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    RBG : "Il y a une demande pour des personnes ayant une intégrité et croyant en quelque chose" selon la coréalisatrice

    Rencontre avec Betsy West, coréalisatrice du documentaire "RBG", consacré à Ruth Bader Ginsburg et disponible en DVD. Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, elle est devenue une icône de la pop culture et de la défense des droits des femmes.

    L'Atelier Distribution

    Grâce à ses combats durant les années 70, la juge Ruth Bader Ginsburg a défendu six cas de discrimination entre les hommes et les femmes devant la Cour Suprême entre 1973 et 1976, en remportant cinq. Ce mercredi sort en salles un documentaire relatant ses hauts faits pour l'égalité et la façon dont elle est devenue une icône de la culture populaire. AlloCiné a rencontré au Festival du film Américain de Deauville la coréalisatrice du film pour évoquer son destin hors du commun.

    AlloCiné : Après avoir suivi la juge Ruth Bader Ginsburg durant de longs mois, comment décririez-vous sa personnalité ?

    Betsy West : Elle a une personnalité très inhabituelle. Elle est timide, réservée mais aussi très concentrée et déterminée. Elle a également un sacré sens de l'humour, y compris lorsqu'on rit d'elle. (...) Elle est aussi très attentionnée malgré son emploi du temps chargé à la Cour Suprême. Je l'ai vu prendre le temps d'appeler ses amis, sa famille et elle a une bonne relation avec sa communauté. C'est une personne admirable.

    Je trouve qu'elle a quelque chose d'enfantin dans le regard.

    Oui, elle a une lueur dans le regard. C'est intimidant d'interviewer un juge de de la Cour Suprême car ils ont une protection personnelle ce qui rappelle leur importance. Mais elle en particulier, car elle n'est pas très douée pour faire la conversation, ce n'est pas facile de créer du lien mais au fil des mois, je me suis mise à apprécier son sens de l'humour et la façon qu'elle a de rire. Si vous arrivez à la faire rire, c'est une très bonne journée ! (rires)

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    Le film a été une surprise au box-office américain (le 6ème meilleur démarrage d'un documentaire depuis 1982 avec 578 470 dollars), qu'elle a été votre réaction ?

    Ma coréalisatrice Julie Cohen et moi savions que nous tenions une énorme histoire, surtout après avoir terminé le tournage. Il fallait raconter la vie de Ruth Bader Ginsburg et le faire de façon à y intéresser le plus de gens possible. (...) Nous étions ravies de ce premier week-end, qui nous a permis d'accéder à un plus grand nombre de cinémas la semaine suivante. L'été fut riche en documentaires de qualité aux États-Unis, et il y a un point commun entre Won't You Be My Neighbor? [l'histoire de Fred Rogers et l'héritage laissé par son émission de télé pour enfants, Mister Rogers' Neighborhood] et notre film, c'est qu'ils parlent de gens que l'on peut admirer, qui sont des héros. Aux Etats-Unis, il y a une demande pour des personnes ayant une intégrité et croyant en quelque chose. (...) Et dans le cas de Ruth Bader Ginsburg, à une époque de mouvements #MeToo et Time's Up, voir une femme qui s'est battue pour l'égalité des sexes pendant des décennies et qui y a joué un tel rôle, cela résonne auprès des gens.

    Justement, avec un engagement comme le sien, une vie aussi riche, comment ne s'y perd-on pas dans les recherches préparatoires ?

    Nous l'avions toutes les deux interviewées précédemment pour un projet différent. En 2011, je l'avais rencontrée pour Makers: Women Who Make America Video Archive. Elle est considérée comme l'architecte juridique du mouvement moderne pour les femmes. Julie l'avait interviewée pour un documentaire qu'elle avait mis en scène, The Sturgeon Queens. (...) Avec RBG, nous sommes rentrées dans les détails. Nous avons beaucoup lu et accédé à des archives du Sénat, notamment les audiences de confirmation [destinées à la nomination de Ruth]. Vous pouvez en retrouver des extraits dans le film, mais elles durent quatre jours donc ça peut être franchement ennuyeux. C'est notre monteuse [Carla Gutierrez] qui après avoir vu les audiences, nous a fait les intégrer au film, car RBG s'y livrait beaucoup et défendait sa vie. Parmi les autres recherches, il y avait la rencontre avec son biographe officiel qui nous a apporté les films de famille tournés par son défunt mari Marty que vous retrouvez dans le film.

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    D'ailleurs si votre documentaire est à propos de Ruth, son mari Marty y joue un rôle capital. La scène dans laquelle il évoque leur relation est très émouvante.

    Oui, il était très en avance sur son temps, un mari féministe. Nous savions que le cœur du film serait les réussites de RBG durant les années 70, ses arguments devant la Cour Suprême, la façon dont elle a convaincu les juges que la discrimination sur le sexe existait, que les femmes étaient moins protégées, etc. Mais son histoire d'amour avec Marty en est indissociable. (...) Lorsque vous parlez à Ginsburg de son mari, son regard s'illumine. C'est une véritable romance entre eux.

    J'ai également apprécié le traitement visuel de votre film, qui évite la linéarité, comment avez-vous approché la mise en scène de cette histoire d'avancée sociale ?

    Nous ne souhaitions pas une évolution chronologique, nous voulions voyager du présent au passé pour évoquer le fait qu'elle est octogénaire et pleine de vie. Elle est âgée mais solide, (...) la partie la plus compliquée de notre film a été de regarder notre tableau avec toutes nos scènes et d'en trouver les connexions logiques. Par exemple, voir la juge Ginsburg prendre un café avec sa petite-fille regardant la photo de diplôme de sa petite-fille à l'école de droit de Harvard et s'amuser du fait qu'il y a désormais une parité dans cette école nous la voyons pensive. Cela nous a permis de revenir dans le passé pour évoquer son temps à Harvard. Nous avons toujours cherché des moments comme cela.

     

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