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    Nawell Madani : "C'est très compliqué d'être une femme dans un milieu d'humoristes"

    Nawell Madani présente ce mercredi "C'est tout pour moi", son premier film en tant que coréalisatrice (avec Ludovic Colbeau-Justin) et coscénariste. Un film librement inspiré de son parcours, de la Belgique à Paris, pour devenir humoriste. Rencontre.

    AlloCiné : Quelle a été la source d'inspiration de C'est tout pour moi ?

    Nawell Madani, co-réalisatrice et actrice : C'est inspiré des milieux dans lesquels j'ai pu évoluer. Le premier accident qui m'arrive dans le film, c'est ma vie en fait, c'est ce qui m'est arrivé, c'est ce qui m'a donné cette force de caractère. Et puis, il y a des choses que j'ai un peu fictionné, forcément. Pour me donner une liberté, prendre du recul, parce qu'à un moment donné, j'étais trop attachée au scénario, il y a des choses que je ne voulais pas enlever, parce que c'était trop moi. J'ai fait exister un personnage. Tout ce que j'ai mis dans le film, je l'ai vécu, pratiquement, de près ou de loin. Mais j'ai essayé de rester dans une certaine véracité, authenticité. Pour être le plus proche du public comme on peut l'être dans le one-man.

    L'idée était également de montrer l'envers du décor d'un milieu...

    Beaucoup de gens pensent qu'on monte comme ça sur scène avec un micro et qu'on balance des vannes. Je voulais montrer la dureté de l'écriture, les difficultés d'une femme pour trouver une liberté de ton qui n'est jamais égale à celle de l'homme. C'est très compliqué aujourd'hui de, et toujours jusqu'à aujourd'hui, d'être une femme dans un milieu d'humoristes.

    Après j'ai essayé d'être le plus proche de ce que j'ai vécu et pu entendre, même dans les interviews, de Muriel Robin, d'Anne Roumanoff… Ça ne date pas d'aujourd'hui, quoi ! J'ai vraiment voulu montrer comment ça se passait pour une femme, dans les coulisses de ce milieu là, où il y a vraiment une prédominance masculine.

    Ce n'est pas qu'une comédie, il y a aussi des moments plus dramatiques. C'est un peu...

    ... Un ascenseur émotionnel. C'est un peu ça la vie ! Dernièrement, il y a eu un décès. On était tous au plus bas, et puis il y a eu un fou rire... On s'est mis à rire, à pleurer, et puis il faut continuer, remonter à cheval. C'est ce que j'ai vécu, je le partage avec beaucoup de gens. Je suis très présente sur les réseaux sociaux. Des gens me disent qu'ils vivent des moments difficiles et que ça va leur faire du bien de venir à mon spectacle. Donc c'est moteur. Et dans mon film, j'ai voulu passer du rire aux larmes.

    Justement est-ce que cela a également été un ascenseur émotionnel de faire ce film ?

    Complètement, je n'ai pas une grande carrière derrière moi au cinéma. C'est très compliqué de faire des montages financiers aujourd'hui. C'est deux ans de galère. Quand les gens vous voient sur scène, ils pensent que vous avez accès à tout... Pas du tout ! On a tout à prouver.

    Mon histoire n'intéressait pas beaucoup de gens. J'ai eu la chance de rencontrer des producteurs qui y ont cru, puis un distributeur. Mais malgré ça, on n'avait pas le budget nécessaire parce que j'avais un scénario très ambitieux : des gros battles de danse, énormément de décors... Je voulais avoir des acteurs amateurs; ils le sont à 90%. Il a fallu les suivre, beaucoup de répétitions. C'était un travail monstre. Mais les gens ne s'imaginent pas du tout. Il y a eu plein de phases de travail. Plein de questions que je ne me posais pas avant. J'ai donné trois ans pratiquement de ma vie pendant lesquels je ne faisais rien à côté. Le seul plaisir que j'avais, c'était de monter sur scène pour me regénérer, et repartir. 

    C'est tout pour moi EXTRAIT "Skype"

     

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