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    Otages à Entebbe : retour sur une opération de sauvetage controversée
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Otages à Entebbe, sorti en salles le 2 mai, évoque un événement réel survenu en juillet 1976. Zoom sur ce fait historique marquant et pourtant méconnu du grand public.

    Otages à Entebbe - Sortie le 2 mai 2018

    De José Padilha avec Daniel BrühlRosamund PikeEddie Marsan

    RAPPEL DES FAITS

    Nous sommes le 4 juillet 1976. 4 terroristes, 2 allemands et 2 palestiniens, détournent un Airbus A300 en provenance d'Athènes à destination de Paris et prennent en otages les 239 passagers. Les palestiniens Fayez Abdul-Rahim Jaber et Jayel Naji al-Arjam font partie du Front populaire de libération de la Palestine. Quant aux 2 allemands, Wilfried Böse et Brigitte Kuhlmann, ils sont militants des Cellules révolutionnaires, une organisation terroriste d'extrême gauche ayant sévi en Allemagne de l'Ouest pendant les années de plomb.

    Après avoir forcé l'appareil à se poser à Entebbe en Ouganda, les preneurs d'otages souhaitent exposer au monde entier la lutte du peuple palestinien face à Israël. 83 ressortissants israéliens se trouvent à bord de l'avion, poussant le gouvernement du pays, mené par Yitzhak Rabin, à organiser la libération des otages dans ce qui deviendra "Le Raid d'Entebbe" ou "L'Opération Tonnerre." Dans le film, Daniel Brühl incarne Wilfried Böse et Rosamund Pike campe sa complice, Brigitte Kuhlmann.

    Orange Studio Cinéma / UGC Distribution

    À Entebbe, les terroristes vont être confrontés au sanguinaire président Idi Amin Dada, qui va tenter de se servir de cette prise d'otages pour redorer son blason auprès de la communauté internationale. Le commando en profite pour demander la libération de 53 prisonniers pro-palestiens, notamment enfermés en Israël. Le gouvernement va alors envoyer une équipe de soldats pour mettre fin de manière brutale à cette prise d'otages. Ce sera l'Opération Tonnerre.

    UNE QUESTION DE POINT DE VUE

    Le réalisateur José Padilha précise : "Je tiens simplement à regarder l’événement sous un aspect différent. C’est un moment complexe, dans l’histoire. Il y avait un débat houleux à l’intérieur même du gouvernement israélien pour savoir quelle attitude adopter face à cet événement. Directement, Shimon Peres a annoncé qu’il ne fallait pas négocier, peu importe le prix. Yitzhak Rabin ne voulait aucun mort et tenait à s’assurer de l’existence d’une solution militaire valable, à défaut de quoi il était prêt à entamer des négociations. On comprend en assistant à ce désaccord interne que la situation d’aujourd’hui était déjà là, il y a plus de quarante ans."

    La productrice Kate Solomon, quant à elle, a été marquée par le témoignage du mécanicien de bord Jacques Lemoine, incarné dans le film par le français Denis Ménochet : il lui a notamment parlé d'un moment crucial, au cours du raid, où les otages et lui étaient plaqués au sol et les terroristes se trouvaient dans l'aérogare avec eux. Ce moment démontre toute la complexité de l'événement et les différentes interprétations qui ont été faites par la suite, notamment par l'armée israélienne :

    "Lemoine était couché, tout près du terroriste allemand Wilfried Böse, car les soldats israéliens arrivaient. Ils entendaient des coups de feu à l'extérieur. Il m'a raconté qu'il a fixé Böse qui a éloigné son arme et lui a dit de rester couché. À ce moment-là, au bout d'une semaine passée avec les otages, Böse a pris conscience qu'il ne pouvait se résoudre à les tuer. À mes yeux, c'était un moment qui valait la peine qu'on s'y intéresse".

    Orange Studio Cinéma / UGC Distribution

    En se documentant davantage sur les événements de 1976, les producteurs Tim Bevan et Kate Solomon se sont dit qu'il y avait sans doute un angle encore plus passionnant pour aborder l'histoire. "Il y avait différents points de vue sur ces événements qui regorgeaient de détails historiques", explique Bevan. "Par exemple, on a le regard des terroristes, celui des dirigeants politiques israéliens et celui des Ougandais. Il était donc envisageable d'adopter plusieurs points de vue pour raconter ces événements complexes".

    UN RAID CONTROVERSÉ

    Finalement, le Raid d'Entebbe durera 20 minutes. Les 6 terroristes seront tués ainsi que 3 otages et un soldat israélien. Il s'agit de Jonathan Netanyahou, frère du futur premier ministre Benjamin Netanyahou.

    Je ne sais pas ce qui se serait passé autrement, donc je n’ai pas de point de vue. Ce que je peux vous dire – et ça n’a rien à voir avec mon film – pour vous donner une perspective historique au-delà de notre sujet : dans les trois semaines qui ont suivi cet événement, 235 Kenyans ont été assassinés par Idi Amin Dada, le président ougandais, en représailles de l’aide apportée aux Israéliens pour atterrir sur l’aéroport d’Entebbe. C’est plus que le nombre d’otages qui ont été sauvés. D’un point de vue humain, cette opération militaire n’est pas un si grand succès que ça, du coup. Peut-être d’un point de vue israélien, mais pas kényan", analyse le metteur en scène José Padilha.

    À noter que plusieurs films ont déjà été tournés sur ce sujet, dont Victoire à Entebbe avec Anthony Hopkins, Opération Thunderbolt et Raid sur Entebbe d'Irvin Kershner.

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