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    Spielberg, Kubrick, Nolan... A chaque (grand) réalisateur son film de guerre
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    "Dunkerque" de Christopher Nolan, qui sort en DVD / Blu-ray, est là pour nous rappeler cette évidence : la réalisation d'un film de guerre a toujours été un passage obligé pour les grands cinéastes. La preuve par 14.

    20th Century Fox

    Terrence Malick

    En 1999, Il faut sauver le soldat Ryan fait une razzia aux Oscars en remportant 5 statuettes, dont celle du Meilleur réalisateur pour Spielberg. La Ligne rouge, qui marque le grand retour de Terrence Malick au cinéma après 20 ans d'absence, reste condamnée à l'obscurité, avec 7 nominations aux Oscars, et pas une seule récompense ce soir là. Pas même celle de la meilleure photographie, pour souligner l'exceptionnel travail du chef opérateur John Toll, qui passait parfois des heures entières à attendre la bonne luminosité.

    Une absence de récompense ce soir là d'autant plus dommageable que La Ligne rouge est pour ainsi dire un exemple assez rare de film de guerre à la profondeur philosophique certaine, produit en grande partie par une Major. Un vrai risque, qui n'a malheureusement pas payé puisque le film n'a même pas rapporté 100 millions de $ au BO mondial, là où le film de Spielberg en rapporta plus de 480 millions.

    Dans ce sublime poème et réflexion sur la culture et la nature qui donne et qui reprend, sur la (sur)vie et la mort au milieu d'une nature hostile, sur la pensée et le langage, sur l'humanité et l'inhumanité, Malick le panthéiste plante une fabuleuse galerie de personnages, qui finissent tous, in fine, par être engloutis par les forces vengeresses de mère Nature. "Le Monde et la vie ne font qu'un" disait le grand philosophe du langage Ludwig Wittgenstein. Un auteur dont Malick est un profond admirateur, et une pensée que le cinéaste fait merveilleusement sienne avec ce film, sublimé par l'hypnotique musique de Hans Zimmer qui signe peut-être ici sa plus belle BO.

    On ne sera pas trop étonné de constater que La Ligne rouge figure d'ailleurs dans le panthéon personnel de Christopher Nolan. "C'est l’un de mes films préférés, un des films que j’admire le plus. Il n’a pratiquement pas influencé Dunkerque, mais nombre de mes autres films s’en sont inspirés. Je crois que Memento lui doit beaucoup. Nous nous le sommes projeté avant de faire Dunkerque, mais le parallèle n’est pas pertinent, sauf dans l’intemporalité du style, de sa texture même. Il semble très accessible et contemporain, alors même qu’il parle de la Seconde Guerre Mondiale ; nous tenions beaucoup à ce que cette dimension apparaisse dans la texture du film. Mais si les deux approches artistiques et ce qu’elles disent de l’histoire sont proches, le parallèle s’arrête là".

     

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