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    Guy d'Alex Lutz : notre interview Vrai / Faux
    Laetitia Ratane
    Laetitia Ratane
    -Responsable éditoriale des rubriques Télé, Infotainment et Streaming
    Très tôt fascinée par le grand écran et très vite accro au petit, Laetitia grandit aux côtés des héros ciné-séries culte des années 80-90. Elle nourrit son goût des autres au contact des génies du drame psychologique, des pépites du cinéma français et... des journalistes passionnés qu’elle encadre.

    A l'occasion de la sortie de "Guy" en salles ce mercredi 29 août, rencontre avec le réalisateur et acteur Alex Lutz, entouré de ses comédiennes, Elodie Bouchez et Pascale Arbillot...

    Brigitte Baronnet / AlloCiné

    Ils étaient il y a quelques jours sous le soleil d'Angoulême pour son festival. On les retrouve ce mercredi 29 août à l'affiche dans toutes les salles. Rencontre avec le génie comique Alex Lutz alias Guy, entouré de ses actrices Elodie Bouchez et Pascale Arbillot. A trois, pour AlloCiné, ils se sont prêtés au jeu du VRAI / FAUX.

    AlloCiné : Vous chantez réellement pour ce film : vrai ou faux ?

    Alex Lutz : Vrai !

    Si déjà j'inventais un personnage il fallait vraiment y aller à fond. Surtout si c'est un personnage qui avance en risque, il fallait risquer un peu. Et puis j'ai été très accompagné par Vincent Blanchard qui a créé la musique, Vincent Eden qui m'a aidé sur la voix. Et ce qui était très enthousiasmant, c'est qu'on a travaillé les morceaux de l'album en travaillant sur la voix que Guy aurait pu avoir en 1966 puis 1970 et après, vu que c'est un personnage vieillissant et on a fait des lives aussi. On s'est beaucoup amusés ! 

    Elodie Bouchez :  Faux pour moi !

    Réellement dans le film, je ne chante pas, j'ai fait du playback sur une voix qui n'est pas la mienne mais cela dit, depuis plus récemment nous chantons ensemble Alex et moi. Et le morceau que nous chantons dans le film, on l'a enregistré tous les trois avec Dani (ndlr : qui joue son même personnage plus âgé). C'est dans la bande originale qui sortira sur cd et sur vinyle.

    Vous avez invité certains de vos amis à faire des apparitions dans le film : vrai ou faux ?

    A.L : Vrai !

    Il y a Marina Hands qui m'a fait l'honneur d'accepter. Et tous les gens du films oui, sont mes amis. Alexandra Sublet, Julien Clerc. C'était important de crédibiliser le personnage dans une réalité de l'univers dans lequel il évolue. C'est pour cela que je voulais Michel Drucker et je lui ai demandé en lui disant : "Tu me fais un Michel Drucker !". Je lui ai donné quelques infos de base et il nous a fait quelque chose de tellement professionnel !

    Pascale Arbillot : J'ai eu le trac comme si je faisais un premier Drucker ! Il était à fond, il a joué le fait que vous étiez copains depuis toujours.... Incroyable.

    Vous aviez déjà interprété ce personnage de Guy auparavant : vrai ou faux ?

    A.L : ....Faux...!

    Sur scène, j'avais fait un vieux cabarettiste donc le travail sur le vieillissement m'intéressait mais ce n'était pas Guy. Et pour présenter les Molières, j'avais un petit sketch avec un vieil acteur qui s'appelle Guy et qui l'esquissait. Mais il en est quand même éloigné. Ce n'est pas notre Guy là. La question sur le temps, ce qu'on en fait, sur ce dont on se souvient ou pas, ce qui reste... ce sont des thèmes qui me bouleversent, me passionnent même en littérature et qui m'inspirent. Une autre question qui m'intéresse, que je trouve filmique, tourne autour du qu'est ce que ça veut dire d'avoir été the place to be, de ne plus l'être, que personne ne s'en souvienne forcément. Et du coup par filiation, qu'est-ce que cela veut dire réussir ou pas quand on est un artiste. Et si vous ne faites plus rien, l'êtes-vous toujours? Guy le dit, sa qualité d'artiste c'est un état d'âme avant tout. Ces questions semblent parler au public aussi. Elles font ricochet sur notre propre mouvement avec notre ego, notre nombril.

    P.A : Le film parle aussi de la posture de l'artiste qui parfois a besoin d'être oublié pour mieux être retrouvé. Comme s'il fallait renaître de ses cendres, mourir à soi-même, faire des deuils dans notre propre vie tout en restant en marche.

