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    Jessica Jones : que vaut la série Marvel diffusée pour la première fois sur TF1 Séries Films ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Diffusée en clair pour la première fois après sa naissance sur Netflix, "Jessica Jones" arrive sur TF1 Séries Films. Vous hésitez à la regarder ? Voici ce que vaut le show tiré des comic books Marvel et emmené par Krysten Ritter et David Tennant.

    Netflix

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    La super-héroïne Jessica Jones s'est reconvertie en détective privé. Hantée par un événement traumatisant de son passé, elle se cache à New York et se contente de sordides affaires d'adultère. Une nouvelle enquête va faire resurgir de vieux démons...

    Jessica Jones de Melissa Rosenberg - Avec Krysten Ritter, David Tennant, Rachael Taylor...

    Disponible sur Netflix - Saison 1 diffusée sur TF1 Séries Films à partir du 22 février 2019

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    NOTRE AVIS

    Marvel sur Netflix : épisode 2 ! Quelques mois après le succès de Daredevil, la plateforme lance son adaptation de Jessica Jones. Ou plutôt des comic books "Alias", initiés par Brian Michael Bendis et Michael Gaydos en 2001 et dans lesquels nous retrouvions déjà cette atmosphère de polar. Comme sur papier, la jeune femme est dotée d'une force surhumaine et le récit débute alors que ses années de super-héroïne sont derrière elle. Malgré quelques éléments qui nous sont révélés au gré des épisodes, nous n'avons donc pas affaire à une origin story classique, et l'ensemble prend parfois des allures de drame autour d'une survivante, avec de vraies crises de stress post-traumatique dedans.

    Tout débute pourtant avec un brin de légèreté lorsque l'on nous présente Jessica, détective privée autant réputée pour sa façon de mener ses enquêtes à leur terme que son franc parler ou ses longues soirées placées sous le signe de l'alcool. Notamment dans le bar où elle rencontre son amant et futur coéquipier chez les Defenders : Luke Cage. Une façon, pour le show, de contribuer à bâtir l'univers Marvel alors amené à se développer sur Netflix, comme la saison 2 de Daredevil le fera ensuite avec le Punisher, tout en respectant les comic books et la relation entre les deux personnages. Même si le cœur de ces 13 premiers épisodes,c'est bien Jessica.

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    C'est peut-être pour cette raison que la majorité des personnages secondaires se révèle peu intéressant, à commencer par Trish Walker (Rachael Taylor), dont l'histoire peinera longtemps à être captivante, à tel point qu'il faut attendre la saison 2 pour que sa place dans l'intrigue soit plus importante. Couplé à une mise en scène souvent plate, là où la caméra virevoltait et se lançait dans de jolis plans-séquences chez Daredevil, ce défaut créé des longueurs dans un bloc composé de 13 épisodes d'une heure environ (format auquel chaque série Marvel/Netflix était contractuellement tenu). Mais le bilan est heureusement plus que positif. Grâce à l'héroïne, à qui Krysten Ritter apporte sa présence et l'insolence dont elle a pu faire preuve dans certaines de ses précédentes séries (Don't Trust the B****… en tête). Et au méchant incarné par David Tennant.

    Surnommé l'Homme Pourpre (pour la couleur de sa peau dans les comic books, et celle de ses tenues ici), Kilgrave est sans conteste le meilleur méchant des séries Marvel qui ont vu le jour sur Netflix. Il faudra bien sûr attendre la saison 3 de Jessica Jones pour être définitivement fixés à ce sujet, mais l'ex-Doctor Who a placé la barre très haut avec ce personnage de sociopathe, s'imposant devant le Wilson Fisk joué par Vincent D'Onofrio dans Daredevil. Les deux antagonistes nous sont d'ailleurs présentés de la même manière : leur légende est d'abord mise en avant au gré des récits des victimes qui leur ont réchappé, avant qu'ils ne nous apparraissent vraiment.

