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    "On a vu l’effondrement des partis politiques. Baron Noir montre comment et pourquoi."

    Révélé notamment par "L'Attentat" et plébiscité pour "L'Insulte", le réalisateur libanais Ziad Doueiri est également aux manettes sur "Baron Noir" dont la saison 2 débute ce 23 janvier sur Canal Plus. Rencontre.

    Canal +

    AlloCiné : Baron Noir reprend ce 23 janvier sur Canal Plus avec la saison 2. Que peut-on en attendre ?

    Ziad Doueiri (réalisateur) : C’était pour moi un voyage extraordinaire de faire ces deux saisons. C’était un travail enrichissant à un point que vous n’imaginez pas. Les producteurs sont venus me chercher après L’Attentat, moi un réalisateur libanais qui ne connaît rien en politique française. Et c’est une série tellement pointue ! Quand j’ai lu la première saison, je ne comprenais pas la moitié du scénario… Mais il y avait une dimension humaine fascinante sur les personnages de Kad Merad, Niels Arestrup et Anna Mouglalis. La manipulation, les couteaux dans le dos, les magouilles : c’était incroyable ! Et travailler avec ces comédiens était vraiment magnifique. Il y a dans cette série un conflit qui m’intéressait. Ce qui m’intéresse également, c’est que la série ne parle pas d’une petite histoire, mais de l’histoire d’un pays. On a vu l’effondrement des partis politiques. Baron Noir montre comment et pourquoi. La deuxième saison montre ce qui se passe en coulisses et reste focalisée sur l’interne. Que se passe-t-il à L’Elysée, à Solferino, chez les députés…

    La série a une vraie dimension cinématographique, une vraie ambition visuelle…

    L’Insulte (attendu au cinéma le 31 janvier, NDLR) est issu de Baron Noir en terme de réalisation. J’ai essayé énormément de choses sur Baron Noir, que j’ai ensuite réappliqué dans L’Insulte. Et ce que j’ai appris sur L’Insulte, je l’ai appliqué sur la deuxième saison de Baron Noir. La progression de style, vous la voyez vraiment à l’écran. Elle trouve sa source dans L’Attentat mais j’ai continué à développer cette idée de moving master, de caméra en mouvement, en steadycam. C’est même presque devenu compulsif dans ma mise en scène. La caméra ne s’arrête pas de bouger. Baron Noir est une série très dialoguée, comment offrir une approche visuelle et cinématographique en évitant le champ/contrechamp ? J’ai pris le parti de bouger constamment la caméra du début à la fin d’une scène. Et dans Baron Noir saison 2, ça n’arrête pas !

    Vous utilisiez le terme "compulsif". Cela correspond bien au personnage de Philippe Rickwaert, campé par Kad Merad. Un manipulateur compulsif fascinant…

    Il ne peut pas s’empêcher d’être Philippe Rickwaert, en fait. C’est un personnage qui agit mal, mais on s’attache à lui, on a de la sympathie pour lui. Il magouille, il a un ego démesuré, mais il se bat pour les ouvriers. Dans la saison 2, il se bat pour sauver la gauche. Il a toujours de grands principes. Mais il les défend à travers une manipulation totale et des coups toujours très louches. C’est un machiavélique. Mais on l’aime. C’est ce qui est intéressant. Il fallait toujours que je garde ça à l’esprit dans la réalisation de ces épisodes. C’est cette ambivalence que j’aime beaucoup dans Baron Noir. Je suis très fier de cette série, vraiment. Plus largement, c’était une expérience magnifique pour moi : on n’apprend jamais autant sur un pays qu’en travaillant avec les gens. J’ai étudié dans une école française, je connais la culture française, mais ce n’est pas au musée, sur les Champs-Elysées ou dans un restaurant qu’on apprend à connaître un pays : c’est en travaillant avec les gens, avec le peuple. C’est par ce biais qu’on comprend la culture d’un pays, avec ses qualités et ses défauts. Pour moi, Baron Noir n’est pas seulement une œuvre, c’est une expérience très personnelle d’un pays.

    "L'Insulte" de Ziad Doueiri, en salles le 31 janvier

     

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