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    Marvel’s The Punisher : Autant de violence était-elle nécessaire ?
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Experte en binge-watching et plateformes de streaming, Chaïma Tounsi s’amuse tous les soirs à zapper sa télécommande sur Netflix, Disney+, Canal+...

    La série Marvel’s The Punisher est entrecoupée de scènes violentes où le justicier joué par Jon Bernthal se déchaîne. Une ultra violence gratuite ou qui sert au développement de l’intrigue et du personnage ?

    marvel netflix

    Attention cet article contient des spoilers sur la saison 1 de Marvel's The Punisher.

    Derrière le Punisher, justicier Marvel sombre et violent, se cache Frank Castle, un homme meurtri depuis le décès de sa femme et ses enfants. Un vétéran de guerre qui a commis des exactions en Afghanistan et qui doit vivre avec ça sur la conscience. Un soldat qui cherche à se venger et à nettoyer les rues de New York. Avec un tel personnage, la série de Netflix ne pouvait qu’être à son image : brutale, sanguinaire et sans compromis. A chaque épisode sa fusillade, ses os qui craquent, ou son sang qui coule. A ce titre, l’épisode 12 de la saison 1 est particulièrement dur à regarder : pendant plus de 30 minutes, le héros campé par un Jon Bernthal impeccable, est torturé tant psychologiquement que physiquement.

    Toucher le fond pour mieux se relever 

    Bien que contestable et considérée par certains comme "barbare", cette violence n’est pas si gratuite que ça : le showrunner Steve Lightfoot emmène son personnage là où aucun héros Marvel à la télé (même Daredevil) n’a été. Au seuil de la mort, Castle est prêt à rejoindre femme et enfants dans l’au-delà, quitte à mettre fin à sa vendetta personnelle. Jusqu’au moment où sa main lâche celle de sa bien-aimée. Car même à moitié mort, le Punisher dont le logo est un crâne, a besoin justement de cette douleur pour aller jusqu’au bout de sa mission, d’oublier son côté humain pour faire parler son instinct primaire. L’ultra violence est un exutoire pour lui, un moyen d’extérioriser sa peine pour survivre. C’est donc un mal "nécessaire" pour le spectateur qui en est le témoin direct.

    Capture d'écran

    Le showrunner a bien évidemment défendu son parti pris. Dans un pays secoué par de récentes fusillades et où le port d’armes divise toujours autant, Marvel’s The Punisher avait de quoi créer la polémique. Lightfoot a ainsi déclaré à Vulture : "Pour moi, il était clair qu’on ne pouvait pas faire une série non-violente sur le Punisher. Mais on montre quel est le prix de cette violence. On la rend réelle et on ne prend pas ça à la légère. On devait montrer Frank en payer les frais, qu’il ne s’en sorte pas indemne. Il souffre physiquement et émotionnellement après chacune de ces scènes".

    Des personnages en guerre et la question du trauma

    L’ultra violence peut être expliquée par une autre raison : certains personnages sont toujours en guerre. Plus qu’une série de super-héros, Marvel’s The Punisher parle du traumatisme vécu par bon nombre de vétérans. Un trauma qui ne touche pas seulement Castle et qui prend surtout le visage du jeune Lewis Walcott (Daniel Webber) dont la rage est perceptible dès notre première rencontre avec le personnage. Cet ancien soldat va très vite adhérer aux idées de l’extrême droite et devenir un terroriste poseur de bombe. C’est pour lui une manière de ramener la guerre à la maison, lui qui ne l’a jamais quitté. Billy Russo (Ben Barnes) quant à lui n’est pas en paix avec lui-même : à travers son agence paramilitaire, il est toujours dans le feu de l’action et aime le goût du sang. Il est aussi viscéral que Castle, en témoigne leur face-à-face final, sanglant à souhait.

    Marvel's The Punisher en 5 scènes marquantes (et sanglantes)

    Marvel's The Punisher en 5 scènes marquantes (et sanglantes)

    Mais il faut attendre la toute fin de la série, alors que le Punisher a mené sa vendetta à bien, pour comprendre l’état d’esprit de ces vétérans qui ont connu l’enfer. Castle déclare ainsi : "Tant que j’étais à la guerre, je ne pensais jamais à ce qui arriverait ensuite. A ce que je ferais quand ce serait fini. Mais voilà, c’est peut-être le plus dur ce silence. Le silence quand les armes se taisent. Oui, comment on vit là-dedans ? Je crois que c’est ce que vous tentez de comprendre. Ce que vous essayez de faire. Vous y travaillez. Je le respecte. Si vous vous regardez dans la glace, vraiment, il faut accepter qui vous êtes. Mais pas uniquement vous, c’est valable pour tout le monde. C’est la première fois depuis longtemps que ne suis pas en guerre. Et je vais être franc, j’ai peur".

    De cette ultra violence est né un héros, conscient de ses défauts mais empreint de moralité. Alors que dans les comics le Punisher était un justicier sans foi ni loi responsable de la mort de plus de 48 000 personnages, la série Netflix lui offre une sorte de rédemption.

    Et vous qu'en pensez-vous ?

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