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    We Blew It : pleins feux sur le Nouvel Hollywood

    Que sont donc devenus les idéaux de la contre-culture US et de ces cinéastes qui furent à l'origine de ce qu'on appelle Le Nouvel Hollywood ? A l'occasion de la sortie du documentaire "We Blew it", retour sur un phénomène qui a marqué le cinéma.

    Genèse du Nouvel Hollywood

    Au début des années 1960, la plupart des films américains restent somme toute peu audacieux, ce qui n’est toutefois pas le cas dans le reste du monde où les cinéastes mettent en scène des idées nouvelles. Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Suède, Japon, Amérique latine, partout des réalisateurs aux noms plus imprononçables les uns que les autres émergent et présentent des films somptueux. Des artistes issus de l’âge d’or du cinéma européen et japonais ou encore de l’époque de la Nouvelle Vague comme Ingmar Bergman, Akira KurosawaMichelangelo Antonioni et Federico Fellini font parler d’eux.

    Bien qu’étrangers, leurs films paraissent alors plus proches des jeunes, plus "américains" que tout ce qu’Hollywood produit à cette période. Ils vont ainsi inspirer de nombreux cinéastes américains et donner naissance au Nouvel Hollywood. Bientôt, compte tenu de la crise que traverse alors le cinéma, les studios n’ont d’autre choix que d’ouvrir leurs portes à de jeunes réalisateurs plus en phase avec le monde moderne. Les grands studios semblent tellement perdus qu’ils délèguent leurs pouvoirs à ces nouveaux metteurs en scène. Le Nouvel Hollywood est en marche.

    Warner Bros.

    Etats-Unis – années 1960

    Alors que l’Europe connaît avec la Nouvelle Vague et le Néo-réalisme italien un bouleversement sans précédent, le cinéma américain reste monolithique et n’est pas encore prêt au changement. Confrontés à des événements comme la guerre du Viêtnam, les mouvements contestataires de gauche, l'émergence des Black Panthers ou à de nouvelles sonorités émancipatrices, les jeunes générations américaines sont éprises de liberté et cherchent à changer l’industrie culturelle. A la télé, du sexe, du sang et de la peine. Au cinéma, un subterfuge d’une réalité sans nuance.

    Une nouvelle génération, libérée du conformisme des années 1950 et de la terreur rouge, montre le bout de son nez. C’est à ce moment qu’arrivent le mouvement des droits civiques, les Beatles, la pilule, le Viêtnam et la drogue. On sent alors les effluves du cannabis, mêlées aux gaz lacrymogènes jusque dans les villas de Beverly Hills. C’est l’heure du Flower Power. Tout ce qui est vieux est bon à jeter, tout ce qui est nouveau est évidemment extraordinaire.

    Au sein de cette génération contestataire, de jeunes réalisateurs prêts à tout remettre en cause, parmi lesquels Dennis Hopper : "Sur un plan spirituel, il se peut que nous soyons la génération la plus créative des dix-neuf derniers siècles… Nous voulons faire des films intimes, personnels, honnêtes… Les studios, c’est du passé. Ils n’ont plus maintenant qu’à devenir de simples sociétés de distribution pour des producteurs indépendants". Ce n’était alors pas simplement le Dennis Hopper sous acide qui s’exprimait depuis le sommet de sa gloire mais également le porte-flambeau de toute une génération. Il contribua à montrer que l’on pouvait laisser les metteurs en scène jouir d’une véritable liberté de création : faire un film original et avoir du succès était désormais possible.

    STUDIOCANAL.Tous droits réservés.

    La naissance de la boîte de production indépendante BBS Productions n’est pas étrangère au phénomène. Désormais, il n’y a plus de cloisonnement, de hiérarchie : les gens ont la possibilité d’être à la fois réalisateur, producteur et acteur, ce qui n’avait jamais été fait par le passé. Chacun a alors sa chance, même les personnes les plus étranges et les plus excentriques.

    Dans l’histoire du cinéma, Le Nouvel Hollywood fait figure de séisme. Le cataclysme se produit en 1967 avec la sortie de Bonnie and Clyde et Le Lauréat. Puis, dans la foulée : 2001 : l'odyssée de l'espace (1968), Rosemary's Baby (1968), Macadam Cowboy (1969), La Horde sauvage (1969), Cinq pièces faciles (1970), French Connection (1971), Ce plaisir qu'on dit charnel (1971), John McCabe (1971) et enfin Le Parrain (1972).

    D.R.

    Le Nouvel Hollywood venait de naître, initié par une nouvelle génération de cinéastes, qui, pour la première fois dans l’histoire du cinéma américain, subtilisaient le pouvoir aux éminents studios. Jusqu’alors, aucun réalisateur n’avait profité d’autant de pouvoir, de prestige et de prospérité. La priorité de ces metteurs en scène : faire passer avant toute chose l’intégrité de leur style.

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