De quoi ça parle ?
De retour à Heiderfeld, son village d'enfance situé dans les Ardennes, en compagnie de sa fille Camille, l'inspecteur de police Yoann Peeters, est bien décidé à prendre un nouveau départ après le décès de son épouse. Mais dès son arrivée, le calme et les enquêtes routinières auxquels il s'attendait laissent place à une réalité bien plus dramatique. Le corps d’un jeune footballeur togolais, Driss Assani, est retrouvé dans la rivière. Personne n’a l’expérience de ce genre d’enquête dans le village. Sauf Yoann. Alors que tout le monde se désintéresse du sort de ce gamin mort à des milliers de kilomètres de chez lui, ce flic aux méthodes qui tranchent avec celles de ses nouveaux collègues se met à déterrer les secrets les plus enfouis de cette petite communauté qu’il connaît bien.
Mais Yoann n’aurait pas dû reprendre le service si rapidement, pas sur une affaire de ce type, pas à cet endroit-là...
Ça ressemble à quoi ?
Ça vaut le coup d'oeil ?
Née à la suite d'une volonté politique d'encourager la production de séries en Belgique francophone, rien ne semble résister à La Trêve, qui emballe tous ceux qu'elle croise sur son passage. Après avoir connu un très beau succès sur la RTBF en début d'année, puis envoûté le jury du festival Séries Mania en avril, qui lui a décerné le prix de la meilleure série francophone, cette série policière pas comme les autres arrive enfin en France. Saura-t-elle faire succomber, à leur tour, les téléspectateurs de France 2, qui attendent impatiemment l'arrivée de l'ultime saison de Castle dans la case bien installée du lundi soir de la chaîne ? Fort probablement, tant La Trêve se démarque des polars bien de chez nous.
Créée par Benjamin d'Aoust, Stéphane Bergmans, et Matthieu Donck, trois jeunes scénaristes dont c'est la première série, La Trêve accroche dès ses premières minutes, grâce à son ambiance poisseuse, souvent glauque, qui contraste avec la luminosité et le côté poétique des forêts entourant Heiderfeld. Et qui fait par moments écho à une certaine True Detective avec qui, en plus de ce goût pour les atmosphères moites, elle partage une construction alternant entre passé et présent, pour appuyer la descente aux enfers de Yoann Peeters, et mieux nous perdre par la même occasion dans le champ des possibles (coupables).
Helicotronc
Mais au-delà de ces qualités esthétiques et narratives, La Trêve parvient également à se démarquer par ses personnages, portés par des comédiens peu connus en France, mais qui imposent une interprétation au diapason, toujours juste. Yoann Blanc offre une intensité folle à son personnage de flic tourmenté, qui paraît calme et serein au premier abord, mais qui, dans sa quête de vérité, envers et contre tous, se perd de plus en plus au fil des 10 épisodes. En même temps que ce héros hanté par son passé, on rencontre également une galerie de personnages atypiques, voire complètement barrés, qui deviennent autant de suspects (et de coupables potentiels) dans cette petite communauté dont les scénaristes effectuent une sorte d'autopsie, afin de révéler la part de noirceur, et les plus inavouables secrets.
Des éléments qui rappellent forcément Twin Peaks et Broadchurch, qui font justement partie des références assumées des créateurs de La Trêve, avec Fargo et True Detective. Mais ces "modèles" ne sont jamais copiés, et la série parvient à se créer son propre univers, entre noirceur, aspects glauques à souhait, et onirisme. Quant aux fausses pistes, elles se multiplient pour le grand plaisir du téléspectateur, jusqu'à un dénouement qu'on ne voit pas forcément venir. Bref, La Trêve, d'ores et déjà renouvelée pour une saison 2, prouve que les Belges savent faire de bonnes séries, rondement menées et interprétées. Et ce n'est pas l'arrivée prochaine en France d'Ennemi public et de Beau Séjour, également présentées à Séries Mania au printemps, qui devrait venir démentir ce nouvel élan créatif en matière de séries.
La Trêve, 10x52 minutes, débute ce lundi 29 août sur France 2 dès 20h55, au rythme de 3 épisodes par semaine.
