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    New York, la mafia, la religion... Le cinéma de Martin Scorsese
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    La Mafia, New York, la famille, la religion, le Rock'n Roll, la violence, la cinéphilie... Retour sur l'univers et les thèmes fétiches du grand cinéaste, qui souffle ses 75 bougies aujourd'hui.

    Universal Pictures

    La religion

    Martin Scorsese l'a toujours dit : s'il n'avait pas embrassé une carrière de cinéaste, il serait probablement devenu prêtre. "Il y a un prêtre qui a vraiment beaucoup compté pour moi, le père Principe. Il avait 23 ans, et c'était son premier diocèse. C'est lui qui nous a expliqué, à mes amis et à moi, qu'on pouvait anticiper l'avenir. Il nous a fait découvrir différents styles de musique. C'était aussi un fondu de cinéma" raconte Scorsese.

    Elevé au sein d'une famille croyante, la religion a laissé une trace indélébile chez lui, au point d'en faire l'un des thèmes majeurs de ses films. Dès Who's that Knocking at My Door, on se souvient que le personnage principal, J.R., se blesse la lèvre en embrassant un crucifix. Ses films sont toujours empreints d'un aspect métaphysique purement religieux. La loyauté envers une force supérieure, une certaine forme de fascination pour les comportements masochistes, les épreuves tant physiques que spirituelles, peuplent l'univers des films scorsesiens, et se rapprochent d'une certaine idéologie catholique, notamment la notion de souffrance, voire de martyr, destinée à expier ses fautes et ses péchés. En ce sens et à ce titre, Silence est une oeuvre somme de toutes les interrogations du cinéaste sur la religion et par extension la foi; peut-être son film le plus personnel.

    Ci-dessous, Scorsese évoquait justement la foi avec nous lorsque nous l'avions rencontré pour "Silence"...

    Parmi les thèmes issus de la religion et exploités par Martin Scorsese, on retrouve la crucifixion, comme celle de David Carradine dans Bertha Boxcar et bien sûr celle de Willem Dafoe dans La Dernière tentation du Christ. Mais c'est aussi l'un des terribles châtiments réservés à ceux qui se convertissent clandestinement à la religion catholique dans le Japon féodal de Silence. La rédemption est aussi et souvent au coeur des récits de ses films; ses personnages cherchent à se laver de leurs fautes et de leurs péchés. Lorsque Travis Bickle, alias Robert De Niro, décide de libérer la ville de New York de ses malfrats, il s'agit en réalité de sa propre libération, qui passe par le sauvetage d'une jeune prostituée mineure (Jodie Foster) dans un véritable bain de sang. Si dans La Dernière tentation du Christ le symbole est évident (le Christ accepte finalement d'accomplir son destin en mourant sur la croix pour expier les péchés des hommes), c'est aussi le cas dans Casino : "Une ville comme Las Vegas nous lave de nos péchés" entend-on dans le film. Même le personnage incarné par Nicolas Cage dans A tombeau ouvert est une sorte de Christ des temps modernes : il sillonne les rues de New York à bord de son ambulance, en quête d'un pouvoir salvateur qui ne viendra jamais, incapable d'accomplir le moindre miracle.

    Ci-dessous, la bande-annonce de "Silence"...

     

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