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    Bloodlight and Bami : "Au final, je ne sais toujours pas qui est vraiment Grace Jones"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    On ne présente plus Grace Jones. De ses performances musicales à son rôle bad-ass dans "Dangereusement vôtre" en passant par la mode, l’icône a toujours su se réinventer. Miss Jones fait l’objet d’un documentaire remarqué à Toronto. Rencontre.

    AlloCiné : Comment est né ce projet de documentaire ?

    Grace Jones : Ce documentaire Bloodlight and Bami est le fruit d’une rencontre avec la réalisatrice Sophie Fiennes, grâce à mon frère qui a travaillé avec elle sur un documentaire. Mon frère est pasteur à Los Angeles et j’avais été invité à la projection de leur film : je suis tombé en admiration pour le travail de Sophie.

    Sophie Fiennes (réalisatrice) : Oui, nous nous sommes rencontrés à l’Eglise ! (Rires)

    Grace Jones : J’adore son sens de l’humour ! Sophie a une philosophie de la vie similaire à celle de mon frère, c’est pour cela que je me sens proche d’elle. Mon frère et moi adorons parler de la vie et de ses défis. De même, avec Sophie, nous nous plongeons parfois dans des conversations très profondes. Parfois avec mon frère, nous partons sur des tangentes totalement opposées mais nous finissons toujours par nous retrouver. Avec Sophie, c’est la même chose, nous adorons cogiter sur tel ou tel sujet. Cela permet de mettre en perspective plein de choses. Aujourd’hui les gens réagissent plus qu’ils ne pensent et je trouve cela un peu triste. Cela explique parfois certaines mauvaises décisions.

    Parlez-nous de votre look, de votre style visuel : comment est-il né ?

    Grace Jones : C’est le résultat de plusieurs influences. Il y a déjà l’influence de Jamaïque où j’ai grandi. Ma jeunesse n’a pas toujours été facile et je me souviens de certains jours où nous n’avions même pas d’électricité pour vivre. Nous utilisions des lampes à pétrole. Cela donne une luminosité différente des néons. Dès lors, mon approche des couleurs est très naturelle et jamais surexposée.

    Sophie Fiennes (réalisatrice) : Cela a été expérience unique de pouvoir filmer Grace dans son monde, en Jamaïque, de montrer ce qu’elle voit et toute ces couleurs vibrantes qui l’entourent, de la flore, aux vêtements, aux meubles, aux gens. Tous ces sourires plein de lumière ont donné un côté magique à notre film.

    Grace Jones : Mon imagination est le guide de ma création. Grâce à ma mère et ma tante, j’ai également appris très jeune à créer mes propres vêtements et à coudre. Ceci m’a permis de donner une réalité à mes idées en terme de mode et à créer certains de mes premiers costumes de scène.

    Sophie Fiennes (réalisatrice) : Et je pense que d’avoir travaillé avec des créateurs de génie comme Jean-Paul Gaultier ou Issey Miyake t’a aussi donné un supplément d’inspiration.

    Grace Jones : Tout à fait ! Je leur dois beaucoup. Tous ces designers m’ont tout de suite adopté car j’étais naturelle et passionnée. Quand on n’a que 5 euros en poche au début de sa carrière, on n’a rien à perdre. Je me suis donc donnée à fond, sans hésitation. Je crois que ce côté follement passionné m’a ouvert beaucoup de portes car tout le monde voulait « m’adopter ».

    Etait-ce délicat de révéler beaucoup sur Grace Jones sans tout dire ?

    Grace Jones : Oui, c’est un équilibre délicat d’en dire un maximum tout en conservant un petit jardin secret. Mais j’ai tout de même voulu être comme un livre ouvert en expliquant le plus de choses possibles sur moi, sur mes créations, ma musique, ma danse… Au final, de toute façon, je ne sais toujours pas qui est vraiment Grace Jones. Mais je le découvre jour après jour… Ce film n’est que le début de l’histoire de Grace Jones ! (Rires)

    On vous voit souvent dénudée dans le film, vous avez toujours été nudiste ?

    Grace Jones : Je suis née nudiste ! (Rires) Je plaisante car je viens d’une famille très religieuse et donc il n’était pas question de se balader nue dans la maison de mon enfance. Mais en grandissant, sans doute par réaction, je me suis découvert un penchant pour le nudisme. A un moment de ma vie je faisais même partie d’une communauté de nudistes ! J’ai adoré ces années hippies, qui m’ont totalement libérée sexuellement et artistiquement. Quand je suis nue je me sens libre, libre de vivre à fond.

    Avez-vous découvert quelque chose sur vous en faisant ce film ?

    Grace Jones : Ce que j’ai découvert sur moi-même, c’est que je vis toujours dans le moment présent sans regarder en arrière et encore moins en me souciant trop de l’avenir. Cela me permet d’apprécier chaque instant et de ne pas trop me prendre la tête. J’ai vraiment beaucoup de chance, car je ne peux pas croire que l’on aime encore mes chansons et ma musique… Tout ceci me semble éternel et on me demande toujours de remonter sur scène ! Donc je ne suis pas prête de m’arrêter et j’espère que vous viendrez bientôt me voir sur scène la prochaine fois que je passe à Paris.

     

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