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    Présidentielle - "Nouvelle Vague", "A bout de souffle", "Tirez sur le pianiste" : les candidats donnent un titre de film à la campagne 2017
    Camille Marigaux
    Camille Marigaux
    Journaliste Culture, Politique et International à France Culture et RFI, Camille Marigaux collabore avec AlloCiné et Boxoffice Pro sur la campagne présidentielle en partant à la rencontre des différent·e·s candidat·e·s à l'élection autour de leur programme culturel et goûts cinéma/séries.

    Pour AlloCiné, les candidat(e)s à l'élection présidentielle dévoilent leurs goûts en politique-fiction et leur programme culturel.

    Benoît HAMON

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    Candidat... et spectateur

    • Un film ou une série politique incontournable ?

    L’Aveu

    • Le meilleur Président de cinéma ou de séries ?

    Jean Gabin dans le rôle d’Emile Beaufort, président du Conseil des ministres dans le film Le Président.

    • Le titre de film qui illustre le mieux cette campagne présidentielle ?

    J'aimerais beaucoup que ce soit West Wing, mais je trouve qu'il y a un peu trop de Baron Noir.

    • Quel épisode de la vie politique française ferait un bon film ?

    A mon sens, le financement libyen de la campagne de Sarkozy ferait un très bon film !

    • Parmi les films, séries ou téléfilms traitant de la politique française, quelle a été selon vous la meilleure et la plus fidèle incarnation d'un(e) homme / femme politique ayant existé ?

    L'Exercice de l'Etat, un très bon film qui décrit la politique entre convictions et contrainte. J'apprécie beaucoup le travail, l'art de Pierre Schoeller et je crois savoir qu'il suit le mien avec intérêt.

    • Quel acteur/actrice pour vous incarner à l’écran ?

    Denis Podalydès, un acteur talentueux et sincère.

    • La réplique de cinéma qui vous résume le mieux ?

    "Il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l'avidité, avec la haine et l'intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur."Le Dictateur

    • Vos 3 films cultes

    Apocalypse Now

    Bonnie and Clyde

    Vincent, François, Paul et les autres

    La Culture, parent pauvre de la campagne 2017

    • Quel est votre programme de politique culturelle ?

    Nous sommes un pays fort de sa culture, de son patrimoine, de ses artistes et de son projet commun, un pays d’une diversité culturelle riche. Regardons en face le fait que la culture fait l’objet d’une double confiscation. Par les élites d’une part, qui en jouissent tel un attribut, et par les forces économiques d’autre part qui l’utilisent comme une marchandise à forte valeur ajoutée, oubliant au passage les créateurs. Je fais mienne la belle idée des droits culturels, qui valorise la participation des citoyens aux projets artistiques ou patrimoniaux et reconnaît la richesse et l’expression de leurs cultures. Nous avons besoin de beauté dans l’espace public, nous avons besoin de nous sentir spectateurs actifs et d’éprouver le désir et le plaisir de la pratique culturelle. A mes yeux l’art et le patrimoine doivent être une chance pour tous ; par l’éducation et la médiation, à l’école et tout au long de la vie, par la présence d’une offre culturelle sur tous les territoires. Prendre acte de l’évolution inéluctable du monde du travail, de la nécessité absolue de repenser le revenu et le rapport entre travail et temps libre participe évidemment d’une culture désirable.

    Je veux porter un projet politique qui donne toute leur place aux artistes, aux intellectuels et aux créateurs pour s’engager et créer dans la société. Ils sont des esprits libres, nous avons besoin d’eux pour repenser sans cesse le monde. Ils ne nous attendent pas pour imaginer et c’est tant mieux. Pour cela ils doivent être reconnus et pouvoir vivre de leur travail. Défendre les artistes c’est aussi empêcher toute forme de censure. Je serai particulièrement vigilant à ce que notre République garantisse la liberté d’expression de la création.

    Loin d’ignorer la puissance des nouveaux modèles du numérique et l’importance des industries culturelles, je défendrai, quelles que soient les innovations technologiques et industrielles, la plus large diffusion de la diversité culturelle en France et dans le monde, le droit d’auteur et le financement mutualisé de la création à l’échelle française et européenne.

    • Quelle serait votre première mesure pour la Culture ?

    Je souhaite prioritairement donner à la culture les moyens de ses missions, qui sont, je le rappelle, essentielles. Je porterai l’ensemble des concours publics à la culture (Ministère, collectivités locales et recettes fiscales) à 1% du PIB. Ils passeront progressivement de 19 à 22 milliards d'euros avec quatre objectifs : éducation, soutien à la création, fabriques de culture et réinvestissement territorial.

