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    Le Forme de l'eau : rencontre avec Guillermo del Toro, en route vers l'Oscar du meilleur réalisateur ?

    Il y a quelques mois, "La Forme de l'eau" remportait le Lion d'Or à Venise, début d'une longue liste de récompenses. A cette occasion, nous nous étions entretenus avec Guillermo del Toro au sujet de ce petit chef-d'oeuvre. Rencontre.

    AlloCiné : Beaucoup de gens disent que la créature de The Shape of Water leur évoque Abe Sapien, le personnage d'Hellboy. Elle me rappelle davantage celle de L'Étrange créature du lac noir, de Jack Arnold. Qu'en pensez-vous ?

    Guillermo del Toro : Lorsqu'on a travaillé sur le design de la créature de The Shape of Water, les deux choses que j'ai demandé aux concepteurs de ne surtout pas regarder étaient Abe Sapien et L’Étrange créature du lac noir, mais évidemment, ce sera toujours lié à la créature du lac noir, tout comme tout gorille géant sera toujours associé à King Kong. C'est moi qui avais imaginé le design d'Abe Sapien pour Hellboy, et cette fois-ci, je peux vous dire qu'on a pris une direction complètement différente : qu'il s'agisse des couleurs, de la forme, des détails. Nous voulions puiser notre inspiration dans les estampes japonaises, comme La Carpe, d'Utagawa Hiroshige, les motifs de poissons japonais, de salamandres, etc. 

    J'ai lu que vous aviez eu l'idée de ce film lors d'un petit déjeuner avec Daniel Kraus, pouvez-vous nous raconter comment cela s'est passé ?

    C'était fin 2011, on déjeunait ensemble pour travailler sur un projet qui s'appelait Chasseurs de Trolls, qui est devenu depuis une série animée sur Netflix. Je lui ai dit que j'avais toujours voulu faire un film sur un homme amphibien et il m'a dit qu'il avait une idée de roman, l'histoire d'un concierge qui découvre une créature vivant dans le sous-sol d'une structure gouvernementale et qui la ramène vivre chez lui. Je me suis dit que c'était une idée géniale, je lui ai immédiatement acheté et j'ai passé les quatre années suivante à travailler sur le scénario. 

    Twentieth Century Fox

    Pourquoi vouliez-vous faire un film dans lequel le monstre conquiert la fille si rapidement ?

    D'un point de vue politique, c'était très important. Tout récit fantastique est politique, et on vit dans un monde où les gens qui sont différents sont perçus de manière négative, où c'est mal d'être différent. J'avais envie de dire que la différence c'est bien, que c'est beau, et qu'on ne devrait pas être effrayé par la différence, mais au contraire la célébrer.

    C'est aussi un film féministe, avec un magnifique premier rôle féminin, ce qui est assez rare. Pourquoi était-il important pour vous d'écrire ce rôle pour une femme ?

    Je ne peux pas dire que cela fasse parti d'un plan précis, mais j'aime écrire des rôles pour les actrices. Que ce soit pour Ivana Baquero ou Maribel Verdú dans Le Labyrinthe de Pan ou Marisa Paredes dans L'Échine du Diable, j'ai adoré ça. J'ai écrit ce rôle pour Sally Hawkins car elle a la plus belle des présences, mais elle n'est pas un stéréotype, elle n'est pas un mannequin sorti tout droit d'une pub pour du parfum. Je voulais vraiment une personne réelle, pas une princesse Disney. Elisa, le personnage, est totalement normale et en même temps très spéciale. Elle prépare des oeufs, se masturbe, va travailler... C'est une personne très banale, mais son regard, sa manière de percevoir les choses, est magique. Elle transforme la créature en véritable entité par la manière dont elle la regarde. 

    Redécouvrez la bande-annonce de The Shape of Water, qui sortira dans les salles le 21 février 2018 : 

     

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