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    De battre mon cœur s’est arrêté ce soir sur N23 : remake d'un film de 78, le choix de Romain Duris... Tout sur le film aux 8 Césars
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    De battre mon cœur s’est arrêté, lauréat de 8 Césars en 2006 dont ceux de meilleur film et meilleur réalisateur, est diffusé ce soir sur Numéro 23. L'occasion de revenir sur 5 anecdotes autour de l'oeuvre de Jacques Audiard.

    De quoi ça parle ?

    À 28 ans, Tom semble marcher sur les traces de son père dans l'immobilier véreux. Mais une rencontre fortuite le pousse à croire qu'il pourrait être le pianiste concertiste de talent qu'il rêvait de devenir, à l'image de sa mère.

    Sans cesser ses activités, il tente de préparer une audition.

    D.R.

    Remake d'un film de 1978

    De battre mon coeur s'est arrêté est le remake d'un film de 1978, Melodie pour un tueur, de James Toback. "C'est Pascal Caucheteux, alors qu'il venait de finir de produire le remake d'Assaut de Carpenter, réalisé par Jean-Francois Richet, qui m'a demandé si la réalisation d'un remake pourrait m'intéresser, et si oui, lequel", explique Jacques Audiard. "La réponse m'a semblé évidente : c'était Fingers de James Toback. Pourquoi ? Bien sûr parce que le film m'avait marqué lorsque je l'avais vu à sa sortie. Mais sans doute aussi parce que c'était un film qu'on avait du mal à revoir, qui repassait peu et qui, à force, avait créé autour de lui un mystère supplémentaire".

    Ce film, selon le réalisateur, "c'est un peu la queue de la comète du cinéma indépendant américain des années 70. (...) Quand j'ai revu le film avec Tonino Benacquista, je me suis demandé si je ne lui avais pas survendu ! Il y avait des trous énormes dans l'histoire, des hauts formidables mais aussi des bas redoutables. Et puis beaucoup de poses cinématographiques très datées". Ce que confirme le coscénariste du film : "Quand je l'ai vu, je n'ai pas été séduit, trop décousu, trop underground qui se cherche. J'avais des réserves sur la narration, j'y voyais les pièges d'une transposition aujourd'hui et en France. Partant de l'enthousiasme de Jacques et de mes réserves, nous nous sommes dit qu'en travaillant, nous allions trouver un objet commun".

    Travail d'adaptation

    Si Melodie pour un tueur prenait pour cadre le milieu de la mafia italo-new-yorkaise, l'intrigue de De battre mon coeur s'est arrêté se situe pour sa part dans le monde de l'immobilier. "En réflechissant avec Tonino", explique Jacques Audiard, "on s'est assez vite fixé sur le milieu de l'immobilier (...) et plus précisément celui des petits marchands de biens dont les agissements sont parfois immoraux et à la limite de la légalité. De plus, il y a, je trouve, un rapport analogique entre le voyou qui accapare des vies, et le marchand de biens qui accapare du terrain, de la terre avec des gens dessus. Dans les deux cas ils accaparent de l'inaliénable".

    Pour affiner cette peinture du milieu, les deux hommes ont également revu ensemble Glengarry, de James Foley. "Milieu de l'immobilier, viril, sans concession, suintant. Un huis clos intéressant, à la fois très libre et très formel", selon le metteur en scène.

    D.R.

    Scène coupée

    Dans le scénario de départ figurait une scène de boîte de nuit dans laquelle Tom joue une chanson d'Axelle Red au piano. "C'était la deuxième ou troisième séquence", explique Juliette Welfling. "Après de longues discussions, cette scène a été coupée... Aussi bien que soit cette scène, elle présentait un Tom déjà trop différent de ses acolytes, trop du côté de l'art, trop prédestiné... Alors que l'idée était plutôt de lui faire faire le chemin, de montrer ses doutes, ses progrès, ses accélérations".

    Le choix de Romain Duris

    Pour incarner Tom, Jacques Audiard "[avait] envie d'un acteur qui soit à un moment charnière, autant dans sa vie d'homme que dans sa vie professionnelle. Et que cela fasse partie intégrante du sujet du film. Par ailleurs j'avais besoin d'une figure assez juvénile, crédible dans le rôle du marchand de biens comme dans celui d'un 'music-addict'. Je vois Romain Duris bouger dans le paysage depuis une dizaine d'années, depuis Le Péril jeune où il n'avait que vingt ans. Je l'ai vu évoluer, changer, s'affirmer... (...) Romain crée un appétit. On a envie de tourner autour de lui, de le voir bouger".

    D.R.

    Musique psychologique

    La musique, que Tom écoute sans arrêt dans le film, est un élément essentiel du quatrième long-métrage de Jacques Audiard, comme peut l'indiquer son titre. "La question posée à Alexandre Desplat (compositeur de la musique du film, récompensé à la Berlinale 2005) était assez spécifique : composer une musique qui puisse se glisser entre la musique de source et Jean-Sébastien Bach. Alexandre a essentiellement travaillé le personnage de Tom, afin d'accompagner ses états d'âme. (...) C'est une musique qui suit Tom. Je ne sais pas si le terme 'musique psychologique' existe, mais ce serait presque cela".

    Par ailleurs, Jacques Audiard a choisi pour l'audition de conserver la Toccata en Mi mineur de Bach que jouait déjà Harvey Keitel dans Melodie pour un tueur. "Les Toccatas sont des pièces parfois austères, ardues, et souvent virtuoses. C'est une musique géométrique, sans effusion, sans romantisme. Si Tom avait du jouer du Schubert par exemple, il aurait du interpréter, y mettre du pathos, de l'expression. Du coeur. Or ce sont justement là les problèmes de Tom : peut-il s'exprimer et a-t-il un coeur ? Seules des pièces comme les Toccatas sont pour lui envisageables parce qu'il s'agit de jouer les bonnes notes à la bonne vitesse et dans le bon ordre".

    Romain Duris au micro pour Une Nouvelle amie

     

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