    Financement du cinéma français

    • Un système à bout de souffle ?

    Je ne le pense pas, au contraire. Si le cinéma français est aujourd’hui le deuxième à s’exporter dans le monde après le cinéma américain, si les Français sont reconnus comme le peuple le plus cinéphile au monde, avec une appétence unique pour leur cinéma national et pour les films d’auteur étrangers, et le nombre important des communes de France disposant d’une salle de cinéma s'explique grâce au système vertueux de réglementation et de soutien qui existe en France à travers le CNC.

    Le cinéma, l’audiovisuel, l’animation, le jeu vidéo et la création numérique au sens large sont des filières d’excellence. Elles représentent 0,8% du PIB et plus de 260 000 emplois. Ce secteur génère une valeur ajoutée totale supérieure à la valeur ajoutée du transport aérien, de l’industrie automobile ou de l’industrie pharmaceutique. Et ces filières renforcent évidemment le rayonnement culturel de la France.

    Le CNC a su s’adapter aux évolutions du secteur, comme lorsque les chaînes de télévision ou les fournisseurs d’accès à internet ont été associés à son financement via des taxes affectées. Le système doit continuer d’évoluer, notamment en associant les plateformes établies à l’étranger au financement de la création, ce qui implique une action au niveau européen. Je crois aussi que la recomposition du paysage audiovisuel, entre chaînes de télévision et entreprises de télécommunication aura un impact sur le mode de financement du cinéma dans les prochaines années et que les pouvoirs publics auront un rôle déterminant à jouer pour s’assurer que le système vertueux de financement de l’aval par l’amont et de redistribution entre films grand-public et films plus pointus sera conforté.

    La salle de cinéma est au cœur de la politique cinématographique française. Il est essentiel de maintenir un maillage dense du territoire. Ce sont de véritables lieux de convivialité qui assurent le lien social, l’éducation à l’image, proposent des animations jeune public. Le cinéma irrigue ainsi l'ensemble du territoire et participe à la diffusion des films comme à l’économie locale.

    C’est donc une filière au financement pertinent et efficace. Le rôle du CNC sera renforcé dans ses aspects de régulation et de redistribution. Ses secteurs d’intervention ont déjà été élargis (image animée, jeux vidéos, nouveaux médias). Ces nouveaux secteurs doivent être consolidés tout en préservant une protection des plus fragiles.

    Je poursuivrai le soutien aux salles, en maintenant la taxe parafiscale et le taux réduit de TVA : cette taxe alimente l’ensemble des filières du cinéma à près de 95%. Un système de financement unique au monde qui bénéficie à toute la filière et qui crée les conditions d’un dynamisme économique à forte croissance.

    • Faut-il repenser le régime des intermittents du spectacle ?

    Il faut évidemment pérenniser le régime de l’intermittence. C’est d’ailleurs un succès du quinquennat qui vient de s’écouler d’avoir permis sa sauvegarde. L’Etat a joué tout son rôle de garant et d’aiguillon du dialogue social, en étant capable de s’engager, y compris financièrement, afin de préserver le principe et la mise en œuvre de ce qui n’est rien d’autre que la solidarité interprofessionnelle. Cela n’empêche pas qu’il faille continuer de réfléchir aux alternatives à la "permittence", en particulier pour les techniciens et l’audiovisuel.

    Mais tous les artistes n’ont pas accès au régime de l’intermittence. 70 % des artistes plasticiens et des auteurs vivent sous le seuil de pauvreté, la moyenne de rémunération des auteurs écrivains est de 600€/mois, le début de carrière représente une très grande fragilité pour les artistes, qui abandonnent trop souvent, non faute de talent mais faute de moyens pour vivre. La première étape du revenu universel d’existence (RUE) répond à cette question fondamentale. Je donnerai corps à un statut de l’artiste. Il nous faut répondre à la précarité et soutenir le travail de ceux qui n’entrent pas dans le champ de l’intermittence : auteurs, scénaristes, plasticiens, photographes, designers, compositeurs.

    Pour cela, je souhaite agir dans trois directions :

    - D’abord je soutiendrai la position d’artiste et de créateur en sécurisant les parcours : les sorties d’écoles, les moyens de création, en développant les ateliers logements.

    - Ensuite, je favoriserai la rémunération du travail artistique dans ses différentes dimensions : les ventes d’œuvres, mais aussi les phases de création et de recherche, les expositions, avec l’application effective du droit d’exposition dans les centres d’art labellisés, l’action culturelle en intégrant "les revenus accessoires", y compris pour les intermittents.

