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    Hard Eight : focus sur le 1er long métrage méconnu de Paul Thomas Anderson
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    22 ans après sa réalisation, Hard Eight, le premier film de Paul Thomas Anderson, est enfin distribué en salles en France. Focus sur un long-métrage qui a dessiné les contours des thèmes chers à PTA tout au long de sa riche carrière.

    Hard Eight - Sortie le 21 novembre 2018

    De Paul Thomas Anderson avec Philip Baker HallJohn C. ReillyGwyneth Paltrow

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    John a perdu tout son argent. Il rencontre Sydney et tous deux partent pour Reno. Sous la tutelle de Sydney, John devient un joueur professionnel. Il tombe également amoureux...

    LES DÉBUTS D'UN GÉNIE

    Avant de nous provoquer avec Boogie Nights, nous émouvoir avec Magnolia puis de nous faire tomber à la renverse avec There Will Be Blood et The Master, Paul Thomas Anderson (PTA pour les intimes), faisait ses premières armes derrière une caméra avec ce Hard Eight.

    Sorti dans nos contrées uniquement en DVD affublé du titre Double mise, le film convoque déjà plusieurs comédiens fétiches du cinéaste. On y retrouve Philip Baker Hall en joueur invétéré, John C. Reilly en apprenti talentueux et même le regretté Philip Seymour Hoffman dans un petit rôle de joueur de craps. Anderson est parvenu à taper dans l'oeil des producteurs d'Hollywood après avoir présenté son court-métrage, Coffee and Cigarettes, à Sundance en 1993.

    LE STUDIO CHARCUTE LE FILM

    Le metteur en scène, connu pour être très minutieux et intransigeant, a dû batailler ferme pour parvenir à mettre son boîte son premier long-métrage. Les producteurs, à travers la société Rysher Entertainment, ont en effet mis pas mal de bâtons dans les roues du cinéaste. 

    En premier lieu, ils ont renommé le film. Au départ, PTA souhaitait titrer son film Sydney, comme le prénom de son personnage principal joué par Philip Baker Hall. La production en a décidé autrement, craignant que l'on confonde avec la ville australienne de Sydney et que les spectateurs soient trompés, croyant que l'action se déroule à cet endroit et non aux USA.

    Splendor Films

    Cela a rendu le metteur en scène furieux, d'autant plus que son premier montage de 2 heures 30 a également été refusé. PTA est alors entré en conflit ouvert avec le producteur Robert Jones, se révoltant contre l'obligation de faire des coupes dans son film. Le réalisateur n'en démordant pas, il s'est fait virer en même temps que son monteur, laissant Jones s'occuper de faire toutes les coupes qu'il souhaitait.

    De Hard Eight à Phantom Thread : le cinéma de Paul Thomas Anderson

    Si grâce à Gilles Jacob, Anderson peut présenter son film dans son intégralité à la section "Un certain Regard", il cultive néanmoins une rancœur farouche pour la production cinématographique en général. Pour Boogie Nights, il sera ferme, ne cédant sur rien malgré des projections tests inquiétantes et imposant à la New Line sa durée (2H33).Tout au plus acceptera-t-il d’alléger le film d’une partie de sa violence afin d’éviter l’interdiction aux moins de 17 ans. Les succès critiques et publics de son film donneront raison à son obstination.

    GÉRER LES EGOS

    Quelques années plus tard, Anderson s'est exprimé au sujet de Hard Eight ; l'artiste a confié que cette expérience lui avait appris que faire tout ce qu'on pouvait pour réaliser le meilleur film possible n'était que la moitié du job de metteur en scène. L'autre moitié était consacrée à gérer tous les immenses egos impliqués.

    PTA parlait-il également de son ego ? Ce dernier souhaitait en effet que seul son nom n'apparaisse au générique de début de Hard Eight, demandant à ce que ses collaborateurs signent un papier stipulant qu'ils étaient d'accord. Le studio, toujours représenté par Robert Jones, a refusé ce "caprice" et le générique comprend ainsi tous les membres principaux du casting et de l'équipe technique.

    Paul Thomas Anderson sur le personnage de Phantom Thread : "Il est difficile et je l’aime aussi pour ça"
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