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    Diane a les épaules : "Une sorte de mélange entre Sigourney Weaver et Mel Gibson dans L'Arme fatale !"

    Dans "Diane a les épaules", Clotilde Hesme incarne un personnage solaire ayant accepté de porter l’enfant de Thomas et Jacques, ses meilleurs amis. Une comédie lumineuse abordant la question de la GPA. Rencontre avec l'équipe de ce premier long.

    Haut et court

    AlloCiné : Avec cette question de la GPA en toile de fond du film, on pourrait se dire, a priori, que Diane a les épaules va être un film manifeste ou u film-sujet, mais finalement, ça n'est pas ça. Quelle était votre intention? 

    Fabien Gorgeart, scénariste et réalisateur : Que ce soit un film manifeste effectivement, c'est une chose qui m'a un peu hanté pendant toute l'écriture et la conception du film pour que ça ne le soit pas. Je me suis lancé dans cette histoire en étant un peu comme Diane, c'est à dire avancer tête baissée avec l'envie d'un personnage qui fait ça sans se poser de questions sur le jugement qu'on doit en avoir. Je voulais être comme elle et je l'étais naturellement en réalité. Donc ce qui était le plus important était de garder cette ligne, d'être au-delà de l'étendard ou du manifeste ou du pamphlet, et d'être justement à l'échelle très singulière d'un personnage qui fait ça.

    Qu'est ce que ça raconte d'elle ? Qui sont ces gens qui sont autour d'elle et impliqués dans cette histoire ? A partir du moment où l'on tenait cette ligne et qu'on restait à ce niveau. C'était le pari qu'on ne soit pas dans un film manifeste, mais un film à la hauteur de personnages. Qu'est ce que ça raconte au-delà de la GPA, des liens qui se réinventent, un personnage de femme, quelle liberté elle a pour pouvoir faire ça ? Qu'est ce que ça raconte d'une amitié ? D'une histoire d'amour ?

    Haut et Court

    Clotilde Hesme, comédienne : Pour moi ce qui était intéressant, c'était d'avoir écrit un personnage féminin qui n'est pas dans les codes des clichés sur la féminité. Une féminité un peu desaxée. Un auteur qui met dans la bouche d'une femme « je peux séparer ma tête de mon ventre », c'était génial d'avoir ce regard sur une femme. Oui, on dépassait la question du genre et ça me plaisait bien.

    Et c'est une femme pour laquelle l'instinct maternel n'est pas une évidence…

    C.H. : C'est important de montrer des personnages de femme comme ça aujourd'hui. En tant que femme, à la trentaine, dans cette société, on est vite rattrapée par une espèce de diktat, de pression comme ça, l'air de rien, de faire des enfants. C'est bien aussi de montrer des personnages qui ne s'épanouissent pas dans la maternité et n'ont pas l'instinct maternel évident.

    Je lisais, à propos d'un de vos précédents courts métrages, que c'était comme une référence, un mini-remake à Rio Bravo. S'il fallait trouver une ou des références, parallèles, pour ce long métrages, lesquelles citeriez-vous ?

    F.G. : Pas de manière aussi directe que pour ce court, mais il y a eu comme ça des films qui ont un peu hanté, notamment cet extrait qu'on voit dans le film : on les voit en train de regarder Le Fils du désert de John Ford. C'est un film dans lequel trois hommes sont en charge d'un enfant que leur lègue une femme qui est en train de mourir. John Ford est un réalisateur sur lequel je réfléchis. Je trouve que son travail donne des clés. Mais il n'y a pas vraiment de références directes.

    Le personnage de Diane est pour moi, mais c'est purement théorique, une sorte de mélange entre Sigourney Weaver et Mel Gibson dans L'Arme fatale, parce qu'elle se déboite l'épaule ! Je voulais qu'il y ait un personnage comme ça, bigger than life. Il y a presque une logique de film d'action dans un film qui ne l'est pas. Dans les mécanismes des personnages, il y a aussi du Rohmer, des personnages qui sur-affirment quelque chose d'eux mêmes et qui vont aller au bout de leur logique, combien même elle va s'effriter un peu. Mais j'avais envie de quelque chose de très simple, qu'on croit en ces personnages sans qu'on n'ait à surinvestir des passés, qu'il y ait des connivences qui font qu'on croit à ces personnages. 