    - Enfin j'améliorerai la protection sociale liée à l’ensemble des activités et des carrières : retraite complémentaire, accidents du travail, et revenir sur la dichotomie entre affiliés et assujettis avec une caisse unique de protection sociale.

    • Faut-il encadrer les salaires des comédiens français ?

    Il y a eu des abus et ils ont été soulignés il y a quelques années par les professionnels eux- mêmes. Je crois qu’en la matière, la filière a tout intérêt à se fixer un code de bonne conduite, d’autant que ces salaires sont rendus possibles par la redistribution de fonds publics ou de taxes parafiscales, ce qui revient au même. La profession en a je crois pris conscience et les choses évoluent, tout comme la filière réfléchit en permanence pour s’adapter aux mutations technologiques et industrielles. Le CNC et les pouvoirs publics doivent accompagner ces réflexions.

    • Quelles obligations pour les nouveaux acteurs (Netflix, Amazon…) ?

    L’exception culturelle portée par la France depuis le Front populaire a permis le développement de la création et de la diffusion comme aucun pays au monde n’y est parvenu. Ce n’est pas un principe dépassé. C’est tout simplement considérer qu’en matière de culture, la loi du plus fort, du plus rentable, du plus mainstream ne peut garantir la création, le temps long, ou encore la sauvegarde du patrimoine.

    Au contraire, les gros doivent financer les petits, les succès déjà acquis les projets à venir. Les acteurs numériques et économiques existants - Telco, GAFAN…- ou qui émergeront demain, dont une large part du succès vient du partage ou de la diffusion d’oeuvres, doivent comprendre qu’ils devront rétrocéder une part de la richesse aux créateurs et qu’on leur demandera de contribuer à la création de demain et à la diversité par la taxation. Et c’est d’ailleurs à long terme leur intérêt. La culture a été le premier secteur ubérisé sans qu’on s’en rende compte, avec des géants de la diffusion et une atomisation de la création. Penser la redistribution de la valeur est fondamental. Ce qu’on fera dans le domaine culturel peut être précurseur de chaînes de valeur équitables dans d’autres domaines.

    Je suis favorable à la taxation des nouveaux acteurs du numérique qui dégagent de la richesse comme n’importe quelle entreprise et je m’engage à cette taxation revienne en partie au financement de la culture. Je favoriserai l’émergence de nouveaux acteurs de l’économie numérique qui fondent leur modèle sur le partage des valeurs créées (coopérativisme de plateforme).

    Je porterai le principe du respect du droit d’auteur et je m’opposerai au niveau européen à la généralisation du principe du pays d’origine pour le remplacer par celui du pays où les oeuvres sont vues pour qu’on n’applique pas la règle du moins disant pour la rémunération des auteurs.

    • Faut-il encadrer les investissements étrangers dans l'exploitation française ?

    L’objectif des pouvoirs publics doit être de garantir une certaine diversité des œuvres programmées dans les salles. Pour éviter qu’une entreprise étrangère ne puisse investir massivement dans un parc de salles en France, et risque de mettre en péril la diversité des films proposés aux spectateurs, le CNC pourrait réfléchir à adapter sa réglementation pour éviter les abus, par exemple en limitant ses soutiens aux entreprises établies dans l’Union européenne, comme c’est le cas pour les aides à la production.

    Accessibilité au Cinéma

    • Le cinéma est-il trop cher en France ?

    Le cinéma reste une offre culturelle relativement accessible, à condition de poursuivre des formules de fidélisation, des tarifs réduits pour les plus modestes, jeunes, familles, étudiants, bénéficiaires de minimas sociaux.

    • Faut-il faire évoluer la chronologie des médias ?

    La chronologie des médias est au cœur du système français de financement et de soutien. Elle garantit les recettes de ceux qui investissent en amont dans les œuvres. Les usages du public et les financements du secteur évoluent. Je crois que les professionnels peuvent, sous l’égide du CNC, prévoir une adaptation de ce dispositif, pour sécuriser les investissements des financeurs, et garantir en même temps la meilleure exposition des œuvres auprès du public. A titre personnel, je suis très attaché à l’expérience cinématographique en salle. Elle permet un partage, un moment collectif que le visionnage en VOD n’offre pas.

    • Quelle accessibilité pour les personnes handicapées dans les salles de cinéma ?

    Je propose de faire de l’accessibilité et de la conception universelle un des principes fondamentaux de la 6ème République, qui sera inscrit dans la constitution. La loi de 2005 doit être appliquée et les lieux publics soutenus dans ces investissements. Il en va de même pour les processus de sur titrage ou d’audiodescription permettant de rendre les films accessibles à tous.

