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    Les Beaux Jours d'Aranjuez de Wim Wenders : "un dialogue d’été entre L’Homme et La Femme"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    Présents au Festival de Toronto pour y présenter le nouveau film de Wim Wenders, Sophie Semin et Reda Kateb reviennent sur cette expérience en huis-clos, dialogue poétique entre le masculin et le féminin.

    Alfama Films

    AlloCiné : Ce film est adapté d’une pièce de théâtre de Peter Handke. Comment êtes-vous arrivés sur ce projet ?

    Reda Kateb : Mon agent m’a envoyé la pièce de Peter Handke et m’a dit que Wim Wenders cherchait un acteur pour jouer l’Homme. Je connaissais un peu son cinéma et j’aime beaucoup ses films. Lorsque je l’ai rencontré c’était en toute simplicité, il m’a dit qu’il avait envie de travailler avec moi, j’étais vraiment très heureux. On a fait une lecture avec Sophie, on a répété quelques jours et puis on s’est lancés dans le tournage de ce film. Ce fut très court, on a tourné 10 jours !

    Alfama Films

    Sophie Semin : Peter Handke m’a donné ce texte, qu’il a écrit en français et a pensé que je pourrais jouer la femme. Peter et Wim étant des amis de longue date, ça faisait longtemps qu’ils voulaient de nouveau travailler ensemble. Je crois que, pendant un moment, Wim a pensé la faire au théâtre à Paris et puis il a changé d’avis et il s’est dit : "Non, j’ai envie de faire un film". C’est un défi magnifique de prendre ce texte et de le filmer. Wim a écrit une espèce de scénario de la pièce car dans la pièce l’auteur n’existe pas, c’est seulement un dialogue d’été entre un homme et une femme, plus précisément entre L’Homme et La Femme.

    C’est un dialogue d’été entre un homme et une femme, entre L’Homme et La Femme

    C’est un peu le dialogue entre le masculin et le féminin, l’homme et la femme, qui s’attirent et se repoussent. Ce texte ne vous a-t-il pas effrayé à sa première lecture ?

    R.K. : La quantité de texte qu’il y avait à faire passer m’a effrayé oui, et je me demandais, au-delà de la peur à réussir à apprendre ce texte dans un délai vraiment court, comment est-ce que de ce texte on peut faire du cinéma, faire un film ? Dès le début, j’ai senti qu’il ne fallait surtout pas poétiser la poésie, il ne faut jamais rajouter des effets poétiques à une chose qui est déjà très dense, très forte. Il fallait justement trouver une manière de faire passer ça, non pas de l’alléger, mais de ne surtout pas l’alourdir. Wim nous a amené dans cette direction là et c’était un tournage très léger, très détendu, dans notre petit jardin, en été… On était vraiment dans un endroit magnifique, où l’on avait la possibilité de se laisser distraire par la nature, les mouvements des feuilles, le petit chien qui était avec nous. D’ailleurs, je pense que quand le spectateur voit le film, il a aussi droit à ça et la 3D y participe. Il n’est pas prisonnier du texte, contraint de devoir écouter chaque mot, au contraire, il peut se laisser distraire, nous quitter, revenir. Ce que j’aime beaucoup chez Wim Wenders, c’est qu’il ne cherche pas à montrer ou prouver quelque chose, en revanche il cherche à découvrir et ça c’est magnifique.

    Alfama Films

    S.S. : C’est une attirance folle d’entrer dans un dialogue pareil et d’entendre un homme vous poser cette question : "C’est quoi pour toi ta première nuit d’amour, ton premier souvenir avec un homme ?" Souvent, les mots nous manquent pour pouvoir exprimer cette chose qu’est l’amour, l’attirance ou le désir… Or là nous avons les mots pour le dire, et c’est formidable.

    Que représente ce film pour chacun de vous, qu’est-ce que ce texte vous inspire ?

    R.K. : C’est le grand défi de réussir à parler ensemble, de vraiment s’écouter, alors même que nous sommes protégés par un petit paradis. Ça n’a l’air rien mais en fait c’est énorme de pouvoir parler. Dans le paysage cinématographique actuel, je trouve que c’est comme une petite île de liberté.

    S.S. : Pour moi c’est pouvoir être avec son monde intérieur, un monde imaginaire qui résulte des mots. Le texte est toujours en moi et les images qui le traverse restent, c’est une vraie richesse, on n’en ressort pas indemne.

    Les Beaux Jours d'Aranjuez de Wim Wenders sort le 2 novembre 2016

     

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