Mon compte
    Gustav Möller : "D'habitude, le son ajoute au film, dans The Guilty, le son peint le film"

    Rencontre avec le réalisateur danois Gustav Möller pour son premier long métrage, "The Guilty", un passionnant huis clos qui sort ce mercredi dans les salles.

    Nikolaj Møller

    Reparti avec le Prix de la critique lors du Festival de Beaune 2018, The Guilty est un huis clos dans un centre d'appels d'urgence. A l'occasion de la sortie du film ce mercredi dans les salles, rencontre avec son réalisateur, le Danois Gustav Möller, qui signe là son premier long métrage.

    AlloCiné : The Guilty est votre premier film, aviez-vous une appréhension à vous retrouver avec une équipe complète de tournage pendant des semaines ?

    Gustav Möller : Non, pas du tout. J'adore les plateaux. Et mieux, la plupart des membres de l'équipe étaient des camarades d'étude de la Danish Film School. Donc je me sentais comme chez moi.

    Vous êtes-vous immergés dans un vrai centre d'appels ?

    Mon coscénariste Emil Nygaard Albertsen et moi avons visité un certain nombre de centres d'appels et passé quelques soirées avec les équipes de nuit. C'était vraiment un bon aperçu que d'écouter des appels mais aussi de rencontrer des officiers et d'en apprendre plus sur eux et leur travail. C'est un travail très spécial, car le son était extrêmement proche de quelque chose de violent mais visuellement très éloigné -et ce contraste se retrouve dans The Guilty.

    Avec ce film, vous questionnez évidemment notre rapport à la culpabilité : qu'est-ce qu'être coupable ? Qu'est-ce que le bien et le mal ? Vous vouliez que le public s'interroge sur ces thèmes ?

    Je n'ai pas de message dans ce film. Je préférerais le voir comme un film avec un message sous la forme d'une question. Lorsque nous ne pouvons pas voir le film en entier, nous devons l'inventer. J'espère que chaque membre du public va se créer différentes images en regardant (et en écoutant) The Guilty. Cela pourrait aussi les interroger sur leur images intérieures et leurs préjugés.

    Comment avez-vous travaillé avec votre comédien Jakob Cedergren sur son personnage ?

    Jakob a eu accès à nos recherches à Emil et moi et était présent [à nos visites] des centres d'appel. Nous avions beaucoup écrit sur l'historique du personnage et nous en avons également discuté avec Jakob. Il fallait surtout qu'il comprenne chaque aspect du personnage et croit vraiment à chaque dialogue du scénario. Il ne devait pas y avoir de fausse note dans le jeu et je ne pense pas qu'il y en ait. Il a fait un travail fantastique.

    Beaune 2018 : The Guilty, huis clos haletant et passionnant, emballe le festival

    Pouvez-vous nous expliquer la façon dont vous avez tourné dans le centre d'appel ? Comment avez-vous préparé le plateau ?

    Nous avons construit un centre d'appel dans des bureaux abandonnés. C'était fonctionnel dans le sens où Jakob recevait et passait des appels à des acteurs qui étaient avec moi dans la dark room au bout du couloir. Nous avons fait de longues prises (jusqu'à 35 minutes) avec trois caméras. Je voulais capturer ce sentiment de temps réel et vraiment épuiser Jakob pour lui faire sentir exactement ce que son personnage ressentait.

    Votre film est rafraîchissant car il laisse le public user de son imagination.

    J'ai eu cette idée après avoir écouté un véritable appel d'urgence. Une femme kidnappée était assise dans une voiture à côté de son kidnappeur. Elle parlait avec l'opérateur par code. En écoutant ça, je me sentais comme si j'avais vu les images. J'ai alors réalisé que l'écoute de chacun lui mettrait différentes images en tête : une femme, une voiture, une route, un kidnappeur différents. Je voulais adopter ce concept et faire un film qui donnerait à chaque membre du public une expérience unique (...).

    Pouvez-vous décrire l'importance qu'a eu le mixage son, qui est une part essentielle de votre film ?

    Complètement essentiel. L'ingénieur du son Oskar Skriver et son partenaire Philip Flindt ont abattu un sacré boulot. D'habitude, le son ajoute au film. Dans The Guilty, le son peint le film. Nous avons travaillé dur pour créer un univers cinéma et un environnement sonore réaliste. Nous avons enregistré des bruits et des ambiances de bars, de coffres de voitures et même d'une poursuite en voiture avec des sirènes allumées. Pour le mixage son, nous avons essayé que le son soit centré sur les personnages principaux. S'il n'était pas intéressé par l'appel, le son était rudimentaire, comme pour un téléphone classique mais plus [le personnage] s'impliquait, plus fort et détaillé était le bruit. Cela vous donnait l'impression d'y être.

    Après "The Guilty", quelle est la suite pour vous ?

    Je continue avec un projet dans l'esprit de The Guilty. Un film aux thèmes et au personnage compliqués mais qui les traite de façon excitante, attirante et divertissante.

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    • Beaune 2018 : The Guilty, huis clos haletant et passionnant, emballe le festival
    Commentaires
    Back to Top