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    Dans la forêt : "Je crée des zones d’ombres, des mystères, des manques que le spectateur cherche à combler"

    Après "Qui a tué Bambi?" et "L'Autre monde", Gilles Marchand revient avec "Dans la forêt", son troisième long métrage, avec Jérémie Elkaïm s'illustrant dans un registre inédit. Entretien avec Gilles Marchand, scénariste et réaliste.

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    AlloCiné : Quel a été le point de départ de Dans la forêt ? 

    Gilles Marchand, réalisateur et scénariste : Le film est étroitement lié aux voyages que mon frère et moi faisions enfants pour rendre visite à notre père qui vivait à l’étranger. C’était à la fois excitant et impressionnant d’aller le voir dans un pays lointain, et de découvrir une vie dont on ignorait tout. À l’inquiétude se mêlaient la curiosité et une forme d’attention très aiguë, presque surnaturelle. Plus encore qu’à des souvenirs précis, j’ai fait appel à des sensations que je voulais faire vivre au spectateur.

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    Plus encore qu’à des souvenirs précis, j’ai fait appel à des sensations que je voulais faire vivre au spectateur

    L'atmosphère qui se dégage du film est à la fois inquiétante et captivante. Comment avez-vous travaillé sur cet aspect ?

    L’atmosphère se travaille à toutes les étapes de la fabrication : du scénario au mixage, en passant évidemment par les décors, la direction d’acteurs, le découpage, le montage, le travail sur la bande-son et la musique… Mon plaisir de metteur en scène est effectivement de plonger le spectateur dans un état particulier, de le rendre très attentif à certains détails, de l’amener à imaginer ce que les personnages pensent ou ressentent, puis de lui faire perdre certains repères, de glisser imperceptiblement d’une situation assez normale vers quelque chose de beaucoup plus étrange.

    Plutôt que de tout expliquer, je crée des zones d’ombres, des mystères, des manques que le spectateur cherche à combler

    Plutôt que de tout expliquer, je crée des zones d’ombres, des mystères, des manques que le spectateur cherche à combler. Je crois que c’est Hitchcock qui disait à propos de Psychose : "Je fais de la direction de spectateur". J’imagine que c’est toujours ce que fait un réalisateur : diriger l’esprit du spectateur. Mais c’est particulièrement vrai quand on cherche à créer une forme de suspens.

    Aviez-vous des références artistiques pour installer cette ambiance si singulière ? 

    Il y en a forcément beaucoup. Pour ne parler que des films, je pourrais évoquer La Nuit du chasseur de Charles Laughton, Freaks de Tod Browning. Shining de Kubrick bien sûr. Sixième sens de Shyamalan, Le Retour d’Andreï Zviaguintsev, L’Esprit de la ruche de Victor Erice. Mais aussi tous les films de Lynch et de Miyazaki. Dans les films plus récents, j’ai été impressionné par Morse, Take Shelter, Under the skin… Je pourrais en énumérer des dizaines. Nous n’aurions pas la place.

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    Les enfants sont tous deux impressionnants. Comment les avez-vous trouvés et qu'est-ce qui vous a séduit chez eux ? 

    Pour Tom, je cherchais un enfant de huit ans avec un regard et une écoute si singuliers qu’il pouvait nous faire croire à des pouvoirs magiques. Benjamin lui, du haut de ses douze ans, devait tenir tête à un père inquiétant. Nous avons vu un peu plus d’une centaine d’enfants, ce qui est à la fois beaucoup et pas si énorme quand on cherche des enfants aussi particuliers.

    La rencontre avec Timothé, qui joue Tom, a été un vrai choc. Il était si convaincant et si parfait pour le rôle que je n’avais qu’une peur, c’est que lui ou ses parents n’aiment pas le projet. Ou qu’il soit un peu intimidé par l’importance du rôle. Il n’en a rien été. Théo qui joue Benjamin a lui aussi été enthousiaste du début à la fin. Le tournage au milieu de la forêt suédoise reste pour eux comme pour moi une aventure inouïe.

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    On n’avait encore jamais vu Jérémie Elkaïm dans ce registre

    Après avoir scénarisé Main dans la main, vous retrouvez Jérémie Elkaïm. Était-ce un choix évident pour vous ? 

    Jérémie Elkaïm et moi sommes proches depuis longtemps. Nous avons toujours parlé ensemble de tous nos projets, et effectivement j’ai participé aux films de Valérie Donzelli… qui est aussi la productrice de mon film. C’est une histoire d’amitié. Une amitié qui nous pousse à être exigeants les uns avec les autres. Si j’ai choisi Jérémie c’est parce que j’ai eu la conviction qu’il serait vraiment impressionnant dans ce rôle. On ne l’avait encore jamais vu dans ce registre. Il a quelque chose d’à la fois doux et totalement habité dans les tête-à-tête avec Tom qui m’effraie et m’émeut à la fois.

    Travaillez-vous actuellement sur de nouveaux projets en tant que scénariste ou réalisateur dont vous pourriez nous parler ?

    J’écris… mais pardonnez-moi de ne pas oser en parler pour le moment. Un mélange de pudeur et de superstition.

    La bande-annonce de Dans la forêt, nouveau long métrage de Gilles Marchand :

     

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