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    Jean-Claude Brisseau : le directeur de la Cinémathèque explique le report de la rétrospective

    Le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud a expliqué les raisons du report de la rétrospective consacrée au réalisateur Jean-Claude Brisseau, initialement prévue pour janvier 2018.

    La Cinémathèque française

    La rétrospective de la Cinémathèque française consacrée au cinéaste Jean-Claude Brisseau, prévue pour le mois de janvier 2018, est finalement reportée. Après les contestations ayant entouré la rétrospective Roman Polanski, le directeur de la Cinémathèque française Frédéric Bonnaud a expliqué au micro de Médiapart les raisons de ce report. Rappelons que Brisseau fut condamné en 2005 et 2006 pour harcèlement sexuel envers trois actrices :

    "[Les organisations] La Barbe et Osez le féminisme ont gagné, car nous ne sommes pas de taille à lutter : nous ne sommes que la Cinémathèque française. Même si j'estime que nous avons été courageux et que nous n'avons pas cédé à la censure et à l'interdiction [sur la rétrospective Polanski], on ne peut pas faire ça tous les mois, car mettre 10 gardes du corps dans le hall pour que la personne que l'on invite ne se fasse pas casser la gueule, ça coûte 10 000 euros. Moi les 10 000 euros, on me demande de restaurer des films avec, je ne suis pas Fort Apache ou le GIGN. Donc je recule. On fera la rétrospective Brisseau quand on pourra montrer les films de Brisseau dans ce pays sans que ça fasse un drame".

    "Tout le monde cherche le Weinstein français"

    Dans un contexte où la parole est libérée pour dénoncer le harcèlement et les violences sexuelles dans tous les domaines suite à l'affaire Harvey Weinstein, Frédéric Bonnaud déclare que "tout le monde cherche le Weinstein français, et trouve Roman Polanski ou Jean-Claude Brisseau". Retrouvez l'intervention de Bonnaud dans son intégralité sur Médiapart :

    Le directeur de la Cinémathèque française a ajouté qu'il s'était "auto-censuré" sur la venue initialement prévue du cinéaste Bernardo Bertolucci. L'actrice Maria Schneider avait déclaré en 2007 s'être sentie "violée" par Marlon Brando lors du tournage une scène du Dernier tango à Paris, signé Bertolucci. Du fait de ces déclarations, Bonnard a décidé d'annuler la venue du cinéaste à Paris :

    "Au mois de mars nous avons un tout petit festival qui s'appelle Toute la mémoire du monde sur le film restauré. On vient de restaurer 1900 de Bernardo Bertolucci. (...) [Il] vit à Rome, est-ce que je vais l'inviter ? Eh bien non, je ne vais pas faire venir Bernardo Bertolucci pour qu'il se fasse traiter de violeur par des demi-folles alors que c'est un immense cinéaste qui n'a jamais violé personne lui au moins, on en est sûr (...). Donc je m'auto-censure, et je n'invite pas Bertolucci. Brillante victoire des soi-disantes féministes".

    Bonnaud conclut:

    "[A la Cinémathèque] on ne produit rien. On ne choisit rien, on ne sélectionne rien. On nous reproche le manque de réalisatrices, mais nous n'y pouvons rien car nous sommes au bout de l'échelle. C'est comme dire au Musée du Louvre "il y a peu de femmes dans la peinture flamande du XVIIème siècle", oui c'est vrai, et on peut expliquer pourquoi anthropologiquement, mais en faire le reproche au directeur du Musée du Louvres c'est ridicule".

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