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    Quentin Tarantino réagit à l'affaire Weinstein : "J'en savais assez pour faire plus que ce que j'ai fait"
    Yoann Sardet
    Rédacteur en chef depuis 2003 - Fan de SF et chasseur de faux raccords et d’easter-eggs, cet enfant des 80’s / 90’s découvre avec passion, avidité et curiosité tous types de films et séries.

    Dans une interview au New York Times, le cinéaste américain Quentin Tarantino reconnaît avoir eu connaissance de certains agissements de la part de celui qui fut le producteur et distributeur de ses films.

    Starmax / Bestimage

    La réaction de Quentin Tarantino, fils prodigue d'Harvey Weinstein et réalisateur emblématique de l'écurie Weinstein comme le résument parfaitement nos confrères de L'Obs, était attendue depuis le début du scandale sexuel qui vise le producteur et distributeur américain. Le 13 octobre dernier, par l'intermédiaire de son amie Amber Tamblyn, le réalisateur de Pulp Fiction avait fait part de son désarroi et de son besoin "de quelques jours pour gérer mes émotions, mes souvenirs, ma colère et parler publiquement de tout cela."

    Une semaine plus tard, Quentin Tarantino, dont la relation professionnelle, amicale et quasi-filiale avec Harvey Weinstein s'étale sur 25 ans, de Reservoir Dogs aux Huit salopards, s'est ouvert au New York Times. Le média américain est à l'origine avec le New Yorker d'enquêtes qui ont mis en lumière le comportement du "faiseur d'Oscars" -récemment exclu de l'Académie- à travers les témoignages édifiants de comédiennes et collaboratrices et des accusations de viols, harcèlement sexuel et comportements inappropriés. Ces enquêtes ont depuis levé l'omerta régnant sur Hollywood, et plus largement aidé à libérer la parole autour d'une situation présente à tous les niveaux de la société (voir les mouvements #MeToo, #MyHarveyWeinstein ou #BalanceTonPorc).

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    Dans le cadre d'un entretien d'une heure avec le New York Times, Quentin Tarantino a ainsi reconnu avoir été au courant du comportement d'Harvey Weinstein : "J'en savais assez pour faire plus que ce que j'ai fait. Il n'y avait pas que les rumeurs habituelles, les potins habituels. Ce n'étaient pas de petites histoires. Je savais qu'il avait fait quelques-unes de ces choses. (...) N'importe quel proche d'Harvey a au moins entendu parler de l'un de ces incidents. C'était impossible de ne pas être au courant. (...) J'aurais aimé prendre mes responsabilités par rapport à ce que j'ai entendu. Si j'avais fait ce que j'aurais dû faire alors, je n'aurais pas dû travailler avec lui".

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    ALPHA AGENCY / BESTIMAGE

    Parmi les incidents, le réalisateur évoque dans les colonnes du journal américain avoir été au courant de l'accord de confidentialité entre Harvey Weinstein et Rose McGowan (qui a depuis publiquement évoqué un viol) ; du cas d'une actrice -souhaitant conserver son anonymat- qui fut la cible d'avances insistantes de la part du producteur avant que Tarantino ne le force finalement à faire des excuses ; ou de sa fiancée de l'époque, Mira Sorvino, victime d'un massage forcé et d'attouchements de la part d'Harvey Weinstein avant sa relation avec Tarantino.

    "J'étais choqué et consterné. Je n'arrivais pas à croire qu'il se comporte ainsi si ouvertement. (...) Mais je pensais, à l'époque, qu'il s'était entiché de Mira. (...) Et parce qu'il s'était entiché d'elle, il a horriblement franchi la ligne". L'officialisation de sa relation avec la comédienne mettra dès lors, dans son esprit, fin au problème : "Nous sommes ensemble, il le sait, il ne l'embêtera plus. Il sait que c'est ma petite-amie".

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    DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE

    Poursuivant sa collaboration avec Harvey Weinstein au fil des années, Tarantino reconnaît aujourd'hui son erreur : "Ce que j'ai fait, c'est marginaliser ces incidents. Tout ce que je pourrais dire maintenant ressemblera à une excuse foireuse. (...). J'avais en tête cette image des années cinquante et soixante, d'un patron courant après sa secrétaire autour d'un bureau. Comme si c'était normal. J'ai vraiment honte aujourd'hui".

    Evoquant la situation Hollywood, "nous l'avons laissé exister parce que c'était comme ça", le réalisateur en appelle aujourd'hui à ses confrères : "Je demande aux autres mecs qui en savent plus de ne pas avoir peur. Ne vous contentez pas de publier des communiqués. Reconnaissez qu'il y avait quelque chose de pourri au Danemark. Faisons-mieux aux côtés de nos sœurs. (...) Ce qui était auparavant accepté est maintenant intenable pour quiconque a une conscience".

    Lire l'article complet sur www.nytimes.com

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