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    La Finale : comme un touchant écho à la situation personnelle de Thierry Lhermitte
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans "La Finale", Thierry Lhermitte incarne un grand-père atteint par la maladie d'Alzheimer, au sein d'une famille bouillonnante. Un rôle qui résonne comme un touchant écho à la vie l'acteur, atteint depuis plus de 10 ans de prosopagnosie.

    Emmanuelle Jacobson-Roques

    En salle ce mercredi, La Finale narre les (més)aventures de la famille Verdi. C'est que tous ses membres sont aux petits soins avec le grand-père, Roland, atteint de la maladie d'Alzheimer. Tout le monde en fait, sauf JB, l'ado de la famille (Rayane Bensetti), qui est surtout motivé pour aller à Paris disputer sa finale de basket. Mais ses parents, bloqués ce week-end-là, lui demandent d’y renoncer pour surveiller son grand-père. JB décide alors de l’embarquer avec lui pendant son périple vers la capitale...

    Sous les traits de Roland se trouve un acteur qu'on ne présente plus : Thierry Lhermitte. "On se connait ?" lâche-t-il régulièrement à ses interlocuteurs dans le film de Robin Sykes, en difficulté pour se souvenir du visage de ses interlocuteurs et de ses éventuelles discussions passées. Une composition qui prêterait à sourire, -après tout, on est devant une comédie-, mais qui résonne aussi comme un touchant écho à la propre vie de Thierry Lhermitte.

    Depuis 2004, Thierry Lhermitte est le parrain -très actif- de la Fondation pour la recherche médicale, dont il visite les labos au moins une fois par mois. C'est que l'acteur est d'autant plus sensibilisé à la recherche médicale qu'il est atteint depuis plus de dix ans d'une maladie très rare : la prosopagnosie. Celle-ci affecte seulement quelques centaines de personnes en France. Qu'est-ce ? Il s’agit en fait de l'incapacité à reconnaître des personnes familières par leur visage et par l’incapacité à apprendre de nouveaux visages, associées à une capacité préservée à reconnaître un visage comme visage.

    Ainsi, le prosopagnosique est généralement capable de reconnaître les personnes en recourant à certains subterfuges, comme l'identification visuelle par l'allure générale (démarche, taille, corpulence) ou à des détails comme un vêtement familier, la coiffure, une barbe, une tache de naissance ou des lunettes. Il peut aussi reconnaître une personne à l'aide d'autres sens que la vue : à sa voix, à son odeur, à sa poignée de main, etc. Il existe différents degrés dans ce trouble, cela peut être une simple difficulté dans la reconnaissance d’une personne à l’impossibilité de la reconnaître.

    "Quand pour la troisième fois, je me présente à quelqu’un qui m’a pourtant déjà dit dix minutes avant, "Je vous ai déjà vu", c’est horrible. Je mets alors cela sur le compte de la blague. En fait, c’était sincère" a-t-il dit une fois en s'amusant tristement de ce handicap, alors même qu'il lui est déjà arrivé de ne pas reconnaître sa propre soeur venue le saluer. Le comédien s'était même porté volontaire comme "cobaye" en 2010 pour une étude menée par une équipe de l'INSERM (Institut du cerveau et de la moëlle épinière) à Paris, encadrée par le chercheur Mathias Pessiglione.

    Passionné du monde médical et de la Science, Thierry Lhermitte a aussi de qui tenir. Son grand-père était le célèbre neurologue et psychiatre Jean Lhermitte (1877-1959), qui laissera à la postérité son nom à un syndrôme baptisé "signe de Lhermitte", soit la sensation de décharge électrique parcourant le rachis et les jambes lors de la flexion de la colonne cervicale. Régulièrement invité dans le cadre du Magazine de la Santé sur France 5 pour y tenir des chroniques (sur des sujets aussi divers que la schizophrénie, insuffisance cardiaque, transplantation du foie, greffe de rein, maladies psychiatriques, ect...), le comédien est en outre présent sur France Inter depuis janvier 2018, pour y tenir là aussi une chronique santé, en partenariat avec la Fondation pour la recherche médicale. La chronique du 8 janvier 2018 d'ailleurs, réécoutable ici, était justement consacrée à la maladie d'Alzheimer.

    A moins que vous ne préfériez voir l'acteur parler du même sujet, qu'il maîtrise sur le bout des doigts lorsqu'il était invité dans l'émission C à vous en septembre 2017. Il y évoquait justement, quoique brièvement, le tournage du film La Finale, dont il trouvait justement son personnage et le scénario "magnifique, à la fois drôle et émouvant".

     

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