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    Sex Education nous rappelle pourquoi on adore les comédies anglaises

    En traitant avec humour et justesse des premiers émois amoureux et de la découverte de notre corps, la série britannique de Netflix Sex Education nous rappelle combien on adore les comédies anglaises.

    Parce qu’ ils osent être trash

    L’humour pour parler de choses taboues ? Il n’y a rien de mieux. Alors que les séries outre-atlantique semblent se brider et éviter les sujets trop polémiques, les comédies anglaises n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat, sans avoir peur de choquer les esprits. Une caractéristique propre à l’humour anglais qui se met rarement de limites… surtout quand il s’agit de parler de sexe à la télévision. Trash oui, mais jamais gratuit. Dans Shameless, cela la rend plus réaliste, dans la récente Sally4ever, cela accompagne l’émancipation du personnage, dans Sex Education, cela apporte un côté didactique à la série... Ici, la sexualité est abordée avec une une certaine délicatesse, sans tomber dans la vulgarité. Et pourtant, nous avons le droit à des termes crus et des scènes explicites.. Un équilibre qu’elle trouve grâce à une galerie de personnages imparfaits mais touchants, dotés d’un humour anglais si caractéristique. "L’humour britannique a cette conscience de soi – que je ne retrouve pas forcément dans l’humour américain", nous explique Asa Butterfield, l’interprète d’Otis dans la série Netflix. "C’est important quand on parle d’un sujet comme le sexe. Cela permet d’être honnête".

    Alors que les Américains (connus pour leur puritanisme) préfèrent le drame à la comédie pour parler de ces sujets de fond, les Anglais eux, n’hésitent pas, comme nous l’explique l’actrice Gillian Anderson : "Vous savez c’est un pays un peu coincé et j’imagine que la raison pour laquelle nous faisons beaucoup de comédies, c’est pour contrebalancer ça. Les sujets qu’on aborde, sont des sujets qui par nature ne doivent pas être abordés. C’est pour cela que le sexe est le sujet parfait pour la comédie."

    Jon Hall/Netflix

    Parce que leurs personnages ne sont pas toujours glamours

    Que ce soit au cinéma ou à la télévision, la comédie se délecte de personnages étranges, embarrassants (comme David Brent de The Office), volontairement ridicules (les mimiques comiques de Mr Bean !) et surtout excentriques. Un marqueur qui s’applique autant à la comédie qu’au drame (on peut citer à ce titre le personnage de Doctor Who). Elle s’amuse à façonner des héros pas vraiment glamours mais dans lesquels on se retrouve malgré tout un petit peu. Si on compare les personnages joués par Ricky Gervais et Steve Carell dans les deux séries The Office, la version britannique a un côté moins lisse et sympathique, avec un humour plus mordant et piquant. Bref, il fait plus réel.

    Sex Education ne déroge pas à la règle. Pour apporter une touche d’excentricité à ses personnages, la série, intemporelle, s’amuse en mélangeant les genres et les époques. Si on sait qu’elle se déroule à notre période (portables, ordinateurs et télé derniers cris en sont la preuve), les lycéens adoptent un look 90’s qui frisent parfois le ridicule. Nous pouvons aussi mentionner son héros, Otis Milburn, un ado pseudo sexologue, dont la maladresse fait rire (quand il essaie de donner des conseils à la fête d’Amy par exemple). Sans parler du postulat de base : comment quelqu’un qui a du mal à se masturber ou à sociabiliser peut-il aider les autres dans ce domaine … ?

    Les personnages de Sex Education se retrouvent plusieurs fois dans des situations délicieusement ridicules qui prêtent à sourire et qui nous rappellent que les Britanniques sont les meilleurs à ce jeu.

    Parce qu’ils prouvent que le ridicule ne tue pas

    Les Britanniques, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Qu’ils s’appellent Bean, Brent, Blackadder ou Partridge, tous ces personnages cultes de la télévision britannique ont perpétué une tradition de l’auto-dérision et de l'ode au ridicule. Un domaine dans lequel ils excellent et s’en donnent à coeur joie, faisant fi de leur amour propre et de leur réputation. Sex Education s’inscrit dans cette pure lignée de la lose, du manque d’aisance, de la gaucherie…

    Il faut dire que la thématique de la séxualité à l’adolescence s’y prête. Dépeinte de façon plus secondaire et superficielle dans bien des séries du genre, il est ici question d’en faire un portrait davantage réaliste avec tout ce que le sujet implique : influence sociale, naïveté, comportements biaisés, questionnements techniques… Si l’on est loin du modèle humoristique des Monty Python ou de Rowan Atkinson - Sex Education s’inspire indéniablement de la comédie américaine moderne - la série mise plutôt sur des dialogues ciselés et du comique de situation bien plus subtil que ses aînées. La "social awkwardness" (maladresse sociale) des protagonistes est un prétexte pour tourner leurs actes en dérision, de l’exhibition inattendue de l’appareil génital disproportionné d’Adam à l’embarrassante fellation publique d’Eric sur une banane. La palme du ridicule revenant toutefois à Otis, personnage ô combien balourd tant dans sa démarche empotée que dans ses nombreuses tentatives de masturbation. Par l’écriture intelligente de ces héros attachants auxquels on peut facilement s’identifier, les auteurs parviennent à rendre leur propos plus démonstratif que moqueur. L’ensemble donne à la série un ton cocasse qui n’en étouffe pas pour autant son message pédagogique universel. Et si leur malhabileté est aussi jouissive pour le spectateur, c’est surtout grâce à un cast brillant affranchi de toute pudeur que ne renieraient pas Steve CooganJohn Cleese ou Simon Pegg.

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