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    Le Poirier sauvage : la merveille du Festival de Cannes qui méritait aussi la Palme d'or

    Il est des films qui vous cueillent et vous transpercent au point qu'on voudrait qu'ils durent une éternité. "Le Poirier sauvage", qui sort en salle ce mercredi, injustement oublié par le jury lors du dernier Festival de Cannes, est de ces films-là.

    Nuri Bilge Ceylan films

    Il est des films qui vous cueillent et qui vous transpercent à la fois, avec lesquels on se sent si bien qu'ils pourraient durer une éternité et on ne se lasserait pas. Le Poirier sauvage est de ces films-là. 

    Le dernier fait d'armes du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, couronné d'une Palme d'or en 2014 pour Winter Sleep, raconte l'histoire de Sinan, passionné de littérature, qui a toujours voulu être écrivain. De retour dans son village natal d’Anatolie, il met toute son énergie à trouver l’argent nécessaire pour être publié, mais les dettes de son père finissent par le rattraper... 

    Le Poirier sauvage est une fresque d'un peu plus de trois heures qui dessine le parcours initiatique de Sinan. Le jeune homme n'est jamais sympathique, souvent arrogant, toutefois attachant et toujours humain. Chaque personnage qui croise sa route est magnifique et superbement interprété : le père - bouleversant d'un bout à l'autre -, la mère, l'amie rencontrée sous l'arbre, l'écrivain, les imams, la soeur... Le Poirier sauvage est un film bavard, parce que c'est nécessaire. C'est aussi un film social sur la jeunesse turque, qui subit et étouffe de colère et de frustration. 

    Ces films auraient aussi mérité la Palme d'or...

    Surtout, Ceylan n'a de cesse de nous émerveiller : chaque plan est époustoufflant ; la nature, les visages et le rêve y occupent une place de choix ; les mouvements de caméra soulignent l'ampleur du narration. Le cinéaste joue avec le réel, le sublime, le déforme pour former un récit d'une densité visuelle et philosophique remarquable.

    « On dit que “chaque chose que cache un père réapparaît, un jour, chez son fils”. Que nous le voulions ou non, nous ne pouvons nous empêcher d’hériter de certaines particularités de nos pères, comme d’un certain nombre de leurs faiblesses, de leurs habitudes, de leurs tics. Ce film raconte le glissement inéluctable du destin d’un fils à celui, similaire, de son père », peut-on lire dans la note d'intention du réalisateur. C'est bien là que se cache le secret du Poirier sauvage ; à travers la charge émotionnelle déchirante de la relation de Sinan avec son père - qui se manifeste à son paroxysme dans un scène finale d'une beauté sans nom - que le film tient du chef-d'oeuvre. 

    La Palme d'or, le très beau Une affaire de famille d'Hirokazu Kore-Eda ne l'a pas volée et le flamboyant BlacKkKlansman de Spike Lee méritait amplement son Grand Prix, mais comment accepter que Le Poirier sauvage soit reparti sans aucun prix, que le jury de Cate Blanchett l'ait complètement oublié du palmarès ? C'est incompréhensible et très injuste, car Le Poirier sauvage est de ces films qui laissent une trace indélébile, que l'on garde à jamais en mémoire. De ces films grâce auxquels on aime tellement le cinéma. 

    Le Poirier sauvage, actuellement en salle :

     

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