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    Captain Marvel : "Il était libérateur de ne pas avoir à se soucier des autres Avengers", expliquent les réalisateurs

    Réalisateurs des indépendants "Half Nelson" et "Under Pressure", Ryan Fleck et Anna Boden changent de dimension avec "Captain Marvel", film de super-héros féministe qu'ils ont évoqué à notre micro.

    Du cinéma indépendant américain au Marvel Cinematic Universe, il n'y a qu'un pas déjà franchi par Jon FavreauTaika Waititi ou les frères Russo, aujourd'hui rejoints par Ryan Fleck et Anna Boden, qui devient au passage la première femme à la tête d'un long métrage du studio (en attendant Black Widow par Cate Shortland et The Eternals par Chloé Zhao). Lequel n'est autre que le premier à mettre une super-héroïne en haut de son affiche. Révélés avec Half Nelson en 2006, ils évoquent leur Captain Marvel, et le gros changement de registre et de moyens qui va avec.

    AlloCiné : Comment passe-t-on du circuit indépendant à l'un des plus gros blockbusters de l'année ?

    Anna Boden : (rires) Très lentement et précautionneusement, pas à pas. Les gens s'imaginent souvent que cela doit être dingue de passer de ces tout petits films à quelque chose d'aussi énorme. Mais, dans un sens, c'est la façon la plus facile de faire le grand saut vers des films à effets spéciaux comme celui-ci, puisque nous sommes entourés par beaucoup de personnes talentueuses et que nous avons bénéficié d'un vrai réseau de soutien tout au long du processus. Des gens qui sont vraiment les meilleurs dans leurs domaines respectifs et grâce auxquels nous avons beaucoup appris lorsqu'ils nous ont guidés à travers ce projet.

    Le grand saut dont vous parlez a sans doute été plus facile à faire en compagnie de Brie Larson, qui vient elle aussi du cinéma indépendant américain.

    Ryan Fleck : Oui, nous avons suivi le même chemin. Elle possédait déjà un peu d'expérience grâce à Kong : Skull Island, donc connaissait mieux ce type de gros film que nous. Mais nous venons du même circuit, et c'était amusant de travailler sur ce projet ensemble, et d'apprendre au fil du temps.

    Anna Boden : Beaucoup des acteurs que nous dirigeons ici proviennent de longs métrages menés par les personnages, et c'est ce que nous aimons et qui nous plaisait ici aussi.

    Comment écrit-on un film comme celui-ci ? Y a-t-il des indications qui vous sont données, ou êtes-vous plus libres ?

    Ryan Fleck : Lorsque Marvel nous a engagés, ils nous ont dit vouloir trois choses dans le film : il fallait qu'il se déroule dans les années 90, que Nick Fury ait ses deux yeux et que les Skrulls soient l'un des éléments de l'histoire. À partir de là, nous étions libres de faire ce que nous voulions (rires) Nous avons donc pris ces ingrédients pour les mélanger et les faire mijoter afin d'obtenir un résultat qui ait le plus de goût possible. Mais le scénario a continuellement évolué depuis la première version que nous avons écrite : nous l'écrivions encore alors que nous tournions, et l'étape du montage a, en quelque sorte, permis de continuer à l'écrire. Mais là nous avons terminé.

    Vous êtes-vous sentis plus libres par rapport au reste du Marvel Cinematic Universe avec ce récit en 1995, dans la mesure où vous n'aviez pas à vous connecter aux autres films, à part les "Avengers" ?

    Ryan Fleck : Absolument ! Notre histoire se déroule dans un monde pré-Avengers, pré-Iron Man, donc il nous a paru libérateur de ne pas avoir eu à nous soucier de ce que les autres Avengers seraient en train de faire au même moment. Et il n'y avait pas autant de téléphones portables pendant les années 90, ce qui est très bien, car aujourd'hui ils peuvent défaire n'importe lequel des noeuds de l'intrigue.

    Anna Boden : C'est vrai. Les téléphones portables n'auraient pas été compatibles avec l'esprit de road movie et d'enquête que nous recherchions.

    Il nous paraît important que nos films se nourrissent du monde qui nous entoure

    Avez-vous senti, en tournant le film, qu'il serait aussi important sur le plan culturel, pour les femmes et la diversité au moment de sa sortie ?

    Anna Boden : Pour nous, il était important de ne pas uniquement parler d'une super-héroïne très puissante, mais de quelqu'un de complexe et dotée de beaucoup d'humanité en son sein. Mais également de ne pas seulement parler d'elle, mais aussi de sa relation avec d'autres femmes qui sont également importantes, à commencer par Maria Rambeau (Lashana Lynch) à qui nous avons donné une voix pour permettre de montrer l'histoire de son point de vue et son expérience en tant que femme. Il nous reste encore à voir quel impact Captain Marvel aura, car tout dépendra de la façon dont il affectera le public, mais tout cet aspect était très important pour nous, et nous avons cherché à écrire une histoire que nous aurions envie de suivre et dont nous serions fiers, qui nous semblerait valorisant.

    Le film paraît même plus important aujourd'hui encore, à l'heure de #MeToo et Time's Up, surtout qu'il parle d'émancipation, de libération de la parole. Étiez-vous conscients de la façon dont il allait coller à l'actualité ?

    Anna Boden : Oui, nous faisons partie du monde dans lequel nous vivons, et sommes donc conscients de ce qu'il se passe sur le plan culturel. Il nous paraît donc important que nos films s'en nourrissent et semblent pertinents dans nos vies comme, je l'espère, celles des autres gens.

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