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    Pentagon Papers : qui était Kay Graham, l'éditrice du Washington Post jouée par Meryl Streep ?

    Dans "Pentagon Papers", sorti dans les salles ce mercredi, Meryl Streep incarne Katharine Graham, qui fut l'éditrice du Washington Post de 1963 à 1979, pendant les scandales des Pentagon Papers et du Watergate. Retour sur sa véritable histoire.

    DR / Universal Pictures International France

    Le 3 août 1963, le mari de Katherine Graham, Phil, se suicide avec un fusil de chasse de calibre 28. C'est alors que Kay - c'est ainsi que tout le monde l'appelle - se retrouve propulsée à la tête du Washington Post, journal qui appartient à sa famille, devenant l'une des premières femmes à diriger une entreprise de premier plan aux États-Unis. 

    Kay Graham est née Katharine Meyer en 1917. La jeune femme étudie les lettres et le journalisme, au Vassar College puis à l'Université de Chicago. En 1933, son père, Eugene Meyer, banquier promu depuis quelques années gouverneur de la réserve fédérale, achète aux enchères The Washington Post, un quotidien régional alors en faillite et tiré à seulement 50 000 exemplaires. Katharine Meyer, qui a d'abord travaillé comme reporter pour un journal de San Francisco, entre au Washington Post en 1939. Suite à son mariage avec Phil Graham, jeune diplômé de droit qui occupe alors un poste d'assistant juridique, elle arrête de travailler et se dévoue à son mari et à ses enfants, bientôt au nombre de quatre.

    Après la seconde guerre mondiale, Eugene Meyer devient le premier président de la Banque mondiale. C'est donc, en toute logique pour l'époque, le mari de Katharine, Phil Graham, qui le remplace. Nous sommes en 1946 : il devient éditeur du journal et hérite de la majeure partie des parts de l'entreprise familiale. A Katharine, son père dira : « Un homme ne doit pas être mis dans la situation de devoir travailler pour sa femme. »

    Proche du président Kennedy et du vice-président Johnson, Phil Graham est une personnalité influente de Washington DC au début des années 1960, mais il souffre de troubles maniaco-dépressifs et il est hospitalisé à de nombreuse reprises. C'est pendant un week-end où les psychiatres l'ont autorisé à passer quelques jours loin de l'hôpital qu'il met fin à ses jours, à l'été 1963. 

    "Un homme ne doit pas être mis dans la situation de devoir travailler pour sa femme." (Eugene Meyer à sa fille Kay Graham)

    Kay Graham assure la succession, élue par le conseil d'administration présidente de la compagnie. Elle est la seule femme dans un milieu d'hommes et il lui est d'abord difficile de s'imposer. C'est elle qui, en 1965, recrute Benjamin Bradlee (incarné par Tom Hanks dans Pentagon Papers) à la rédaction en chef du Post

    En 1971, éclate l'affaire des Pentagon Papers : le New York Times commence à publier les résultats classés secret défense d'une enquête commandée par Robert McNamara, secrétaire à la Défense, concernant le conflit au Vietnam. Les documents sont édifiants et révèlent que depuis des années, les Etats-Unis engagent un peu plus d'homme dans la guerre en sachant pertinemment qu'elle est perdue d'avance. Immédiatement, le gouvertement saisit la justice et le New York Times se trouve sous le coup d'une interdiction de publier. C'est à Kay Graham que revient donc la décision de prendre la relève et de faire paraître, ou non, la suite de l'étude dans le Post.

    Alors que le journal s'apprête à entrer en bourse et que les investisseur s'opposent vivement à la publication, alors même qu'elle est une amie intime de Robert McNamara en personne, Kay Graham prend l'initiative audacieuse et courageuse d'autoriser la publication, initiative qui sera suivie par tous les quotidiens nationaux. C'est également dans le Post que sera publiée, l'année suivante, l'enquête de Bob Woodward et Carl Bernstein démontrant l'implication de l'administration présidentielle dans le scandale du Watergate, qui entraînera la démission du Président Nixon. 

    En 1974, Kay Graham est la toute première femme élue au conseil d'administration de l'agence Associated Press. Elle reste éditrice du journal jusqu'en 1979, moment où son fils Donald prend sa suite et préside The Washington Post Company jusqu'au début des années 1990. Elle décède en 2001, à l'âge de 84 ans. Comme elle le désirait en reprenant les rênes de l'entreprise il y a cinquante-cinq ans, le journal est toujours dans la famille. 

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