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    "Ma vie de courgette" : 3 questions au réalisateur et à la scénariste
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    Véritable petit événement cette année à la Quinzaine des réalisateurs, "Ma vie de courgette" sort aujourd'hui dans les salles. Rencontre avec son réalisateur Claude Barras et sa scénariste Céline Sciamma...

    Ritaproductions

    Cette année, une ribambelle de petits bonshommes animés en stop-motion ont envahi la Quinzaine des réalisateurs. Ces personnages aux yeux immenses sont les jeunes héros de Ma vie de courgette, un film d'animation sur l'enfance qui aborde sans détour mais toujours avec tendresse et simplicité les souffrances qui peuvent être celles des enfants abandonnés...

    Alors qu'e le long métrage sort aujourd'hui dans les salles, rencontre avec le réalisateur Claude Barras et la scénariste Céline Sciamma...

    A quel moment avez-vous eu l'idée de dévlopper ce projet autour du roman de Gilles Paris ?

    Claude Barras : Pour moi, ça a démarré il y a 10 ans à Cannes. On présentait en coréalisation avec Cédric Louis un court métrage d’animation appelé Banquise. C’était d’ailleurs l’année où Tim Burton était président du jury, et on s’est dit qu’on allait avoir un prix, mais non. Mais c’était déjà génial d’être là. Du coup Cédric m’a fait lire cette histoire d’une petite fille boulimique qui n’était pas bien dans sa peau, les gens se moquaient d’elle. Il avait lu le livre et on a commencé à le développer ensemble par épisodes, pendant 7 ans. Et ensuite est venue la rencontre avec les producteurs. Cédric, lui est parti plutôt sur du documentaire, bien qu’on travaille encore ensemble sur d’autres projets. 

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    Il faut prendre les enfants au sérieux.

    Le film traite avec douceur et sensibilité de sujets parfois très durs. Comment avez-vous fait en sorte d'inclure tous les public, y-compris les plus jeunes ?

    Claude Barras : J’avais envie de m’adresser aux enfants avec un film qui parle de la réalité, de difficultés, et de créer justement du contraste entre des choses plus dures et des belles choses en contrepoint qui grandissent au fil du film. Je veux m’adresser aux enfants avec des films un peu différents, un peu en contrepoint des divertissements. Et on s’est bien rencontrés là-dessus avec Céline Sciamma.

    Céline Sciamma : Il faut prendre les enfants au sérieux. Vice Versa, par exemple, c’est vraiment un film sur la dépression enfantine. Evidemment, c’est un monde fantaisiste, mais l’effondrement des îles dans le film c’est d’une violence incroyable. La mort de l’ami imaginaire… On tue l’ami imaginaire d’un enfant ! Et la tradition du conte aussi est extrêmement cruelle. On nous élève quand même avec Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon Rouge, un loup qui décore une grand-mère… Donc en fait on oublie tout ça. Mais c’est le principe même de la fiction d’être cathartique, de pouvoir être le miroir des émotions des enfants. L’enfance, c’est un territoire émotionnel hyper vaste. On peut vivre extrêmement violemment des petites choses. Une humiliation d’enfant, vous vous en souviendrez toute votre vie. On dit que c’est tabou, mais il y a peut-être un peu d’hypocrisie à penser que l’enfance est une espèce de territoire préservé. Et là, on parle d’enfants qui ne sont absolument pas protégés. Du coup, on a une responsabilité à raconter ces histoires et à s’adresser aux enfants en leur parlant d’eux.

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    C’est un travail d’artisanat, un travail manuel.

    On dit souvent de la stop-motion qu'il s'agit de l'une des formes les plus complexes d'animation...

    C’est un travail d’artisanat, un travail manuel, d’incarnation, de cadre, de lumière. Du coup ça apporte une énergie différente de l’animation par ordinateur ou en dessin, c’est une énergie vraiment physique. Même si c’est dur, c’est quand même une aventure extraordinaire. 

    Comment avez-vous opté pour ce design si particulier chez les personnages ? Ces grosses têtes, ces yeux immenses...

    Il y a deux choses. J’ai des amis qui avaient fait un film qui s’appelait Max & Co, qui avait coûté plus cher qu’ils ne le pensaient parce qu’ils avaient fait des très belles marionnettes mais ils n’avaient pas pensé à la taille des yeux et à comment animer. Et ils m’ont dit : "Fais gaffe, le plus important c’est les yeux, c’est par là que passent les émotions et c’est ça qui prend beaucoup de temps. Si tu trouves un système pour améliorer ça, tu vas gagner beaucoup sur le film." D’où l’idée des têtes les plus grosses possible avec les plus gros yeux possible, ronds, comme ça on peut très vite faire glisser les paupières pour donner des émotions. Styliser et simplifier au maximum. Du coup c’était génial pour les animateurs, parce que d’habitude ils travaillent avec des petites pincettes, ça leur demande beaucoup de précision, ils sont presque à la loupe. Et là du coup ils pouvaient travailler avec leurs mains, travailler vite.

    Découvrez un extrait de "Ma vie de courgette"...

     

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