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    Psychologue, inventeur, auteur… Découvrez qui était le créateur de Wonder Woman

    Avant de se lancer dans le divertissement et créer la figure de Wonder Woman, William M. Marston, prochainement au coeur d'un film, a été psychologue, inventeur... et tout un tas d'autres choses. Focus.

    Warner Bros. France

    Si la super-héroïne qu'il a créée en 1941 a mis énormément de temps à décrocher son propre film, son créateur, William Moulton Marston va prochainement se dévoiler au travers d'un biopic consacré à sa vie : Professor M. Une perspective plus que fascinante lorsqu'on se penche ne serait-ce qu'une minute sur la vie de ce touche-à-tout qui a fait la controverse à plusieurs moments de sa vie.

    Car si Superman est né de Jerry Siegel et Joe Shuster, Batman de Bob Kane et Bill Finger, Wonder Woman, la troisième maille du filet DC, est, elle, née d'un personnage haut en couleurs dont les idées et les antagonismes, difficiles à démêler, seront incarnés par Luke Evans à l'écran. Né en 1893 dans le Massachussetts, l'anticonformiste William Moulton Marston semble en effet avoir vécu plusieurs vies avant de s’éteindre en 1947 dans l’état de New York des suites d’un cancer de la peau.

    Un psychologue fasciné par le comportement

    Diplômé en droit et en psychologie à Harvard, Marston a, une bonne partie de sa vie, été professeur et psychologue. Durant ses études mais également après, il a mené de multiples expériences sur le comportement. On lui doit ainsi plusieurs essais dont Emotions of Normal People (1928), où il cherchait à démontrer que les individus illustraient leurs émotions à travers divers comportements suivant que leur environnement leur semble bienveillant ou malveillant. Marston était également très intéressé par notre système nerveux et à ses conséquences sur nos vies affectives et sexuelles. 

    Au cours de sa vie, il a aussi toujours cherché à défendre les droits des femmes. Dans un contexte où tous les Etats américains n'accordaient pas le droit  d'être jurée aux femmes, il a voulu démontrer, au travers d'une nouvelle expérience, que les femmes étaient pourtant des jurées bien plus fiables que les hommes.

    Parmi ses autres expériences, beaucoup plus folkloriques, Marston a tenté de mesurer la frustration des spectateurs lorsqu'on coupait la fin du film qu'ils étaient en train de regarder. Mais aussi de mesurer le degré d'excitation de femmes en train de regarder un film... suivant la couleur de leurs cheveux.

    Un inventeur

    Mais, William Moulton Marston était aussi un inventeur célèbre. On lui doit notamment le test de pression sanguine systolique, qui a ensuite permis la création d’une invention majeure, celle du détecteur de mensonges (dont le vrai créateur est John Augustus Larson).

    Beaucoup assume d'ailleurs que l'invention du lasso magique, capable de faire dire la vérité, dont il a doté Wonder Woman des années après, viendrait de là. 

    Pour promouvoir l'invention, Marston est même apparu dans une publicité pour les rasoirs Gillette, où il vantait la marque !

    Un homme aux moeurs anticonformistes

    Au vu du premier teaser et de la première photo promotionnelle, les amours du Docteur seront certainement le point névralgique du biopic réalisé autour de sa vie. Ce dernier semble en effet avoir mené une vie privée, libre, secrète et très anticonformiste au regard de son époque et même d'aujourd'hui.

    Marié à Elizabeth Holloway, une femme très cultivée qu'il a pu rencontrer durant ses études, Marston serait ensuite tombé amoureux de l'une de ses étudiantes, Olive Byrne. Le professeur aurait alors posé un ultimatum à sa femme. Si elle n'acceptait pas qu'Olive vienne vivre avec eux, il la quitterait. Elizabeth se serait alors laissée prendre au jeu du polyamour, tout comme Olive. 

    C'est ainsi qu'une vie à trois se serait mise en place. Une vie de couple peu ordinaire cachée aux yeux de tous, Olive étant présentée comme quelqu'un de la famille, même aux enfants du "trio". Selon le livre de Jill Lepore, "The Secret History of Wonder Woman", Olive s'occupait des enfants tandis qu'Elizabeth menait une vie active en tant qu'avovate et psychologue. Elle a d'ailleurs participé aux travaux de son mari sans pour autant en être vraiment créditée. Lorsque cette situation peu ordinaire fut éventée, le mal était fait et la carrière universitaire de Marston prit fin. 

    Un féministe tenté par les chaînes

    Wonder Woman a clairement été inspirée des femmes qui ont marqué la vie de Marston. Elizabeth et Olive furent des sources d'inspiration évidente dans la création de l'Amazone. Mais, Marston aurait également été très marqué par le mouvement des suffragettes et par une autre grande figure du féminisme du XXème siècle : Margaret Sanger. Marston cacha d'ailleurs cette inspiration "secrète" et son lien avec cette activiste du mouvement, qui se trouvait être la tante d'Olive Byrne. 

    Margaret Sanger a notamment fondé le planning familial en ouvrant la première clinique dédiée à la contraception féminine avec Ethel Byrne, la mère d'Olive. Les deux femmes ont d'ailleurs été arrêtées pour avoir distribué illégalement des contraceptifs.

    C'est entouré de ses femmes - et alors qu'il a déjà écrit des scénarios de films - que Marston est engagé en 1929 comme consultant en psychologie par les studios Universal. Après avoir lu un article où Marston s'exprimait sur les comics, Max Gaines, considéré comme l'inventeur des comic books, le contacte et l'engage comme conseiller éditorial d'All-American Publications, l'un des éditeurs qui donneraient ensuite naissance à DC. Ignorant sa vie privée tumultueuse, Gaines estime qu'il est le parfait étendard pour défendre la cause des comics, égratignée à l'époque. 

    C'est dans ce contexte que Marston présente en 1941 l'idée d'une super-héroïne qui va pouvoir être un exemple pour les petites filles : Wonder Woman. Dessinée par H. G. Peter, elle débarque dans les pages d'All Star Comics #8. Mais, à nouveau, Marston interroge.

    “Il n'y a pas un seul comic, pas même une page, dans laquelle Wonder Woman apparait, où on ne la voit pas enchaînée, attachée, bâillonnée, capturée dans son lasso, entravée et menottée", décrit l'auteure Jill Lepore dans "The Secret History of Wonder Woman". Voilà certainement un autre aspect de la vie - et de l'avis - de Marston, intéressé par la question de la domination et de la soumission, qui sera décortiqué dans le biopic qui lui est consacré.

    Avec son héroïne sexy et souvent enchaînée, Marston en a dérouté plus d'un. Cherchait-il à rendre hommage aux suffragettes qui s'enchaînaient elles aussi ? Cherchait-il donc à donner un modèle de femme forte et d'émancipation aux petites filles ? Ou se livrait-il à des fantasmes au travers de son personnage ? Créateur de controverses, d'incompréhension et de malentendus, Marston demeure, aujourd'hui encore, un bien grand mystère.

     

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