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    Troppa Grazia : Alba Rohrwacher a "trouvé en Lucia un personnage formidable car elle est vivante"

    Mercredi dernier est sorti "Troppa Grazia", l'histoire d'une femme qui va voir sa vie bouleversée lorsqu'une inconnue lui apparaît et lui demande de construire une église sur un lieu destiné à un grand bâtiment.

    Pupkinproductions

    Troppa Grazia est le nouveau film de Gianni Zanasi, l'histoire de Julia (Alba Rohrwacher), mère célibataire, qui bataille pour trouver un juste équilibre entre sa fille adolescente, une histoire d’amour compliquée et sa carrière de géomètre. Son avenir professionnel se voit compromis lorsqu’elle réalise que la future construction d’un bâtiment ambitieux s’avère être dangereuse pour l’environnement. Une mystérieuse étrangère essaye alors de la convaincre de tenir tête à ses supérieurs et recommande la construction d’une église sur le site du chantier problématique. Rencontre avec le réalisateur et son actrice.

    AlloCiné : Comment avez-vous eu cette idée d'avoir un personnage guidé par la Madone ?

    Gianni Zanasi : Il n'y a aucune raison logique derrière ce choix. J'avais un sentiment, celui que la vie de tous les jours semble immuablement la même, comme une présence à laquelle on ne pouvait échapper. C'est une sensation très oppressante mais je crois qu'elle est très présente chez les gens en ce moment. Et soudainement, dans un magasin, j'ai vu une jeune femme en sentant qu'elle ressentait la même chose que moi. Puis j'ai vu une autre femme avec un voile bleu en me disant "est-ce la Madone ?" qui est venue vers la première femme pour lui dire "va voir les hommes". Effrayée, elle lui a répondu "vas-y, toi !" (rires) et c'est comme ça que l'histoire de ce film a débutée.

    Alba, avez-vous fait quelques recherches pour ce rôle ?

    Alba Rohrwacher : Non, ce n'est pas un film sur la théologie, c'est l'histoire de quelqu'un qui est un peu perdu. Lorsqu'elle rencontre son psychanalyste, on devine qu'elle s'est perdue, comme on se perd parfois dans la vie, qui nous éloigne parfois de qui nous sommes. Elle doit s'occuper de sa fille et le film explore l'âme de ce personnage. Nous avons travaillé pour que l'on puisse croire à ce qu'elle dit, je devais donc me concentrer non pas sur l'extérieur mais sur l'intérieur du personnage. La Madone est à l'intérieur d'elle et nous puisons là-dedans pour faire sortir cela d'une façon légère.

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    Comment trouve-t-on cela en soit ?

    AR : Cela a demandé beaucoup de travail. Par exemple, comment représente-t-on la Madone ? Le premier jour où [l'actrice interprétant la Madone, Hadas Yaron] est arrivée sur le plateau, c'était difficile pour moi, je devais me demander comment j'allais la regarder. Nous en avons discuté entre acteurs et avec Gianni et avons suivi sa vision.

    Gianni, plusieurs années se sont écoulées depuis votre précédent film, "La felicità è un sistema complesso", ce film était-il compliqué monter financèrement ?

    GZ : Ces dernières années en Italie, ce n'est pas vraiment facile de financer un film comme celui-là. Il est différent de ce que les producteurs attendent actuellement. C'est une comédie qui ne veut pas tout le temps vous faire rire (...), parfois vous émouvoir, vous faire pleurer ou vous apeuré avant de vous refaire rire. Mais j'ai eu de la chance car j'ai travaillé avec des producteurs éclairés qui comprennent aussi une intention artistique.

    Vous évoquez beaucoup la nature dans ce film, en l'opposant notamment à la civilisation corrompue, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos intentions à ce sujet ?

    GZ : Je rejoins Alba : nous nous centrons sur le personnage de Lucia et les contrastes qui l'habitent. (...) Si vous perdez la croyance de l'enfance, vous perdez tout. Vous ne grandissez pas, vous vieillissez. Lucia a en elle (...) le naturel et le non-naturel et les deux s'affrontent. Elle se cherche et cherche une connexion avec la Terre, d'où elle vient. Donc nous parlons d'écologie dans le film, mais surtout de la dualité du personnage joué par Alba.

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    Et justement Alba, était-ce difficile de jouer avec autant de sentiments ? Car votre personnage passe par toutes les émotions, y compris une rage puissante.

    AR : Comme actrice, je trouve en Lucia un personnage formidable car elle est vivante. Nous devons [entrer en elle], comprendre qui elle est et la suivre. Elle pleure, rit, crie, déprime... elle n'est pas unicolore, elle est toutes les couleurs en même temps.

    Etait-ce facile de sortir d'un rôle aussi puissant ?

    AR : C'est étrange car c'était une comédie, mais faire ce film a été une expérience intense. J'y ai mis beaucoup de sentiments donc c'était facile d'en sortir mais avec Gianni elle nous manque. Il nous reste un petit morceau du film (...) avec nous, son histoire n'est pas fini. Lorsqu'on nous a annoncé que le tournage était fini dans deux jours, on se disait "il nous reste encore deux jours [avec elle]".

    GZ : C'est vrai, nous sommes encore amoureux de Lucia.

    "Troppa Grazia", actuellement en salle :

     

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