Mon compte
    Gueule d'ange, un drame social qui "dégage une beauté, un esthétisme" selon Marion Cotillard et Alban Lenoir

    Passé par le Festival de Cannes, "Gueule d'ange" est un double baptême du feu : celui de la réalisatrice Vanessa Filho, et celui de la jeune Ayline Aksoy-Etaix. Deux révélations dont nous parlent Marion Cotillard et Alban Lenoir.

    Présenté au dernier Festival de Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard, Gueule d'ange révèle la jeune Ayline Aksoy-Etaix, dont c'est le premier rôle à l'écran et qui tient tête aux pointures que sont Marion Cotillard et Alban Lenoir. Deux acteurs qui, sur la Croisette, ont évoqué le premier long métrage de Vanessa Filho, un drame social qui n'a pas peur d'être beau visuellement.

    AlloCiné : Vous avez un look très particulier dans ce film Marion, qu'il s'agisse des tenues et des tatouages. On pense forcément à cette scène de "Rock'n'Roll" ou vous en plaisantiez, mais quelle part de votre préparation représente l'apparence du personnage ?

    Marion Cotillard : Là c'était assez simple. Vanessa avait tellement le personnage dans la tête, et on était tellement sur la même longueur d'ondes que je me suis complètement laissée guider par elle. On l'avait toutes les deux et immédiatement vue blonde, et pour ce qui est des tatouages, des vêtements, c'est Vanessa qui a tout décidé et j'ai tout approuvé car ça collait avec l'image que j'avais de Marlène.

    Quand je commence à travailler sur un personnage, il y a des informations qui me viennent, des inspirations qui arrivent. Je laisse mon imaginaire libre de m'apporter une musique, un son, un goût, une couleur. Assez vite, trois personnes se sont matérialisées dans mon esprit, et j'en ai fait un mix pour créer Marlène. Puis d'autres informations viennent par la suite et construisent le personnage. Il y aussi Vanessa qui portait le film depuis des années.

    Elle avait une connaissance très poussée de Marlène, et elle m'a raconté ce que son imaginaire à elle avait créé, tout ce que l'on ne sait pas de la vie cette femme, car le film est centré sur sa fille, sur Elli. On voit donc le comportement de Marlène, on imagine qu'elle n'a pas eu une vie facile, mais on n'a pas beaucoup d'informations. Et Vanessa m'a donné toutes les informations qu'elle avait crées pour Marlène, et j'en ai créé d'autres sur cette base-là, j'ai imaginé des scènes de son enfance, de son adolescence, de sa vie d'adulte, pour lui donner corps.

    Une symbiose artistique de cette réalité brute et du monde que représente notamment la télé-réalité, et qui est du vent

    Le long métrage est co-écrit par Diastème, qui avait réalisé "Un Français". Avez-vous eu le sentiment que votre rôle avait été écrit avec vous en tête Alban ?

    Alban Lenoir : Je ne dirais pas qu'il a été écrit pour moi. Mais Vanessa me l'a proposé quelques mois après le tournage d'Un Français, où elle était passée faire des photos à titres personnel et artistique. On s'est rencontrés à ce moment-là et elle a perçu des choses sur moi : je sais qu'elle voulait quelqu'un de dur et solitaire mais qui ait un regard enfantin, ce que peu de réalisateur perçoivent sur moi. Donc ça m'a ravi qu'elle le voit.

    Ensuite j'ai trouvé l'histoire incroyable. C'est un peu la même sensation qu'à la lecture d'Un Français : il était pour moi évident que tout était là, et le talent de Vanessa a fait le reste. Pour un premier film, c'est incroyable ce qu'elle a fait. Sur le plateau il était même inconcevable de se dire que c'était son premier long métrage, tant elle a fait preuve de maturité, d'exigence.

    "Gueule d'ange" est un film avec un fond social mais qui n'a pas peur d'être beau, solaire. Est-ce ainsi que vous le voyez ?

    Alban Lenoir : Complètement. En plus Vanessa vient de la photo et il y a une évidence pour moi : il y a un sens du cadre, alors que c'est son premier film. C'est même difficile à intégrer quand on voit la qualité des images, de ces cadres, de sa direction... Je trouve tout parfait (rires)

    Pourquoi est-ce qu'on ne s'autorise que rarement à être un peu beau lorsque l'on fait du social en France ? On a souvent l'impression qu'il faut que ce soit déprimant, avec une image granuleuse.

    Alban Lenoir : Je pense que c'est une symbiose artistique de cette réalité brute et du monde, pas virtuel, mais tout ce que représente notamment la télé-réalité, et qui est du vent. C'est ce que Vanessa a voulu mélanger, et ça permet au film de dégager cette beauté, cet esthétisme, en étant ancré dans des choses viscérales du côté des comédiens. Dans des mal-être assez importants. On a tous des bons petits soucis.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 12 mai 2018

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top