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    3 bonnes raisons de découvrir Weird City, la satire futuriste de Jordan Peele
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Disponible depuis hier soir sur Youtube Premium, cette série dystopique au format anthologie contient six épisodes plus barrés les uns que les autres et un casting cinq étoiles.

    Parce que c'est beaucoup plus drôle que Black Mirror

    Dans Weird City, créée par Jordan Peele et Charlie Sanders, la population est divisée en deux : les "Ayants" et les "Non-Ayants". Moyennant l'obtention d'un grand nombre de crédits (la monnaie virtuelle en vigueur), chacun peut rêver d'accéder à la ville "au-dessus de la ligne", littéralement désignée de cette manière, et ainsi faire partie de la classe sociale supérieure. Les autres, eux, doivent se débattre avec les restes dans la partie "au-dessous de la ville", où réside la majorité de la population. Mais au fil des épisodes, on comprend bien vite qu'il ne fait pas si bon vivre parmi l'élite : aliénation à la technologie, culte de l'apparence, moralité irréprochable (les gens ne font plus l'amour, ils s'envoient des sextos), matérialisme et mode de vie healthy à outrance... La tendance ultime chez les "Ayants" ? Les baskets à orteils avec un doigt de pied apparent ! La série ne s'interdit rien, et oscille en permanence entre la drôlerie et le malaise à chaque épisode (n'oublions pas la propension de Jordan Peele, réalisateur de Get Out, à glisser de l'humour au malaise en une séquence) : un bébé emoji, une intelligence artificielle névrosée, des prénoms tournés en ridicule par une subtile inversion de consonnes, un mystérieux scientifique gérant de multiples aspects économiques de la ville à des fins obscures... Si l'on ne devait retenir qu'une seule raison de jeter un oeil à Weird City, qui délivre un discours assez simple mais on ne peut plus réaliste sur les dérives économiques et technologiques à venir (l'esprit du film Idiocraty n'est pas loin), le fait de traiter ce sujet par le prisme de la comédie loufoque et grinçante est libérateur, et fait passer son message avec une grande efficacité.

    Parce que le casting est une vraie mine d'or

    Outre un Michael Cera terrifiant en loser mangeur d'asticots, on y retrouve Steven Yeun, qui après une apparition en militant syndicaliste dans Sorry to Bother You, continue son chemin dans les fictions dystopiques, Hannah Simone (New Girl), Awkwafina (Ocean's 8), Laverne Cox (Orange is the New Black), Sara Gilbert (Roseanne), Dylan O'Brien (Teen Wolf), Ed O'Neill (Modern Family), Rosario Dawson (Luke Cage), Gillian Jacobs et Yvette Nicole Brown (Community)... En bref, chaque visage est familier de l'univers des séries, et tous les acteurs semblent s'en donner à coeur joie. Parmi les nombreux caméos improbables de Weird City, les nostalgiques de Clueless reconnaîtront Sean Holland en chauffeur de van volé par un groupe d'Ayants pour aller "sponsoriser" un enfant pauvre, Charlie Sanders fait une apparition en détective (trop) zélé, et Mark Hamill lui-même effectue un caméo vocal pour le moins... Surprenant.

    Parce que c'est queer et inclusif

    Weird City est une série en phase avec son époque, et donne la part belle à la diversité. Le premier épisode, "The One", s'ouvre sur un couple qui n'avait à priori rien à faire ensemble : Dylan O'Brien, un jeune homme condamné au célibat du fait de sa provenance de la partie pauvre de la ville, et Ed O'Neill, un vieil homme veuf, tous deux à la recherche de l'âme soeur, sont malencontreusement associés par l'algorithme du docteur Negari... Mais finissent par tomber éperdument amoureux. L'application de rencontres aurait-elle finalement eu raison en trouvant l'être aimé idéal sans aucune distinction de sexe, d'âge ou d'ethnie ? Difficile de ne pas fondre devant la tendresse de cet épisode. De même, l'actrice transgenre Laverne Cox interprète, aux côtés de Sara Gilbert, un couple lesbien qui emménage dans une maison ultra-connectée dans l'épisode "A Smart House", et traversent une crise conjugale à cause de leur intelligence artificielle un peu trop envahissante. Quant à l'épisode final, il met en scène deux personnages d'une série d'action, interprétées par Yvette Nicole Brown et Awkwafina, prenant conscience que leur existence est fictive. Deux actrices dont l'ethnie est encore sous-représentée dans les premiers rôles de ce genre. 

    Jordan Peele, co-créateur des hilarants sketchs de la chaîne Key & Peele avec son complice de toujours Keegan-Michael Key, est également aux manettes d'un reboot de la série culte The Twilight Zone pour la chaîne CBS. L'acteur/réalisateur/scénariste aux multiples talents, oscarisé pour Get Out l'an dernier, semble avoir trouvé avec la SF un genre de prédilection.

    Découvrez la bande-annonce de Weird City, disponible en intégralité sur Youtube Premium :

     

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