    Petit Film

    Est-ce que vous aviez justement Mel Gibson ou Sigourney Weaver en tête en jouant votre personnage ?

    C.H. : Non, pas littéralement (rires). Ce ne serait pas évident de se dire : « tiens, dans cette scène je suis Sigourney... » Mais c'est dans le rapport au physique, au corps qui se transforme, dans un rapport plus burlesque au jeu, beaucoup moins intérieur et psychologique.

    Justement, jusqu'à présent, on vous a plutôt vue dans des films plus mélancoliques, et en vous voyant dans ce film, on a presque envie de se dire : enfin !

    C.H.: Ben, moi aussi (rires) !

    On entend souvent parler d'étiquette, de case…

    C.H. : Oui, mais après, c'est peut être ce que je renvoyais comme signe. Mais j'ai le sentiment aussi d'avoir fait des choses différentes. Après, la comédie, peut être que j'en ai moins fait parce que j'avais moins envie de certains rôles féminins dans certaines comédies. Nous, ce qui est chouette, c'est qu'il y a un rapport de connivence avec le personnage de Diane. Fabien n'est pas un réalisateur qui filme son actrice parce qu'il en est amoureux. C'est toujours quelque chose que j'ai fui. Je n'aurai jamais pu faire une comédie ou un rôle comme ça avec une certaine relation. Il y a quand même des metteurs en scène qui ont besoin de filmer l'objet de leurs désirs. Là ce n'est pas le cas. Cette question de genre troublée est quelque chose qui m'a plu dès le départ.

    F.G. : C'est vrai, c'est quelque chose que j'ai envie d'affirmer et de défendre. Il y a beaucoup d'hommes qui font des personnages principaux féminins, mais parce que c'est aussi un objet de leur désir. Truffaut, par exemple, en parlait toujours comme ça. Çà fait de très beaux films. Mais je n'avais pas envie de ça.

    Comme je savais que mon personnage principal serait féminin, j'avais envie que ça passe par une forme d'égalité et de connivence, pas de désir. Par exemple, un réalisateur que j'aime énormément, c'est Almodovar et il arrive à faire des personnages féminins parce qu'il passe au-delà de la case du désir. Il fallait que je m'autorise ça pour réussir ce personnage.

    Haut et court

    Vous, à l'inverse, Grégory, on vous a plutôt vu dans des comédies jusqu'à présent, et un peu moins dans d'autres genres…

    Grégory Montel, comédien : Eh ben, c'est vrai ! (rires) Mais la semaine prochaine, je fais un tueur de sang froid, avec Jacques Maillot ! Clotilde, tu ne renvoies pas quelque chose de mélancolique. Mais moi je renvoies de la bonhomie, un truc comme ça, et ça je n'y peux rien.

    C.H. : Mais toi ton clown, tu l'as trouvé très vite.

    G.M. : Ce n'est pas mon clown, je n'en sais rien, mais je me débattrai toute ma vie contre ça ! Mais j'adore la comédie, c'est ma passion. Si je suis fier d'une chose, c'est de savoir que je peux éventuellement faire rire. Mais s'il y a bien un truc qui est excitant, c'est quand même d'aller chercher autre chose que ce qu'on connaît de vous.

    F.G.: C'est vrai que pour un comédien, c'est flippant cette histoire de case. Du coup, il faut compter sur l'envie d'autres de casser ces cases. Ça ne tient pas qu'à soi.

    Thomas, vous aviez déjà collaboré dans le passé avec Fabien Gorgeart, et c'est ça qui est assez joli dans ce film, c'est un peu comme si c'était une synthèse de votre premiers courts métrages, que ce soit dans les sujets, ou par rapport aux acteurs auxquels vous avez fait appel, mis à part Grégory…

    Thomas Suire, comédien : Oui, 10 ans après le premier court métrage ensemble. Pour moi, c'est hyper émouvant parce que c'est une histoire d'amitié, de travail. De voir des graines qu'on plante, qui germent, qui poussent, et de voir ce que ça peut apporter par la suite, ça fait d'autres petites graines ! Et puis il y a une énorme partie de l'équipe technique, de l'équipe de production qui est là depuis le court métrage. Fabien sait vraiment s'entourer de bonnes personnes. C'est très touchant. On a tous hâte de faire le prochain !

    La bande-annonce de Diane a les épaules, à l'affiche ce mercredi :

     

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