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    Emmanuel Macron / Marine Le Pen : le duel se joue aussi sur le front de la Culture (et du cinéma)
    Camille Marigaux
    Camille Marigaux
    Journaliste Culture, Politique et International à France Culture et RFI, Camille Marigaux collabore avec AlloCiné et Boxoffice Pro sur la campagne présidentielle en partant à la rencontre des différent·e·s candidat·e·s à l'élection autour de leur programme culturel et goûts cinéma/séries.

    Programme culturel, films et séries cultes, politique fiction : pleins feux sur les propositions (et les goûts) des deux candidats finalistes à l'élection présidentielle 2017.

    Emmanuel MACRON

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    Candidat... et spectateur

    • Un film ou une série politique incontournable ?

    Borgen et surtout A la Maison Blanche, descriptions remarquables de précision et de justesse, chacune dans son genre, de la mécanique gouvernementale, des jeux politiques, et des tensions personnelles, intimes, de ceux qui les vivent.

    • Le meilleur Président de cinéma ou de séries ?

    Jean Gabin dans Le Président de Henri Verneuil. Un formidable acteur et un très beau film.

    • Le titre de film qui illustre le mieux cette campagne présidentielle ?

    "Nouvelle Vague" (Jean-Luc Godard)

    • Quel épisode de la vie politique française ferait un bon film ?

    Ce n’est pas le sujet qui fait un bon film mais son auteur. N’importe quel événement pourrait faire un bon film -ou un mauvais.

    • Parmi les films, séries ou téléfilms traitant de la politique française, quelle a été selon vous la meilleure et la plus fidèle incarnation d'un(e) homme / femme politique ayant existé ?

    Michel Bouquet interprétant François Mitterrand dans Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian. Saisissant !

    • Quel acteur/actrice pour vous incarner à l’écran ?

    C'est un choix qui appartient au cinéaste !

    • La réplique de cinéma qui vous résume le mieux ?

    "Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière (rires)" - Citation un peu décalée d’Audiard qui reste pour moi un formidable dialoguiste

    • Vos 3 films cultes

    La Grande illusion

    Les Tontons flingueurs

    Amarcord

    La Culture, parent pauvre de la campagne 2017

    • Quel est votre programme de politique culturelle ?

    Notre société fait aujourd’hui face à de nombreux défis : le chômage de masse et les difficultés d’intégration, les transformations radicales qu’entraine le numérique, les changements climatiques, la montée du terrorisme, etc. Face au repli sur soi et aux peurs collectives, la culture, parce qu’elle définit ce que nous sommes et ce que nous partageons, doit être replacée au cœur de notre projet de société. C’est à cette condition que nous pourrons retrouver le chemin de l’unité et de l’émancipation. Et c’est pour cela que j’ai fait de la culture et de l’école, ensemble, le premier des chantiers pour le quinquennat à venir.

    La politique culturelle s’est constituée en France autour d’un État volontaire, garant de la valorisation de notre patrimoine et promoteur de la création dans tous les domaines. La France a ainsi su bâtir une politique culturelle aux résultats remarquables. Cependant ce modèle s’essouffle et il n’a pas tenu les promesses originelles de la démocratisation culturelle et de l’accès à la culture.

    Nous devons imaginer de nouvelles modalités d’action plus adaptées au temps présent, libérer l’esprit d’entreprise et l’audace créatrice et retisser les liens que nous voyons se rompre jour après jour. Pour cela, trois priorités seront les nôtres :

    - ouvrir l’accès à la culture et aux pratiques artistiques à tous ;

    - préserver et renouveler le modèle de soutien à la création et aux artistes ;

    - redonner du sens à l’idéal européen.

    Financement du cinéma français

    • Un système à bout de souffle ?

    Notre système est unique au monde, il fait la force du cinéma français qui rayonne bien au-delà de nos frontières. Les nouveaux modes de production et de diffusion (je pense bien sûr au numérique) obligent à penser son adaptation et à le faire évoluer mais il est loin d’être en déclin. Pour preuve : plus de 250 films produits en 2016, 213 millions d’entrées en salle cette même année, un record ! Et d'ailleurs, même s'il l'était un jour, il se réinventerait. Souvenez-vous du film À bout de souffle, qui a marqué une rupture symbolique, après laquelle le cinéma français s’est renouvelé dans la Nouvelle Vague, et a insufflé l’audace de sa jeunesse au monde entier.

    Cependant, il est exact que le modèle est fragilisé par l’érosion des ressources publicitaires et d’abonnement de la télévision et l’effondrement du marché du DVD. En outre, le recul des investissements des chaînes payantes, notamment de Canal+, est à craindre. Il y a donc un enjeu d’approfondissement et de renouvellement du modèle. Il lui faudra, à l’avenir, favoriser l'émergence de nouveaux talents, la diffusion des films français à l’international et la préparation des écritures de demain. Nous devons aussi veiller à préserver un réseau de salles présent sur l’ensemble du territoire, pour permettre une réelle équité dans l’accès aux films comme à tout le reste de la culture.

    • Faut-il repenser le régime des intermittents du spectacle ?

    Il faut le conserver car il s’accorde avec la singularité des métiers du spectacle, qui continuent d'exceller en France grâce à lui. Le régime spécifique d’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle doit être vu d’abord comme un outil au service de la politique culturelle. Conforté par l’accord de 2016 -qui est un bon compromis- il sera maintenu. Mais pour garantir sa pérennité il devra être adapté : périmètre, lutte contre les abus dans l’utilisation, prise en compte des heures pouvant être consacrées à des actions d’éducation artistique et culturelle. Le régime de l’intermittence doit être celui des intermittents du spectacle, non des permanents.

