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    Les Affamés : "Les films de zombies, c'est très cathartique"

    Lors du Festival de Gérardmer, où il a gagné le Prix du Jury, on a rencontré Robin Aubert, le réalisateur québécois de l'excellent film de zombies "Les Affamés". En toute simplicité, on a parlé de son film, de zombies et de films de zombies.

    Netflix France

    AlloCiné : Pourquoi faire un film de zombies ?

    Robin Aubert : Pourquoi pas ? Je pense que c'est en partie un rêve d'adolescent, de vouloir faire un film de zombies. Et peut-être que je n'y croyais pas vraiment, mais en discutant avec ma productrice, avec qui je travaille depuis des années, je parlais de plein de projets, et à un moment j'ai évoqué la possibilité d'un film de zombies. Elle m'a dit : « Il faut que tu le fasses, tu as des étoiles dans les yeux quand tu en parles. » Donc je suis parti de là pour Les Affamés, je me suis inspiré de mon coin de pays. Je l'ai écrit dans ma grange, donc j'étais entouré de ce vert qui est très présent dans le film. Je me suis aperçu, en faisant un film de zombies, que ça permet d'exprimer tout ce qu'on ressent face au monde. C'est plus sérieux que ce qu'on croit, il y a vraiment un regard critique porté sur la société.

    C'est vrai que le film de zombies, c'est peut-être l'un des sous-genres du film d'horreur les plus politiques.

    Exactement, c'est très politique ! Et je ne m'attendais pas vraiment à ça !

    Dans votre film, il y a une vraie strate de lecture très politique et très sociologique.

    Oui, bien sûr, et ce n'est pas pour rien qu'il y a du vert, comme ça, car la nature reprend le contrôle. Il y a une vraie critique de la consommation, avec ces immenses pyramides d'objets. C'est aussi une critique du Québec, sur l'exode rural, avec cette idée que les habitants des villages seraient les derniers qu'on tenterait de sauver. On ne part pas avec l'idée de faire un film politique, ça se construit naturellement. Il ne faut pas trop appuyer sur cette dimension, sinon on bascule dans la morale. J'ai voulu éviter ça à tout prix, je voulais que l'image parle, plutôt que les mots. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a certains mystères concernant le film que je n'arrive pas encore à comprendre moi-même, c'est un peu comme une toile abstraite.

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    La photographie et le travail sur le son sont très soignés. Comment est-ce qu'on réinvente le film de zombie, comment on se le réapproprie ?

    A mon avis, il ne faut pas partir avec l'idée de le réinventer. Il faut le faire en se demandant quel genre de film on voudrait voir, en y allant avec son style, sa personnalité, avec son cœur et sa tête. Il faut que tout ça soit naturel. Ensuite, c'est au public de décider si l'approche est novatrice ou pas. J'ai le sentiment que mes zombies s'apparentent beaucoup plus aux humains qu'à des figurants en latex. Peut-être parce que je suis chasseur, si je suis en forêt et que je suis poursuivi par un zombie, je vais vraiment avoir peur, mais si je suis poursuivi par des humains qui ont perdu la boule, alors je vais être carrément terrorisé. L'humain me fait peur, et en même temps j'ai beaucoup d'espoir car je trouve que les hommes ont une force unique, même dans les situations les plus tragiques, c'est l'humour.

    Selon vous, quel est le plus grand film de zombies jamais réalisé ?

    Pour moi, c'est Dawn of the Dead, le film de Romero qui se passe dans le centre commercial. Ma fille de quatre ans vous dirait que c'est Shaun of the Dead !

    Ah, il y a un petit conflit générationnel !

    Vous allez vous demander pourquoi ma fille de quatre ans regarde Shaun of the Dead, vous allez vous dire que je suis un mauvais papa…

    Pas du tout ! Qu'est-ce qui fait selon vous que le public a une telle appétence pour les films de zombies ?

    Je pense qu'il y a un côté très cathartique. C'est pour ça que les gens aiment se maquiller en zombie et faire des zombie walk. Parfois, j'ai l'impression qu'on est entourés de zombies, je crois que les gens se projettent assez facilement dans le personnage du zombie. Ca représente aussi la mort. Maintenant, la religion, en tout cas au Québec, est inexistante et on a perdu le contact avec la mort. Ce qui est sûr, c'est que ça reste un risque, de faire un film de zombies, c'est difficile d'être pris au sérieux et il faut vraiment y croire.

    Découvrez la bande-annonce des Affamés, disponible dès aujourd'hui sur Netflix : 

     

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