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    Killing Eve : le grand retour de Sandra Oh dans un thriller d'espionnage trashy, stylé et jouissif [INTERVIEW]

    Présentée en compétition officielle au Festival Canneséries, Killing Eve a enthousiasmé la Croisette, grâce à son originalité, son ton et ses deux interprètes principales, Sandra Oh et Jodie Comer. Elle démarre enfin chez nous sur Canal +.

    De quoi ça parle ?

    Deux femmes. Eve est un agent du MI5 britannique. Brillante, elle s’ennuie dans le triste travail de bureau auquel elle est confinée, à mille lieues des fantasmes d’agent secret qu’elle nourrissait en croyant devenir espionne. Villanelle est une tueuse. Brillante elle aussi, elle apprécie le train de vie luxueux que lui permet le drôle de métier qu’elle s’est choisi. Lorsque leurs chemins s'entrecroisent, rien ne sera plus jamais pareil pour l'une comme pour l'autre...

    Créée par Phoebe Waller-Bridge. Avec Sandra Oh, Jodie Comer, Fiona Shaw, Kim Bodnia...

    Tous les jeudis soirs sur Canal +

    Dans Killing Eve, Dexter est une femme, elle s'appelle Villanelle, et elle est très très vilaine. Elle ne tue pas pour venger la veuve et l'orphelin, mais pour la beauté du geste. C'est sa passion, son métier, elle a le meurtre dans la peau, des talons aiguilles au bout des ongles, et rien ne semble pouvoir l'arrêter... sauf peut-être Eve, la bonne élève du MI:5 qui, la quarantaine passée, rêve que son destin de grande espionne puisse s'accomplir enfin. Désormais adversaires et obsédées l'une par l'autre, ces deux femmes diablement intelligentes vont s'adonner à un féroce du jeu du chat et de la souris sous nos yeux écarquillés de bonheur. Parce que cette nouvelle création de l'anglaise Phoebe Waller-Bridge, qui avait déjà excellé devant et derrière la caméra dans les comédies Crashing et Fleabag, est un ravissement de chaque instant.

    Présentée en avant-première et en compétition lors de la première édition du festival CANNESERIES, Killing Eve a suscité l'enthousiasme de la Croisette. D'abord parce qu'elle est l'occasion de retrouver Sandra Oh, dont on avait perdu la trace depuis son départ de Grey's Anatomy il y a 4 ans. On la savait talentueuse et formidable, la recontrer n'a fait que le confirmer. Au moins aussi brillante que son personnage, elle déclare avec enthousiasme que c'est LA série qu'elle attendait : "Le ton était extrêmement rafraîchissant, moderne, et en lisant le script du pilote, j'ai tout de suite compris que j'avais affaire à quelque chose de neuf. Je connaissais la délicieuse Fleabag, et j'ai retrouvé dans Killing Eve cette même voix, celle de Phoebe, même si les deux séries sont très différentes. Je me suis dit que c'est avec cette série que je voulais revenir à la télévision.

    Killing Eve bouleverse les codes classiques du thriller d'espionnage, en jouant à fond la carte de l'humour noir, très anglais, avec un style trashy et une ambition folle, une mise en scène inspirée, certainement loin de l'univers de Grey's Anatomy, pour laquelle elle garde néanmoins beaucoup d'affection : "J'ai fait de la télévision sur les grandes chaînes, et il y a toujours cette pression terrible de devoir plaire au plus grand nombre, et ça oblige à proposer parfois des choses plus polissées. Killing Eve est très divertissante, mais elle a été développée sans ces pressions-là, ce qui permet d'aller beaucoup plus loin."

    La force de Killing Eve, c'est aussi et surtout de donner la vedette à des femmes avec des personnaités riches et complexes, dont la psychologie est étudiée avec finesse, derrière le pure plaisir -absolument pas coupable- de la dramédie. Une vision à laquelle Sandra Oh a évidemment été très sensible : "J'adore les personnages de détectives, vous voyez, le genre de mecs un peu bourrus, comme ça... mais il y a un moment donné où on a envie de dire 'Okay, stop ! On a déjà vu ça mille fois !'. C'est comme ça que la télévision et le cinéma ont toujours fonctionné mais c'est enfin en train de changer.

    Pourtant, si la créatrice et showrunner est une femme, si les productrices -dont Sandra Oh- sont en nombre et si les quatre personnages principaux sont des femmes, des jeunes et des moins jeunes, issues ou non de la diversité, ce sont trois hommes qui ont réalisé les huit épisodes de la première saison, preuve qu'il y a encore du travail à accomplir : "J'espère vraiment que pour la 2e saison, il y aura aussi des femmes derrière la caméra. Car je suis persuadée que ça marque une différence. Du point de vue du regard, mais du style aussi." déclare ainsi celle qui a été élevée à l'école Shonda Rhimes, où les femmes ont le pouvoir. "Personne sut le plateau ne se pose la question de 'Qu'est-ce qu'une femme ferait dans telle ou telle situation ?" parce que la chance que l'on a sur Killing Eve c'est de pouvoir enfin, en tant qu'artistes et en tant que femmes, faire notre travail, juste faire notre travail ! Et c'est ça qui est révolutionnaire. Avoir des opportunités, les saisir et c'est seulement comme ça que le "female gaze"; le point de vue féminin, pourra exister."

    La télévision, la meilleure opportunité pour les femmes aujourd'hui ? A l'heure de The Handmaid's Tale, de Insecure ou de Killing Eve, la réponse est oui pour l'actrice : "Je pense que la télévision est le média le plus intéressant pour expérimenter, pour oser des choses plus originales, pour donner la parole à des nouveaux talents, les budgets sont plus faibles mais cela permet justement de prendre plus de risques. Quand vous êtes un homme blanc, vous faites une vidéo qui marche un peu et on vous déroule le tapis rouge, on vous donne des sommes astronomiques pour faire de gros films... Ca n'a jamais marché comme ça pour les femmes. Alors que fait-on ? Où va-t-on ? La télévision est l'endroit parfait.

    Bonne nouvelle : Eve et Villanelle devraient squatter nos écrans un petit moment, la série ayant été déjà renouvelée pour une 2e saison, attendue en 2019.

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