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    Peppermint : Pierre Morel cherchait à faire "les chorégraphies les plus réalistes possibles"

    Rencontre avec Pierre Morel pour son nouveau film, "Peppermint", porté par une Jennifer Garner enfin de retour au cinéma d'action !

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    En salles ce mercredi, Peppermint voit l'actrice Jennifer Garner revenir aux films d'action sous la direction de Pierre Morel (Gunman, Taken). Rencontre avec un cinéaste adepte du cinéma d'action réaliste.

    AlloCiné : Pourquoi avoir choisi Jennifer Garner ?

    Pierre Morel : Parce qu'avant de chercher quelqu'un qui soit crédible dans l'action je cherchais quelqu'un qui soit crédible dans le rôle. Tout le monde a connu Jennifer dans Alias, ses rôles d'action, sauf que depuis c'est une maman. Et ce film fonctionne si vous embrassez complètement sa trajectoire et ce qui lui arrive. On a donc cherché une maman crédible et qui sache faire de l'action. Donc elle était la perfection. Car si vous rentrez dans l'histoire de cette famille-là, tout ce qu'elle fera derrière, vous l'accepterez. Et c'est violent.

    Quel entraînement a-t-elle effectué ?

    Elle était en forme mais il a fallu qu'elle s’entraîne beaucoup car pour ces films il faut être sec et ce sont des films fatiguant à tourner. La comédie fatigue mentalement mais les scènes d'action prennent des journées à faire, il faut les faire encore et encore. Pendant trois mois elle s'est entraînée et elle a appris par cœur le maniement des armes et les chorégraphies de mouvement.

    C'est à vous de les créer avec le chef chorégraphe ?

    Oui, dans le scénario il est écrit "et là, ils se battent". Et il faut inventer les combats. Pour ce film c'était Keith Woulard, qui est en train de devenir un grand chef cascadeur. C'est un ancien Navy Seals donc il sait comment ça marche en vrai. On cherchait à faire les chorégraphies les plus réalistes possibles. D'ailleurs Keith avait déjà travaillé avec Jennifer dans The Kingdom de Peter Berg, ils s'en sont souvenus sur le tournage. J'aime bien adapter les chorégraphies aux personnages pour que ce ne soit pas des super-héros (...).

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    C'est un personnage qui en l’occurrence est traumatisé, comme le sont certains militaires avec le syndrome post-traumatique. Il y a de ça, non ?

    C'est une traumatisée par la mort de sa famille. Mais je ne voulais pas tomber dans la caricature de l'histoire de vengeance, qui est un sentiment extrêmement noir et qui ne ramènera jamais personne. (...) Elle a plutôt été trahie par le système et veut chercher une forme de justice. Elle a utilisé ce traumatisme pour trouver la force de se venger.

    Ce que j'ai trouvé intéressant c'est qu'entre les séquences d'action il y a des scènes de dialogues qui ajoutent vraiment de la profondeur aux personnages. C'est ce qui vous a intéressé dans le scénario de Chad St John ?

    Bien sûr. Il ne me fallait pas de l'action pour l'action, ça ne m'intéresse pas. Je pense que c'est ce qui m'a attiré et qui m'attire toujours, c'est le moteur dramatique. Ce n'est pas l'action qui dicte ce qui va se passer, ce sont les personnages.

    Est-ce que vous pouvez me parler de cette hallucinante séquence de piñata, comment l'avez-vous tournée ?

    Le scénario ne donnait pas de détails sur le lieu de ce combat. Je suis tombé amoureux de cette rue du centre-ville de Los Angeles où un bloc entier est consacré aux vendeurs de piñatas. Il y a 20 boutiques d'affilée et elles en vendent de toutes les tailles, d'un machin grand comme une boîte à chaussures à la tête de Trump qui fait la taille d'une voiture ! Ils vendent aussi ce qui va dans les piñatas. Et je trouvais intéressant que ce genre de scène qu'on tourne souvent dans des entrepôts impersonnels se fasse là, avec les couleurs, les papiers qui volent dans tous les sens de cet endroit. (...) On a mis 3 ou 4 jours à faire cette séquence. (...) Je n'aime pas beaucoup storyboarder, mais je prenais les photos de chaque angle des coups des combats.

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    On le voit dans le film, à quoi ressemble vraiment le quartier de Skid Row, dans lequel vous tournez toute la séquence finale ?

    C'est un vrai quartier, assez terrifiant. A deux pas du centre-ville et de ses tours comme à La Défense [à Paris], il y a des organismes qui nourrissent les SDF. Leur communauté s'est accumulée là et il y a en moyenne entre 5 et 10 000 SDF qui vivent sur trois ou quatre blocs avec des tentes de camping et une misère absolue. Il y a aussi une criminalité rampante due à beaucoup de trafic de drogues. Mais personne ne va y jeter un œil donc c'est aussi un bon endroit où se cacher. Ils sont là et ça ne dérange personne. (...) Nous avons reproduit Skid Row deux blocs plus loin et on l'a peuplé avec nos figurants mais faites quelques mètres dans la même rue à Los Angeles et vous tomberez sur le vrai Skid Row.

    Je trouvais intelligent qu'on n'assiste pas à l'entraînement du personnage de Jennifer Garner, qui aurait alourdi le film. Est-ce que c'était déjà évité dans le scénario ?

    C'est moi qui l'ait enlevé. C'était dans la première version du script, ce qui était logique a priori, mais je l'ai tout de suite enlevé. On pouvait tomber dans le cliché "petit scarabée qui s'entraîne" alors qu'on l'a déjà vu, c'était G.I. Jane. On l'a enlevé et je n'en suis pas mécontent. La transformation est plus frontale mais plus rigolote. On peut l'imaginer mais on n'a pas besoin de le voir.

    C'est ça, le cinéma, certaines choses n'ont pas besoin d'être montrées pour être comprises.

    Voilà.

     

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