Certains épisode ne dépassent pas le stade du scénario. Jugés trop polémiques, borderline, ou incompatibles avec la cible de la chaîne, ils sont remisés dans les cartons des projets avortés, ce cimetière d’histoires improbables qui iront nourrir la légende à défaut des écrans. Étonnement, c’est du côté des comédies que l’on retrouve le plus souvent des épisodes abandonnés sur le bord de la route. Pas tous égaux devant le rire ? Possible mais certaines décisions, avec le recul des années, s’avèrent justifiées.
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Friends : Chandler et les stripteaseurs
Il y a cet épisode de Friends où Chandler devait se rendre dans un club de stripteaseurs... parce qu’il aime le buffet (la nourriture, pas le spectacle). C’est finalement Matthew Perry qui opposera son véto, trouvant que la série en faisait bien assez sur le rapport qu’entretient son personnage à l’homosexualité. Une relecture actuelle de la série a pointé du doigt certains arcs narratifs ou comportements problématiques, cristallisant des aigreurs sur une éventuelle homophobie. Des années plus tard, la production peut remercier l’acteur d’avoir été un minimum clairvoyant sur une intrigue qui n’aurait pas probablement pas grandi la série.
Seinfeld : George Constanza et le racisme
Autre sujet sensible. Dans Seinfeld, la série a bien failli marcher dans un champs de mines. Au départ une intrigue ordinaire, dans un restaurant. La sitcom-qui-ne-parle-de-rien s’est faite une spécialité de ces moments de la vie ordinaire, qu’elle tourne en épingle, à la grâce de la plume de Jerry Seinfeld et Larry David. George Constanza (Jason Alexander) est un peu le double maléfique de Larry David. Une version en pire, débarrassé de tout garde fou. Un éloge de la médiocrité, de la bassesse avec un soupçon de pathétique. Le point de départ de l’épisode ? Un commentaire de George le voyait s’interroger sur le fait qu’il n’avait jamais vu un Noir commander une salade. Dans une série uniformément blanche, quand bien même elle aime gratter là où ça fait mal, cela aurait probablement été la petite blague de trop, qui ne passe pas du tout. La production n’a pas validé l’épisode qui restera dans les placards.
Home Box Office (HBO)
Cheers : Sam Malone et le SIDA
Marche arrière du côté de Cheers également. Plus qu’un épisode, c’est tout un arc narratif qui sera abandonné. Cherchant à chambouler un peu la série, les auteurs décident que le womanizer Sam Malone (Ted Danson) deviendrait séropositif. Nous sommes à la fin des années 80 où le sujet est particulièrement à vif, sensible et dramatique. Impossible pour la sitcom, de rester dans le domaine de la comédie avec un thème aussi lourd et plombant. L’idée sera finalement abandonnée, quand après les premières répétitions, Les Charles (co-créateur de la série) remarqua que l’humour n’avait plus sa place dans ce contexte.
Angel : Kate, flic, prostituée et drug addict
On change de registre. Pour certain, le couperet tombe tout juste avant la mise en production. C’est le cas d’Angel (spin off de Buffy) dont le deuxième épisode explorait la prostitution et l’addiction. Si la série se voulait plus sombre et urbaine que sa grande soeur, pour WB (diffuseur à l’époque), c’est aller beaucoup trop loin pour un public encore jeune malgré tout. Son auteur, David Fury, s’exprimera sur ce projet avorté : « Ce n’est pas un sujet que vous voyez souvent sur la chaîne. Et Kate, la détective [et partenaire indirect d’Angel] devait initialement être une flic sous couverture accro à la cocaïne et coucher avec des hommes contre de l’argent parce qu’elle est allée un peu trop loin dans son travail d’infiltration ». On peut comprendre les réticences de WB.
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