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    Gérard Depardieu à Catherine Deneuve : "On fantasme sur notre couple depuis Le Dernier métro..."
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Monstres sacrés du 7e Art, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, réunis pour la 10e fois dans "Bonne pomme", ont formé un des couples mythiques du cinéma français depuis leur rencontre sur "Le Dernier métro" de Truffaut.

    D.R.

    Bonne pomme, en salle ce mercredi, marque les retrouvailles entre deux monstres sacrés du cinéma français : Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, travaillant ainsi pour la dixième fois ensemble. Depuis leur rencontre cinématographique sur le chef-d'oeuvre de François Truffaut, Le Dernier métro, les deux comédiens ont formé un des plus fameux couples du cinéma français. Et les deux n'ont jamais cessé de s'admirer mutuellement.

    "Il y a quelque chose de tellement harmonieux chez Gérard que c'était impossible de ne pas être bien en tournant avec lui" confiait Deneuve au magasine Première en 1980. "C'est quelqu'un qui apporte énormément sur un plateau, indépendamment de ce qu'il apporte sur l'écran. C'est vraiment l'un des acteurs qui m'a le plus épatée. Ah oui ! Il peut tout faire, c'est toujours évident..." De son côté, le comédien lui retourne régulièrement le compliment, comme écrit dans le recueil des Lettres volées, publié en 1988 : "Notre couple de cinéma est plus intense, plus solide que beaucoup de couples de la vie. Il y a un vrai désir à jouer ensemble, une complicité professionnelle qui peut en rendre plus d'un jaloux. On s'amuse tous les deux, on s'amuse à s'embrasser devant les caméras alors que la plupart des acteurs vous diront qu'il n'y a rien de plus casse-gueule, de plus angoissant qu'un baiser au cinéma".

    Dans l'extrait de la lettre ci-dessous adressée à Catherine Deneuve, Depardieu revient notamment sur son expérience à ses côtés durant le tournage du Dernier métro de Truffaut.

    Ma chère Catherine,

    Nous venons de vivre douze semaines ensemble. C’était la première fois que nous tournions en extérieur, la nuit. Je t’ai vue belle et fatiguée, belle et tendue, je t’ai découverte belle de nuit.

    Il y a des beautés figées, égoïstes, des beautés qui cherchent à vous en imposer, à vous réduire à un rôle de Sganarelle ou de Quasimodo. La vraie beauté est enrichissante. Près d’elle, près de toi, je me sentais incapable de mauvaises pensées, d’être violent. Cette beauté-là apaise, rassure, vous rend meilleur. C’est une vraie discipline d’être belle, il faut beaucoup de rigueur, de vigilance. C’est un équilibre précaire. Un homme peut débarquer à une émission sans être rasé, les yeux cernés, un petit coup de maquillage et de rasoir et le tour est joué. Si une femme n’est pas bien dans sa peau, c’est tout de suite catastrophique, on ne peut pas tricher. Il faut être très généreuse pour rester fidèle à sa beauté, il faut beaucoup de tenue. C’est penser à chaque instant aux autres. Il n’y a que la jeunesse qui peut être insolente dans la beauté, qui n’en a rien à foutre.

    Notre couple de cinéma est plus intense, plus solide que beaucoup de couples dans la vie. Il y a un vrai désir à jouer ensemble, une complicité professionnelle qui peut en rendre plus d’un jaloux. On s’amuse tous les deux, on s’amuse à s’embrasser devant les caméras alors que la plupart des acteurs vous diront qu’il n’y a rien de plus casse-gueule, de plus angoissant qu’un baiser au cinéma. Nous, on se regarde, on se dit des yeux : « On va encore y avoir droit ! »

    J’ai lu dans un sondage que tu étais la maîtresse rêvée des Français. Je sais qu’il y a des légendes qui courent autour de nous, que l’on fantasme sur notre couple depuis Le Dernier métro. Il y a un interdit entre nous. Tu es une idole bourgeoise et racée ; je suis un fils de paysan aux mains fortes, avec toute sa santé. Dans le film de François, tu te donnes brutalement à moi, sans pudeur, par terre, comme seules sont capables d’oser les femmes bien éduquées. Toi et moi, c’est presque une conquête sociale, la chance pour un gars de la terre un peu rustre d’être aimé par la plus belle femme de faubourg Saint-Germain. C’est la prise de la Bastille de l’amour !

    Tu traînes avec toi deux énormes valises chargées de fantasmes, alors que tu vis des choses simples, très poétiques. Tu as su protéger ta vie privée, tes enfants. Certains pensent que tu es froide. Tu es simplement directe, franche, sans ambiguïté. On te croit sereine, organisée. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi désordonnée, fantaisiste avec l’argent, ses affaires.

    Mais il y a plus intéressant que l’actrice, sa beauté institutionnelle. Gainsbourg disait que tu marchais comme un soldat. Mastroianni que tu étais un Prussien. Je ne t’ai jamais vue te plaindre sur un tournage. Tu peux rester debout des heures sans un mot, sous un soleil de feu ou dans un froid de canard. Tu peux faire la fête, boire comme un hussard et être prête au combat le lendemain.

    Un jour, dans une interview, j’ai [...]

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