    • Quelles mesures pour améliorer les dispositifs d’éducation à l’image ?

    Je ferai de l’éducation artistique et culturelle une priorité. Beaucoup de choses ont déjà été impulsées lors de ce quinquennat. Il faut que l’art et la culture continuent à toucher les enfants de manière continue, pour construire le désir, déclencher le regard critique et la familiarité avec les arts. L’enjeu intéresse l’éducation elle-même : les projets culturels sont parmi ceux qui permettent la pédagogie de projets, la pratique collective, la créativité, la transversalité entre les matières, pour que l’envie vienne au secours du travail. Les projets spécifiques et originaux, en lien avec les artistes ou les territoires doivent pouvoir être soutenus. Mais au-delà, l’éducation artistique doit rentrer dans la logique des programmes.

    Les pratiques musicales collectives, la lecture et la littérature, avec l’inscription et l’accompagnement physique de tous les enfants de CP dans les bibliothèques publiques, la formation à la culture numérique, l’éducation à l’image et le cinéma mais aussi le patrimoine de proximité sont des priorités. Un portail pour les contenus pour la pratique et la connaissance de la culture à l’école pourra être créé avec les éditeurs jeunesse.

    Il est essentiel de porter le recrutement de musiciens et autres intervenants artistiques dans les écoles, directement par l’éducation nationale et non seulement par les collectivités locales. Le relai avec les lieux culturels du territoire, la formation des enseignants et des artistes, le développement de locaux dédiés, la poursuite des projets culturels à travers les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) et l’histoire des arts au collège sont également des outils.

    La présence d’un projet d’éducation artistique et culturelle dans tous les projets d’écoles et d’établissements, intégrant la notion de parcours artistique et culturel de l’enfant, doit devenir effective. Les projets éducatifs territoriaux doivent également intégrer ce sujet, y compris dans la dimension d’aménagement des rythmes éducatifs, en donnant la priorité aux territoires les moins nantis en offre culturelle. Pour ce faire, une agence nationale pour la culture à l’école sera créée.

    Piratage & Streaming

    • Faut-il amender Hadopi ?

    Hadopi est une réponse insatisfaisante à une vraie question, celle du piratage. Le préjudice économique et social du piratage se chiffre en milliards d’euros en manque à gagner pour les auteurs mais aussi pour les différentes filières : le cinéma, les arts... C’est bien une bataille politique et culturelle qui reste à gagner, car nous n’avons pas su convaincre la majorité des Français qu’il fallait payer pour avoir accès à une oeuvre de l’esprit (en 2016, 13 millions de français auraient consommé illégalement un contenu audiovisuel), mais le piratage naît aussi faute d’offre légale. Au-delà de ces aspects financiers, moralement, la préservation du droit d’auteur fait partie de notre pacte républicain. Sans droit d’auteurs, comme c’était le cas avant la Révolution, faute de revenus réguliers, l'artiste ne peut être indépendant ni financièrement, ni artistiquement. Je veux affirmer l’absolue nécessité qui s’attache à défendre le droit d’auteur et donc à n’avoir aucune complaisance avec le piratage. Je pense donc qu’il faut conserver un dispositif de sanction à l’encontre du piratage, mais qui soit géré par la justice. Il y a infraction, il doit y avoir sanction. Les missions d’Hadopi relatives à la promotion des offres légales pourraient être transférées au Ministère de la Culture.

    Il faut surtout assécher les revenus des sites commerciaux qui ne vivent que grâce aux contenus piratés et à la publicité qu’ils génèrent. C’est le projet "follow the money" : les GAFAN devraient être tenus de déréférencer, ou de référencer plus bas, les sites qui vivent du piratage et les annonceurs de rendre des comptes lorsqu’ils contractualisent avec des sites qui vivent du piratage.

    • Faut-il amender la taxe sur la copie privée ?

    Là aussi les innovations technologiques doivent être prises en comptes. L’émergence du streaming, qui est une bonne chose car il est de plus en plus constitué d’offre légale, change la donne, l’évolution des supports de lecture également. Par exemple, qui peut dire aujourd’hui que les tablettes et les ordinateurs ne sont pas des supports de copie ? Donc oui il faut que cela évolue.

    La France et les Séries

    • Soutenez-vous le(s) projet(s) de création d’un Festival International des Séries ?

    Oui, je pense que c’est un des secteurs les plus fructueux de développement de la création.

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