…) Et c’est aussi Assad qui finira l’enquête tandis que Karl gardera les enfants et en cela, la situation des deux premiers films est inversée.(…)

    Henrik Ohsten

    J’ai trouvé que la photographie était très différente des deux précédents films : plus lumineuse ou a minima moins sombre. Etait-ce parce qu’il y a plus d’espoir dans celui-ci que dans "Miséricorde" et "Profanation" ?

    Le public d’aujourd’hui a vu tant de films et d’images que rester dans les conventions d’un genre ne suffit plus. Quand Seven est arrivé il y a 20 ans, c’était rafraichissant, et tous les films noirs ne se sont pas mis aux tons bruns. Et aussi, les deux premiers films se sont tournés à l’automne, sans feuilles sur les arbres, mais nous tournions au printemps.(…) C’était magnifique : les champs étaient en fleurs, les gens ne ressemblaient pas à des "freaks" comme vous pourriez le redouter, tout le monde souriait… C’était un contraste intéressant que d’avoir cette histoire terrible et ce beau printemps.

    La foi est très importante dans le film. On a l’impression que vous présentez l’idée que la foi peut aider quelqu’un s’il a la volonté de s’aider lui-même. Etait-ce bien cela votre idée ?

    Assad est celui qui pratique la religion au quotidien, sans excès ni fanatisme. Défié par le démon, il va se changer en démon pour tuer ce démon. C’est l’éternelle question : est-ce que vous êtes gracié du fait de tuer votre ennemi parce qu’il est malfaisant ? Est-ce que vous pouvez faire ce qui doit être fait pour le stopper sans perdre votre humanité ? C’est le défi d’Assad.

    Karl est l’opposé. Il prétend ne pas faire partie de la vie, et qu’il peut faire son travail et sa vie sans l’espoir qu’il pourra changer les choses. Mais lorsqu’il est testé, il se rend compte qu’il est croyant. Il réalise qu’il a un code moral, même s’il ne l’avait jamais admis. Et c’est sa première étape vers la guérison de son âme. Car une âme sans espoir est une âme brisée.

    Hendrik Ohsten

    Réaliserez-vous le quatrième film de la saga "Département V" ?

    Je ne crois pas que la décision ait été prise. J’ai un autre projet, un film épique qui devrait se tourner à la fin de l’année. It is called The Long Ships (Les Drakkars). J’ai aussi la possibilité de faire le drame Out Stealing Horses (Pas facile de voler des chevaux), l’adaptation d’un roman danois.

    Propos recueillis à Beaune le 2 avril par Corentin Palanchini

     

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