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    Transferts : Arieh Worthalter revient sur son incroyable prestation dans la série d'Arte

    A l'occasion de la diffusion des ultimes épisodes de "Transferts" ce jeudi, nous partageons notre rencontre avec Arieh Worthalter, le héros de la série d'anticipation d'Arte récompensé à Séries Mania pour son incroyable prestation dans le show.

    Laurent Thurin-Nal/Laetitia Lagache

    Lauréat de la meilleure interprétation masculine dans une série francophone lors de la 8ème édition du festival Séries Mania en avril 2017, Arieh Worthalter revient avec nous sur son double rôle dans Transferts. L’acteur y campe Florian, un père de famille dans le coma qui se retrouve - grâce aux miracles de la technologie et aux progrès de la médecine - , dans le corps de Sylvain, un policier chargé de traquer les "transferts" illégaux. Cette situation peu banale génère une crise identitaire chez notre héros partagé entre ses "deux vies".

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    Arieh, ce rôle fut-il l’un des plus durs que vous ayez eu à entreprendre et à vous approprier ?

    Arieh Worthalter : L'équipe m’a apporté la possibilité de tourner dans une série durant trois mois. Ça a été formidable en tant qu’acteur d’avoir la possibilité de construire un rôle évolutif auquel je pouvais apporter mes propres choix. C’était à la fois excitant mais également dangereux. Des choix que tu fais devant la caméra dépendent directement de la justesse de ton personnage à l’écran. D’ailleurs, les choix les plus justes sont souvent les plus simples. Mais ça demande du travail et de l’élagage. C’est l’école qui continue et je ressens ça à chaque tournage. Quand je lis un scénario, je me demande ce que cela me pousserait à faire, devant penser et explorer de nouvelles choses dans mon jeu.

    Beaucoup de préparatifs et d’ajustements ont été nécessaires pour retranscrire à l’écran cette dualité que vous incarnez dans la peau de Sylvain/Florian ?

    Oui et surtout il a été primordial de travailler sur mes angoisses pour exprimer ces troubles d’identités relatifs à ce sentiment d’appartenance. J'ai dû me demander comment m’approprier un rôle comme celui-ci, pour ce faire développer mes gammes a été une priorité et essayer également des choses en tant qu’acteur, afin de façonner mon jeu. Le travail physique m’a beaucoup aidé à construire ce rapport extérieur/intérieur. Au départ, en lisant le script, je ne m’attendais pas à avoir une telle préparation physique, me disant que ça allait aller mais pas du tout (Rires). Régime alimentaire spécifique, Cross Fit intensif cinq fois par semaine… Le tournage des scènes ne s’est pas fait dans l’ordre chronologique de la narration, un défi de taille. Transferts est découpée en 3 étapes au niveau de l’évolution de Florian/Sylvain. Il était important que le changement physique du personnage soit marqué, que je sache où j’en étais par rapport au corps, à la gêne et aux habitudes physiques. Le régime alimentaire, l’entraînement physique m’ont permis justement de me dissocier de mon identitaire d’Arieh, me rapprochant de cet état de torpeur. Ce n’était pas d’avoir un corps que tu vois dans les magazines qui m’était demandé, mais un corps duquel émanait de la rage. Les réalisateurs voulaient qu’il y ait ce contraste entre les deux personnes : Florian, ce paisible ébéniste, et Sylvain, un personnage brut, violent, dégageant de la puissance.

    Laurent Thurin-Nal

    Donc une aventure qui a été riche d'enseignements ?

    Oui ce fut très riche en enseignements, mais pas toujours aux mêmes endroits. Parfois, tu as un projet qui le sera car la recherche que tu vas faire autour du personnage est très dense. D'autres fois, c’est émotionnellement que se trouvera cette richesse. Ce fut une année très forte pour moi placée sous le signe de l’identité. Il y a eu cette pièce de théâtre que j’ai faite avec un ami parlant de tous mes voyages, et prochainement sortira le film Razzia qui traite des questions identitaires au Maroc.

    Y a-t-il une volonté de continuer dans des rôles qui explorent l’aspect identitaire ou éventuellement de se tourner vers le cinéma américain ?

    Je veux travailler avec des gens qui m’intéressent, souhaitant raconter des histoires. Je ne cherche pas quelque chose de précis, toutefois le cinéma d’auteur me plairait le plus. Parler des Hommes est une chose importante pour moi, c’est ce qui me fait vibrer. Je ne cours pas après la gloire, juste me faire plaisir et être touché par ce que je fais. Je veux que ce soit une aventure, une expérience.

    Êtes-vous plus Florian ou plus Sylvain ?

    Un mix des deux je dirais, mais des traits de Sylvain sont forts en moi. Un constat troublant d’ailleurs que j’ai eu en jouant ce rôle. Une colère en moi que j’ai pu ressentir, tout en étant à la fois humain et pacifique comme peut l’être Florian.

    Une scène de la série qui vous a le plus marqué ?

    La première chose qui me vient en tête, ce sont les scènes jouées avec le personnage de Mareuil. J’ai adoré donner la réplique à Patrick Descamps. Mais après … difficile à dire, il y en a pas mal. Jouer avec Pili Groyne a été insolite, un adulte coincé dans le corps d’une fillette, tu avais intérêt à faire attention (Rires). Elle dégageait quelque chose de très naturel, très fort. Au fur et à mesure du tournage, cela a changé. Mais les séquences où je dois dissimuler mon identité dans la série ont été vraiment dures, pouvoir interpréter Sylvain Bernard fut pour moi une forme de relâchement du personnage.

    Laurent Thurin-Nal

    Cette série a-t-elle une vocation instructive apportant un regard sur notre société ?

    Cela émane d’une envie des créateurs à vouloir parler de la société selon moi. L’anticipation a été perçue comme une vision de la société et pas comme une gratuité de la science fiction.

    Patrick Benedek, l'un des créateurs s’est joint à notre discussion : L’anticipation est une façon, par analogie, de parler de la société d’aujourd’hui. C’est cela qui nous tenait à cœur. La littérature d’anticipation parle elle aussi de thématiques sociétales. C’est toujours une déviance et/ou transgression de la société qui est mise en avant, dans des époques où ce n’est pas dans les mœurs.

    Selon vous, est-ce une bonne chose que l’Homme puisse avoir accès à cette boîte de Pandore ?

    Il ne faut plus se poser la question de savoir si c'est une bonne ou mauvaise chose. C’est ancré dans notre société. L’avancement technologique d’aujourd’hui ne nous permet pas de revenir en arrière. On a ce pouvoir. La bonne question à se poser est donc de savoir ce qu'il faut en faire. Transferts pose la thématique suivante : comment gérer les technologies que l’on a en terme de démographie, de politique migratoire, de clivage social... L’idée est d’ouvrir ensemble un dialogue sur ces thématiques, c’est ce qui selon moi est transmis. La fin de la saison laisse justement place à cette réponse de Florian/Sylvain face à ces grandes questions sur les croyances et les idéaux.

    Une saison 2 est-elle en préparation ?

    Patrick Benedek : Arte n’est pas opposée à cette idée, mais cela dépendra globalement de l’accueil du public. Nos premiers retours à Séries Mania ont été encourageants, nous espérons qu’il en sera de même lors de la diffusion sur Arte. Captiver et séduire notre auditoire reste notre priorité. Si Transferts rencontre le succès escompté, nous aurions d’autres choses à raconter.

     Arte diffuse ce jeudi 23 novembre dès 20h55 les trois derniers épisodes de Transferts.

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