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    Colm McCarthy : "The Last Girl c'est le conflit entre l'innocence et la monstruosité"

    Rencontre avec Colm McCarthy, réalisateur de "The Last Girl - Celle qui a tous les dons", en salles depuis mercredi. Une histoire de zombies vraiment pas comme les autres, qui était présentée en début d'année au Festival de Gérardmer.

    En janvier dernier, au Festival du film fantastique de Gérardmer, le cinéaste et scénariste Colm McCarthy nous avait reçu pour parler de The Last Girl - Celle qui a tous les dons, qui portait alors le titre de The Girl With All The Gifts. Le réalisateur britannique nous avait confié sa vision de cette histoire de zombies... mais pas que !

    AlloCiné : Ce film est basé sur un scénario de Mike Carey... (il coupe)

    Colm McCarthy : En fait c'est plus compliqué que ça, car Mike Carey a d'abord écrit une nouvelle, qui représente environ les 8 premières minutes du film. Mais il travaille aussi pour des comicbooks et nous avons développé plusieurs projets qui n'ont pas abouti. Puis nous sommes revenus à cette nouvelle, en se demandant ce qu'une histoire plus longue dans ce monde pourrait raconter. Nous avons trouvé l'idée de la fin, et Mike a écrit un traitement à partir duquel nous avons commencé à demander de l'argent. A ce moment, Mike a commencé à écrire un roman [basé sur cette histoire]. Puis nous avons eu l'argent, et nous avons réécrit tout le traitement ! Le film est parti dans un sens, le roman dans un autre, et on ne pouvait pas faire les deux ! Ce qui est intéressant, c'est qu'il a mis dans son roman ce que nous devions couper du film.

    Intéressant, en effet. Vous avez trouvé une fordimable actrice, Sennia Nanua, qui a probablement une belle carrière devant elle. Comment l'avez-vous rencontré ?

    La production a rencontré plus de 1000 jeunes filles, et j'en ai rencontré 500. On passé au moins 20 minutes avec chacune d'entre elles, puis après 4 étapes ont suivi : de l'improvisation, du jeu avec d'autres acteurs et chaque fois nous en retenions de moins en moins. (...) Gemma Arterton a accepté de faire des lectures avec elles (...) et Sennia, depuis le début était particulière, avec un jeu très naturel, ce que nous recherchions. Elle avait un regard curieux sur le monde, et c'est une personne très spéciale.

    Aimee Spinks - Gift Girl Limited / The British Film Institute 2016

    Votre film aussi est très spécial, grâce à ses personnages féminins, bien construits, ce qui n'est pas souvent le cas dans le cinéma de genre. Est-ce cela qui a convaincu Gemma Arterton et Glenn Close de rejoindre le projet ?

    Probablement. Nous avons très tôt pris la décision créative et peut-être politique (...) d'avoir des personnages féminins forts. Certains financiers ont essayé de nous faire changer cela, nous disant que le film serait plus facile à faire de cette façon. Mais nous savions qu'ils avaient tort. Avoir Glenn Close en scientifique torturée était un rêve avec notre petit budget, (...) mais malgré 6 nominations aux Oscars, elle ne reçoit pas assez de personnages comme ça, car le monde devient taré ! Son agent nous a dit "c'est un petit budget, elle ne va pas le faire, mais je lui passe quand même, car le scénario est bon" et elle a tout de suite été intéressée. Elle m'a rencontré pour s'assurer que je n'étais pas un trou du c... ! (rires) 

    Et l'autre chose qui rend votre film unique, c'est que depuis Romero et ses films, avoir des enfants zombies n'est pas quelque chose d'habituel. Etait-ce aussi ce que vous recherchiez à travers cette histoire ?

    Ce qui m'a tout de suite happé dans la nouvelle de Mike, c'était le conflit du personnage entre son innocence et sa monstruosité, et la tension entre les deux. (...)

    Aimee Spinks - Gift Girl Limited / The British Film Institute 2016

    Le cinéma américain a déjà traité d'enfants zombies mais vous vous permettez de pousser le concept plus loin. Est-ce que vous pouvez vous le permettre parce que vous êtes anglais ?

    Nous voulions un film qui "sonne" britannique. Pas dans le sens patriotique, mais nous avons beaucoup parlé de John Wyndham : Le Village des damnés, Le Jour des Triffides... Ses livres ont une saveur britannique unique, nous voulions un peu de cela dans The Last Girl (...).

    Ce n'est pas directement lié à "The Last Girl", mais vous avez beaucoup travaillé pour la télévision, et notamment des séries. Quelle est la différence entre diriger un épisode de "Dr Who", de "Sherlock", de "Peaky Blinders" ou des "Tudors" ? C'est une question difficile...

    Oui, c'est difficile mais c'est une question intéressante, surtout de nos jours. La télévision et le cinéma changent beaucoup. On a coutume de dire que le réalisateur fait tout au cinéma et qu'à la télé, le scénariste fait tout et le réalisateur rien. Je pense que ça a toujours été faux. On ne fait pas un bon film sans un bon scénario, et si le réalisateur n'a rien écrit, quelqu'un d'autre a dû le faire, vous voyez ce que je veux dire ? De la même façon, à la télé, si vous voulez faire quelque chose de qualité qui ne ressemble pas à une série américaine, le réalisateur doit pouvoir faire entendre sa voix. (...)

    Robert Viglasky / Caryn Mandaba

    Pour Les Tudors, j'ai compris le vocabulaire esthétique de la série, et j'ai tourné les épisodes comme pour un film. Si vous le faites comme il faut, on vous laisse tranquille avec vos acteurs et vos caméras. La différence c'est que j'ai passé 4 jours à monter chaque épisode là où j'ai passé 11 semaines au montage. (...) J'ai dirigé entièrement la saison 2 de Peaky Blinders, et il y avait déjà une esthétique créée par Otto Bathurst. Donc j'ai peaufiné cela, et ajouté un nouveau contexte d'histoire en saison 2, en ne changeant pas la "loi" de la série. Et en même temps, je pouvais tout superviser, de la pré-production : des répétitions avec les acteurs jusqu'au montage et la post-production. La musique joue un rôle important dans la série, et j'ai eu toute latitude là-dessus aussi. (...) Mais Peaky Blinders, reste supervisé par Steven Knight. Il écrit les histoires, donne son avis sur les rôles secondaires et donne une énergie au moment du montage, car il est présent [dans la salle de montage], et choisit les scènes avec le réalisateur. C'est vraiment sa série. L'histoire de la série, c'est sa jeunesse fantasmée, revisitée à la sauce des films de Sergio Leone qu'il adore. Et j'adore cette série !

    Et côté projets ?

    J'en ai à la télé et au cinéma. J'ai signé les 2-3 minutes de ce qui deviendra peut-être la série Krypton, à propos des ancêtres de Superman. Et je travaille à un nouveau film, j'ai deux scénarios à étudier, je cherche à attirer des acteurs pour que les financiers en veuillent et qu'ils attirent les spectateurs en salle. (...) Ce ne sera pas de l'horreur, mais ce sera du cinéma de genre.

    "The Last Girl" est depuis mercredi dans les salles :

     

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