    • Faut-il encadrer les salaires des comédiens français ?

    La réforme mise en place par le CNC il y a deux ans repose sur des principes simples : le barème de rémunération est fonction du budget du film, et si la rémunération proposée à un acteur dépasse un certain pourcentage du budget, le producteur ne touchera pas d’aides de l’organisme public. Ce sont de bons principes.

    • Quelles obligations pour les nouveaux acteurs (Netflix, Amazon…) ?

    Nous devons d’abord rétablir une concurrence équitable en appliquant à tous les mêmes règles fiscales. Le contournement des obligations fiscales par l’installation dans un pays tiers ne doit plus être possible dans l’Union. Les grands acteurs numériques doivent payer l’impôt comme les autres et contribuer au financement des charges communes puisqu’ils bénéficient, comme les autres, des services publics. Il faut ensuite généraliser l’application des obligations du pays de diffusion. Les plateformes numériques, qui bénéficient de l’exploitation des œuvres et des contenus culturels, doivent être soumises aux mêmes règles que les autres diffuseurs, notamment les obligations de financement de la création dans sa diversité et de diffusion des œuvres.

    Accessibilité au Cinéma

    • Le cinéma est-il trop cher en France ?

    Le prix moyen d’une place de cinéma peut paraître acceptable pour certaines familles mais constitue un obstacle pour d’autres et notamment pour les jeunes. Nous mettrons en place un Pass culture de 500 € pour les jeunes de 18 ans, qui pourra être utilisé pour aller au cinéma. Avec un accompagnement adéquat, il permettra d’inciter les jeunes générations à découvrir des films en salle qu'elles n’iraient pas voir spontanément.

    • Faut-il faire évoluer la chronologie des médias ?

    Il faut préserver l’esprit qui préside à cette chronologie : le primat de la projection d’un film dans une salle de cinéma. Ce n’est pas le même film que l’on voit en salle, avec d’autres spectateurs, ou bien seul sur son ordinateur, sa tablette ou son téléphone portable. L’expérience collective, le partage, sont largement perdus.

    Si les frères Lumière sont reconnus comme inventeurs du cinéma c’est qu’ils ont inventé en même temps la projection en salle, à la différence d’Edison !

    Faut-il pour autant maintenir immuable cette chronologie, à l’âge du numérique ? Cela devra être discuté par et avec les professionnels. On ne peut en effet ignorer le mouvement d’accélération des diffusions. De nombreux films ont une carrière en salle qui s'achève prématurément et restent donc indisponibles pendant plusieurs mois, sauf par des moyens illégaux. L’essentiel est de préserver les droits et leur rémunération, qui fondent l’écosystème de la création.

    • Quelle accessibilité pour les personnes handicapées dans les salles de cinéma ?

    L’objectif de l’accessibilité a été pris en compte par les pouvoirs publics en lien avec les exploitants. Après la loi de 2005 sur les établissements accueillant du public, des textes ont précisé en 2015, s’agissant du cinéma, un agenda pour l’accessibilité des spectateurs souffrant de handicap. Il faudra veiller à ce que progressivement les cinémas puissent réaliser les travaux pour favoriser cette accessibilité.

    • Quelles mesures pour améliorer les dispositifs d’éducation à l’image ?

    Ce sujet me paraît essentiel et n’est d’ailleurs pas assez mis en avant. À l'heure où le complotisme et les fausses vérités (les fameuses "fake news") font des ravages, l'éducation aux médias et à l'information est une urgence démocratique ! Nous soutiendrons les initiatives pour la développer non seulement à l'école, au collège et au lycée, mais aussi dans les médiathèques, les bibliothèques, les lieux de l'éducation populaire, partout où se construisent les citoyens de demain. Les médias publics ont également un rôle à jouer dans ce domaine.

    Piratage & Streaming

    • Quelles mesures pour adapter le code de la propriété intellectuelle au digital ? Faut-il amender Hadopi ?

    La protection de la propriété intellectuelle est la condition de la création. Nous savons cela en France depuis que Beaumarchais a inventé le droit d’auteur en 1777. C’est pourquoi nous défendrons résolument les droits d’auteur et les droits voisins, en France comme au niveau européen : la France pèsera en ce sens sur la révision en cours de la directive sur le droit d’auteur. Et c’est aussi la raison pour laquelle la lutte contre le piratage et la contrefaçon doit être une priorité absolue. Elle passera notamment par l’intensification de la répression des sites pirates : déréférencement, assèchement des ressources, fermeture par voie judiciaire.

    • Faut-il amender la taxe sur la copie privée ?

    La copie privée est un des piliers du financement de la création, qui a su évoluer avec la formidable mutation des usages. Après un long blocage, le dispositif a été modernisé. Je crois qu'il faut laisser un peu de temps avant d'évaluer et d'envisager de nouvelles évolutions.

    La France et les Séries

    • Soutenez-vous le(s) projet(s) de création d’un Festival International des Séries ?

    Oui c’est une bonne idée. Mais pourquoi diviser nos forces en créant plusieurs festivals qui vont se concurrencer mutuellement ? Ne pourrait-on oublier un instant nos divisions et unir nos forces ?

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