    Guy est un bon père : vrai ou faux ?

    A.L : Faux...

    Il admet qu'il ne l'est pas tellement non. Ce n'est pas qu'il a été volontaire dans le fait de l'être ou pas mais il admet qu'il a un peu failli sur ce point-là pour plein de raisons. Le journaliste Gauthier, qui est son fils caché, se sent à un moment en capacité de le consoler, de lui dire que pour son fils légitime, il a fait le job. Mais en fait, il comprend que non et c'est encore cette histoire du temps : on entretient l'idée que le temps se rattraperait mais non. Dès le début de l'interview, c'est fini, c'est plié. Le film est dédié aux pères et à nos pères et à la filiation qui se fabrique symboliquement. On a tous des pères artistiques, littéraires. En plus de son parent, tout le monde a quelqu'un, une référence artistique, littéraire, picturale, un bon copain. Il y a de la filiation qui se complète et qu'on fabrique au fur et à mesure de sa vie.

    E.B : Il y a aussi des affinités qui ne sont pas évidentes parfois même avec ses propres enfants. Et il y a des rencontres qui se font avec ses enfants et d'autres pas. Là on a l'impression qu'il y a une rencontre qui se fait entre Guy et le journaliste, qui n'a pas eu lieu avec son fils légitime.

    A.L : Gauthier doit respecter le secret, car sa maman ne voulait pas qu'il en parle. Mais lui il est journaliste et il a le droit de se munir de sa caméra et d'y aller. Il respecte le secret et contre toute attente, quand même, des embryons presque physiques de filiation se fabriquent bien au-delà de la rencontre. Par exemple, ils ont le même humour. Je crois à ces trucs-là, les gens que l'on reconnait par le sang ou pas.

    Apollo Films

    Vos changements de looks respectifs étaient le plus gros défi du film : vrai ou faux ?

    P.A : Faux... ?

    Le défi c'était de ne pas faire déguisé sous prétexte qu'on parle d'une époque révolue, de ne pas être dans le cliché des années 70 ou 80. Il fallait que ce soit de vrais personnages.

    A.L : Pour Pascale, on a trouvé le look et ça a tout changé. Ces cheveux mousseux là, ça a été radical.

    E.B : Nous, ça a été rapide avec une perruque puis une autre.

    A.L : Il y avait un côté mal de déguisement que j'aimais bien pour faire du sincère. Mais quand même l'énergie. Comme quand un gamin fait vachement bien un truc tout à coup avec trois fois rien. On se dit "tiens c'est vachement bien!". Sinon pour moi le maquillage bien sûr, il est dingue, mais Amandine Cros a eu la bonne idée pour mon look de se mettre dans la tête de Sophie (Pascale Arbillot) et de la manière dont elle aurait pu influencer Guy.

    Je n'ai pas choisi de vieillir Elodie Bouchez parce que je ne voulais pas faire un film de performances. Quand j'ai rencontré Dani, j'ai eu un flash, je me suis dit ça matche, on va inventer un truc. Il y a des restes du look qu'elle avait jeune, elle a la même mèche blanche pendant des années. Et en même temps, l'une a côté de l'autre, elles ne se ressemblent pas. Et pourtant Guy lui dit dans les yeux qu'elle n'a pas changé... Alors que si. Mais ce n'est pas grave. Je trouvais ça beau.

    Ce sont vos propres chevaux que l'on voit dans le film: vrai ou faux ?

    A.L : Vrai !

    Botero et Escobar. Le premier avec qui je joue égalemnt sur scène et le second qui fait surtout de la balade et du cinéma. Ce sont des chevaux intermittants du spectacle avec qui j'ai un plaisir inoui à travailler entre autres.

    Guy Jamet existe réellement : vrai ou faux ?

    Tous : Vrai ! Il existe ! Pour toujours.

    A.L : J'espère qu'il existe réellement. Je me suis inspiré d'époque, d'influences musicales, de manières de faire et de produire des disques mais je ne voulais pas le référencer à trop de personnes parce que ça aurait fait un film à tiroirs alors qu'il fallait quelque chose de complet. Un personnage complexe, nuancé, comme un personnage de roman. Nuancé tout en se disant à la fin "ce mec existe". 

    Sans être parodique...

    Ah non, surtout pas. J'ai essayé de faire sincèrement un documentaire de cinéma. Quelque chose qui a l'air d'un documentaire de cinéma. C'est une fiction qui emprunte à tous les codes du documentaire.

    Propos recueillis par Laetitia Ratane, au Festival d'Angoulême le 23 août 2018.

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