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    Scarface sur Paris Première : le bras de fer de Brian De Palma avec la censure
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    "Scarface", film de gangsters culte signé Brian De Palma, est diffusé ce soir sur Paris Première. L'occasion de revenir sur le rapport plutôt mouvementé qu'a eu le long métrage avec la censure.

    Scarface de Brian De Palma

    Avec Al Pacino, Michelle Pfeiffer, Steven Bauer...

    De quoi ça parle ? En 1980, Tony "Scarface" Montana bénéficie d'une amnistie du gouvernement cubain pour retourner en Floride. Ambitieux et sans scrupules, il élabore un plan pour éliminer un caïd de la pègre et prendre la place qu'il occupait sur le marché de la drogue.

    Universal Pictures

    S'il est devenu, au fil du temps, un film de gangsters culte qui a inspiré de nombreux artistes, Scarface avait obtenu un accueil critique très froid au moment de sa sortie en 1984. La raison principale ? Son fort degré de violence tant physique que psychologique : certaines scènes sont en effet très gores (celle de la tronçonneuse ou encore le final) et le long métrage offre une vision extrêmement pessimiste du rêve américain via Tony Montana, ce gangster sans pitié (et vulgaire, le mot "fuck" est prononcé 226 fois !) prêt à tout pour accéder au pouvoir. 

    Pourtant, même si le résultat final est très violent, le film a connu une histoire complexe avec la censure, à l'instar du Scarface d'Howard Hawks dans les années 1930, dont il est le remake.

    Lorsque Scarface est passé en commission de classification (la fameuse Motion Picture Association of America) peu de temps avant sa diffusion en salles, il fut classé X. Brian De Palma décida alors de procéder à quelques coupures, mais le verdict du comité ne changea pas. Etait en cause, entre autres choses, le nombre de balles impressionnant qu'a reçu Octavio le clown avant de mourir. Le cinéaste supprima ensuite d'autres images, mais l’association des professionnels du cinéma n'a pas souhaité revenir sur sa décision. 

    De Palma refusa toutefois d'effectuer d'autres modifications pour obtenir un classement R - Restricted (ce qui signifie que les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte s'ils veulent voir le film). En compagnie du producteur Martin Bregman, il rencontra alors le comité. Plusieurs experts furent réunis, dont de vrais spécialistes des stupéfiants, qui jugèrent le long-métrage tout à fait conforme à la réalité. Surtout, ils reconnurent que sa violence n'est pas gratuite. Cet argument convainquit les membres du comité qui décidèrent (après un vote quasi unanime) que Scarface soit classé R - Restricted.

    Cela étant, le metteur en scène ne voulut pas en rester là et expliqua que si son film a obtenu un R - Restricted dans sa troisième version, il aurait pu avoir cette même classification dès son premier montage. Il demanda donc à sortir Scarface dans sa copie initiale mais la MPAA refusa. Cependant, comme les membres de la commission ne connaissaient pas vraiment les différences entre les trois montages du film, De Palma décida de sortir le premier. Ce n'est que plusieurs mois plus tard, après la diffusion de Scarface en cassette vidéo, qu'il a avoué qu'il s'agissait de la première version...   

    Lors de sa sortie, si la critique n'a pas aimé le film, Scarface a connu un succès public plutôt correct dans le monde : pour un budget de 25 millions de dollars, il en a rapporté environ 66. Il a ensuite très bien marché via sa sortie en VHS et est devenu une véritable référence culturelle mondiale. Avec Scarface, De Palma a par ailleurs montré qu'il est capable de mener à bien un projet coûteux et Oliver Stone confirmait, après Midnight Express, à quel point il est un scénariste brillant qui n'a pas peur d'aborder des sujets qui fâchent (des longs métrages comme SalvadorPlatoon ou Wall Street en seront la preuve).

    Voir les secrets de tournage de "Scarface"

     

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