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    Beaune 2018 : Lambert Wilson "déteste la glorification de la violence"
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le comédien et metteur en scène Lambert Wilson, président du jury longs métrages du festival du film policier de Beaune a partagé avec AlloCiné son intérêt pour le polar.

    OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

    Président du jury long métrage du festival international du film policier de Beaune, l'acteur et metteur en scène Lambert Wilson a accepté de parler polar avec AlloCiné. C'est dans une coquette cour intérieure d'hôtel, théière posée sur la table que Wilson et son regard pénétrant nous a donné sa définition du film policier.

    AlloCiné : Pour quelle raison le genre policier fascine-t-il toujours autant, selon vous ?

    Lambert Wilson : C'est très difficile de parler de ce genre car il est très ouvert, [il y a] l'enquête policière pure mais aussi des fresques historiques. Quand on pense au Parrain ou à Il était une fois en Amérique, ce sont davantage des fresques que des polars. Il y a aussi des comédies... Je ne sais toujours pas ce qu'est un film policier. Je crois qu'il doit y avoir une menace, un mystère, un suspense, une énigme. Rien que dans les films que l'on vient de voir [Third MurderUne part d'ombre et Piercing, NdlR] il y a le film de tribunal, le gore...

    Ces dernières années vous avez fait pas mal de polars avec "A l'aveugle", "Corporate" ou "Enragés", j'ai le sentiment que c'est parce qu'à chaque fois il s'agit de personnages avec un côté sombre.

    En anglais, on a une expression c'est "stock character", le "personnage-type". Le méchant ou Deus ex machina est toujours plus savoureux à jouer. Lorsqu'on doit jouer le héros qui essaye de comprendre, on écoute beaucoup les autres. Ce qui est très rigolo à jouer c'est celui qui a fait quelques chose, celui qui cache. Le propre de l'acteur c'est de mettre et de défendre des masques. Ce sont les masques qui sont particulièrement savoureux à mettre. Donc plus y a de masques, plus l'acteur est content.

    Jessica Forde / 2011 EuropaCorp – France 2 Cinema

    C'est une bonne définition. Est-ce que vous vous souvenez de votre premier souvenir marquant d'un film policier ?

    Pour ma génération, la culture cinématographique se faisait à la télévision grâce au ciné-club et à tous ses programmes géniaux d'histoire encyclopédique du cinéma. Et je pense que c'était des films en noir et blanc, des films avec Humphrey Bogart comme Casablanca et surtout des films d'Hitchcock. Je n'ai pas le souvenir de mon premier polar. J'ai découvert le cinéma en tant que jeune homme dans les années 70 avec les films de Sidney Lumet. C'étaient toujours des polars politico-journalistiques et ils me plaisaient beaucoup. Ils étaient parfois très compliqués et il ne fallait pas en perdre une miette au risque d'être complètement perdu. Certains sont à l'affût pendant tout le film, mais moi je suis un peu rêveur donc je perds le fil et après je ne comprends plus rien ! (rires)

    "Je déteste la glorification de la violence"

    Le seul élément qui ne m'attire pas du tout dans le genre "gun" c'est la violence. Ce que j'adore et qu'on retrouve notamment chez Hitchcock, c'est la peur tendue, tissée, sans qu'on ne voit rien. C'est merveilleux parce que c'est intelligent et ça fait appel à l'imagination, au pouvoir évocateur de la dramaturgie du théâtre. Quand on me balance de la violence à l'écran je trouve toujours ça suspect car il y a une complaisance chez les metteurs en scène qui peut être poussée à l'extrême. C'est le cas chez Tarantino, sauf que chez lui il y a un côté "carton pâte" qui fait que ça passe : l'hémoglobine est tellement présente que c'est du Grand Guignol et ça va. Mais je déteste la glorification de la violence.

    Est-ce qu'il y a un film qui vous a fait dire "je voudrais être un gangster ou un policier" ?

    Je choisirais le camp des gangsters. Si vous posez la question à Fanny Ardant elle vous répondra aussi le camp des gangsters. J'ai toujours essayé de fuir le flot de la normalité alors évidemment les gangsters peuvent faire du mal, mais j'aime qu'ils soient à contre-courant, qu'ils sortent de la société. Ça me les rend attachants. On peut jouer avec la question "est-ce qu'on hébergerait un gangster qui a tué pour le sauver lui-même ?" La police est absolument nécessaire mais je serais plus attiré par la vie du hors-la-loi.

    "The Third Murder" a été présenté en ouverture du festival et sort le 11 avril en salles :

     

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