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    Intouchables, raciste ? Fight Club, fasciste ? les grandes batailles de la critique

    "Intouchables", un film "raciste" ? "Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain", "populiste" ? Les Critiques sont-ils des "assassins" ? Petit tour d'horizon des plus grandes querelles autour de la critique de cinéma, de la Nouvelle Vague à aujourd'hui.

    Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr
    "Gérard Oury doit-il rougir de honte d’avoir "préconçu son film pour le succès" ? Jacques Demy a-t-il préconçu le sien pour l'échec ?" (Jean-Paul Belmondo)

    1982. Deux films français sortent la même semaine en salles : L'As des As, réalisé par Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo en vedette, et Une chambre en ville, réalisé par Jacques Demy. Alors que le premier devient un énorme succès populaire, cumulant 463 000 entrées la première semaine d'exploitation et devenant ensuite le deuxième plus grand succès français à l’époque, avec 5,5 millions d’entrées, le second connaît un échec cuisant, se plaçant quatorzième au box-office lors de sa sortie, avec seulement 20 000 spectateurs pour sa première semaine en salles.

    Le critique de cinéma Gérard Lefort déclenche alors une polémique avec l’article "Pour Demy" publié dans Libération, dans lequel il attribue la responsabilité de l’échec d’Une chambre en ville au succès de L' As des As, qui aurait monopolisé l'attention du public. Gérard Vaugeois, producteur du film de Demy, encourage ensuite 23 autres critiques à rejoindre la cause, en publiant dans Télérama la lettre commune "Pourquoi nous louons Une chambre en ville", sorte de manifeste dénonçant le "détournement de spectateurs" et "l’écrasement informatif et publicitaire des films préconçus pour le succès".

    Jean-Paul Belmondo réagit aussitôt avec un texte intitulé "Lettre ouverte aux coupeurs de tête" : "Gérard Oury doit-il rougir de honte d’avoir "préconçu son film pour le succès" ? Jacques Demy a-t-il préconçu le sien pour l’échec ? Lorsqu’en 1974 j’ai produit Stavisky d’Alain Resnais et que le film n’a fait que 375 000 entrées, je n’ai pas pleurniché en accusant James Bond de m’avoir volé mes spectateurs. […] Oublions donc cette agitation stérile et gardons seulement en mémoire cette phrase de Bernanos : "Attention, les ratés ne vous rateront pas !"

    Mis à part une lettre discrète et embarrassée de Jacques Demy dans les colonnes du Monde pour remercier les critiques, aucun des deux metteurs en scène ne donna suite à la polémique.

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