    Une façon de faire qui rappelle Mission : Impossible - Rogue Nation avec Solomon Lane, sorti la même année que les premières saisons de Daredevil et Jessica Jones, et fonctionne particulièrement bien ici. Après avoir eu un bel aperçu de ce que les pouvoirs de persuasion de Kilgrave pouvaient faire, entre pousser un homme à sauter d'un toit et faire en sorte qu'un autre reste face à un mur jusqu'à en mourir, le premier plan de son visage, qui nous apparaît presque par surprise à la fin de l'épisode 3, fait office de choc, tant son regard paraît terrifiant. Se faisant ensuite plus suave et ambigu, tout en étant finalement aussi monstrueux, il fera honneur à cette entrée en scène jusqu'au bout.

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    Car c'est bien lui le vieux démon de Jessica dont parle le synopsis officiel. Celui qui a brisé la vie de l'héroïne et conditionné l'état dans lequel elle est lorsque nous faisons sa connaissance, en usant de son pouvoir sur elle alors qu'ils vivaient une relation amoureuse. Pour commettre des crimes, mais pas que. Et c'est à la fois l'une des forces du récit en même temps que l'une de ses faiblesses : alors que l'événement dont elle a été rendue responsable nous est souvent montré en flashback, les viols dont elle visiblement été victime ne sont que trop légèrement suggérés, là où les dialogues auraient pu être plus explicites et aborder le sujet de front. Surtout que les thèmes évoqués dans cette saison ont pris encore plus d'ampleur depuis.

    En 2015, cette partie de Jessica Jones, la série, était déjà forte et le traumatisme de l'héroïne palpable. Aujourd'hui, à l'heure où la masculinité toxique est de plus en plus pointée du doigt dans une époque marquée par les répercussions de l'affaire Weinstein et des mouvements tels que #MeToo, le show gagne en puissance et le côté super-héroïque se retrouve relégué au second plan de ce qui se présente davantage comme un drame policier aux accents fantastiques sur la reconstruction d'une survivante et la façon dont elle décide d'affronter son passé et l'homme qui lui a pris sa vie, au lieu de continuer à fuir et se taire, pour reprendre le contrôle de son existence, ne plus vivre dans la peur et protéger celles et ceux qui pourraient subir ce dont elle a été victime.

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    Sur le fond, et malgré des façons de faire on ne peut plus différentes, cette saison 1 de Jessica Jones fait écho à Unbreakable Kimmy Schmidt, qui a pu s'appuyer sur les bouleversements nés avec #MeToo dans ses derniers épisodes. L'anti-héroïne Marvel, elle, a quelque peu marqué le pas avec la suite de ses aventures : malgré un début très réussi, la saison 2 s'est ensuite révélée moins forte que la première, même s'il était toujours question d'y affronter son passé. Sans spoiler ceux qui ne la découvriront qu'au moment de sa diffusion sur TF1 Séries Films, sachez seulement que l'un de ses épisodes met parfaitement en lumière ce pourquoi la série fonctionnait aussi bien avant et ce qui lui manque depuis. En attendant la 3 en tout cas.

    Moins violente et virtuose que Daredevil, mais plus humaine et engagée, Jessica Jones est, dans l'ensemble une réussite. Grâce à son héroïne, son méchant et un peu Luke Cage. Et le sujets qu'elle aborde, au détriment de l'action. Parfois dur, le show risque de rebuter ceux qui associent Marvel avec légéreté et grand spectacle, mais il constitue le haut du panier dans l'approche adulte et réaliste voulue par Netflix, pour trancher avec le MCU qui a fait main-basse sur le box-office depuis 2008. Le hasard veut que la série soit enfin diffusée en clair alors que son annulation, prévisible vu le sort réservé à ses camarades Defenders, vient d'être officiellement prononcée. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas donner sa chance à ce personnage mal élevé, certes, mais auquel vous risquez de vite vous attacher.

    "Jessica Jones", le générique éléctrique :

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