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    Avec Sieranevada, Cristi Puiu veut "donner corps à ses peurs"

    En conférence de presse, le réalisateur roumain Cristi Puiu a répondu aux questions de la presse internationale sur Sieranevada, son film en compétition lors de cette 69ème édition du Festival de Cannes...

    Wild Bunch Distribution

    En lice pour la Palme d'or avec Sieranevada, le réalisateur roumain Cristi Puiu s'est livré à l'exercice de la conférence de presse. Extraits...

    Un titre en forme de clé de lecture du film

    "N’importe quel long métrage peut porter n’importe quel titre. Au final, les spectateurs se font leur propre film de toute façon. Je me suis dit que j’allais choisir de manière très subjective ce titre. J’aime beaucoup la sonorité de Sieranevada. Mais cette orthographe crée aussi l’ambiguïté car elle ne respecte pas la réalité : c’est une traduction phonétique ! Cela évoque le fait qu’on se rapporte à l’histoire de manière approximative, un phénomène qui se vérifie dans le film avec ces personnages qui se rapportent à leur histoire personnelle de manière imprécise. Il faut laisser le spectateur jouer à son tour."

    => Cannes 2016 : avec Sieranevada, Cristi Puiu signe un film "satirique", "absurde" et "singulier"

    Le rapport faussé de Puiu avec la vérité

    "La vérité me tracasse beaucoup. J’essaie de faire de mon mieux pour restituer la précision de ma subjectivité, ce que j’ai vécu, ressenti... Je veux donner corps à mes peurs, mais cela comporte un risque majeur : perdre l’attention du spectateur. Comme dans la vie, on parle beaucoup dans mon film. Et parfois ces discussions n’ont aucun sens ou sont simplement absurdes. Cette histoire de vérité qui me hante se résume à quelques mots : l’"ineffable". Il faut laisser vivre les choses."

    Wild Bunch Distribution

    Durée et improvisation, la méthode Cristi Puiu

    "Je ne fais pas partie de la catégorie des réalisateurs qui ont la chance de faire des films "distribuables". D'autant qu'un long métrage d'une durée de 3 heures fait logiquement peur aux distributeurs. Et je le sais. La vérité, c'est que je fais un film comme je cuisine: je mets au four… et le film qui ressort dure 3 heures ! Mais je ne me suis jamais posé la question de la durée en terme de contenu. Je suis simplement arrivé à cette durée-là. Et les acteurs m’ont suivi dans cette aventure. Ils sont très bons mais être "bon" ne suffit pas. Pour moi, d’ailleurs, "être acteur" cela n’existe pas. Il faut être là et maintenant, mais c‘est un exercice très difficile. Parfois ma méthode peut ressembler à de l’improvisation mais c’est parce que les comédiens se sont offerts la chance de ne pas penser à ce que les spectateurs allaient voir. C’est une liberté à laquelle on n’a pas souvent accès. Parfois le réalisateur se présente en gardien du texte écrit. J’ai certes écrit le scénario mais je me suis surtout permis de le contredire pendant le tournage."

    Sur l’état du cinéma roumain

    "En apparence, les choses semblent bien se passer. Utiliser la formule "nouvelle vague roumaine" est facile pour les gens qui écrivent sur le cinéma. Mais ce n'est pas vraiment la réalité mais plutôt le résultat d'une belle représentation dans les festivals. Le cinéma roumain existait avant ces films des années 2000 que l’on regroupe sous cette appellation de "nouvelle vague". Je suis content que les festivals de Cannes et de  Berlin nous protègent, mais la réalité c'est que le cinéma roumain ne va pas très bien : il y a très peu d’argent et on a perdu beaucoup de salles, il nous reste à peine une centaine d’écrans. On fait des films dans une langue qui ne voyage pas facilement. On s’est ainsi beaucoup battu pour Serianevada. Le film est coproduit par la Roumaine, la France et la Bosnie notamment. On a cherché le budget pendant 2 ans."

    Sieranevada n'a pas encore de date de sortie officielle en France.

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