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    Highlander : "J’ai tourné ce film pour le côté romantique de l’histoire et de l’immortalité" se souvient Christophe Lambert
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Invité d’honneur de la convention monégasque MAGIC, Christophe Lambert est revenu pour nous sur son film culte "Highlander", mais également sur ses choix de carrière éclectiques.

    D.R.

    AlloCiné : Comment expliquez-vous qu’après plus de 30 ans, Highlander reste aussi populaire, y compris auprès des générations qui le découvrent aujourd’hui ?

    Christophe Lambert : C’est une très bonne question, car on me considère souvent comme un acteur de cinéma d’action, alors que je joue dans des films très variés. Si on regarde ma filmographie on constate que Greystoke, SubwayParoles et Musique ne sont pas des films d’action, et quant à Highlander, il y a effectivement des scènes d’action, mais la raison pour laquelle j’ai tourné ce film, c’est pour le côté romantique de l’histoire et de l’immortalité. C’est ça la vraie raison pour laquelle j’ai fait ce film.

    Je n’avais aucune notion du combat à l’épée, j’ai suivi un entraînement de quatre mois pour apprendre la chorégraphie des combats. Il y a quelque chose de magique dans cet univers, que l’on étudie les épées du Moyen Âge ou des sabres plus anciens comme les katanas. Tout est plus artistique dans les combats au katana.

    Quel a été le plus gros défi : savoir manier l’épée ou maîtriser l’accent américain ?

    Non, le plus difficile ça a été l’accent écossais ! Cela m’a également demandé quatre mois de travail : tous les matins je travaillais avec un coach pour l’accent écossais, d’autant que j’allais donner la réplique à un acteur écossais (ndlr, Sean Connery), et l’après-midi je m’entraînais à l’épée. Quand le film est sorti, tous les Ecossais que j’ai pu rencontrer m’ont félicité pour mon accent.

    A une ère dominée par les films de super-héros, quelle place donner selon vous à un héros romanesque comme celui d’Highlander ?

    Le film a des fans de 12 ans, de 35 ans et même de 60 ans. Le film a conquis trois générations différentes de spectateurs, il a donc continué à gagner en popularité, car c’est un film unique. On avait jamais vu un film comme ça auparavant, et nous n’en avons vu aucun autre depuis. Aborder la question de l’immortalité, ce que c’est que de vivre plusieurs siècles, de voir mourir les gens qu’on aime, comment on peut porter ce fardeau et continuer à avancer sans poser le genou par terre, c’est ce qui m’a plu dans l’histoire.

    J’ajouterais aussi que le film a été fait par l’un des plus grands, et je mesure mes mots, génie visuel que j’ai pu rencontrer, Russell Mulcahy avec qui j’ai également tourné Highlander 2 et Résurrection. C’est quelqu’un qui possède un sens du visuel qui lui est propre, il ne copie pas les choses, il n’y a qu’à voir le clip de Wild Boys qu’il a réalisé pour le groupe Duran Duran, c’est d’ailleurs après l’avoir vu que les producteurs d’Highlander l’ont engagé. On ne voit pas le quart de ça dans un film comme Pirates des Caraïbes, par exemple.

    D.R.

    Est-ce qu’aujourd’hui les films n’ont justement plus tendance à ne plus suivre la vision d’un réalisateur mais au contraire à compartimenter l’aspect artistique, voire à le reléguer au second plan ?

    Je suis tout à fait d’accord avec vous ! Alors ça ne veut pas dire que je n’aime pas des films comme Les Gardiens de la galaxie, Transformers, ça m’amuse beaucoup ! Mais en fin de compte, c’est chaque fois le même film, c’est à dire qu’on fait passer les effets spéciaux avant l’histoire que l’on veut raconter. Le cinéma ne peut pas se limiter aux effets spéciaux, de toute façon je n’invente rien, souvenez-vous de ce que disait Louis B. Mayer (ndlr, légendaire producteur et fondateur des studios MGM) : "le scénario, le scénario et encore le scénario".

    Le script d’Highlander était complet, avec une histoire complète du début jusqu’à la fin. Je trouve que l'on a tendance à sacrifier l’histoire au détriment d’un seul personnage qui va sauver le monde, dès le début nous connaissons la fin… Dans les films d’action, je trouve que certains épisodes de Mission: Impossible sont extrêmement bien faits, car l’histoire tient la route, et on y trouve aussi de l’affectif. Je pense que le cinéma d’action a tendance à oublier le côté affectif, et c’est selon moi un élément indispensable si l’on veut faire un grand film.

    Le cinéma d’action a tendance à oublier le côté affectif

    Comprenez-vous les craintes des fans qui redoutent justement que ce côté affectif soit justement absent du projet de remake d’Highlander ?

    (rires) Ça fait huit ans qu’ils sont dessus, il y a eu beaucoup d’idées qui ont circulé, et ils ont dépensé des millions de dollars sur un script qui n’est au final pas abouti. Je ne sais même pas si le projet a été abandonné, je n’en ai aucune idée mais je pense que ce serait une erreur de le refaire. C’est comme si l’on essayait de refaire Il était une fois dans l’Ouest. C’est un film intouchable qu’on regarde aujourd’hui comme à l’époque, il n’a pas vieilli. On ne peut pas copier Sergio Leone, de la même manière qu’il me paraît impossible de copier Russell Mulcahy. J’ai entendu beaucoup de choses à propos du remake, notamment qu’ils souhaitaient changer le personnage de Ramirez en femme. Comment trouver aujourd’hui un acteur de la trempe de Sean Connery ? Moi personnellement, je n’en connais pas. Même question pour la musique de Queen. Personnellement, si j’étais producteur, ce ne serait pas le remake que je chercherais à faire.

    Si le projet venait toutefois à voir le jour, accepteriez-vous d’apparaître dedans ?

    Cela va dépendre du scénario. Participer, je ne sais pas, faire une apparition clin d’oeil, peut-être. Mais cela va vraiment dépendre de l’histoire. Par exemple j’ai refusé de faire Mortal Kombat 2 parce que le script était mauvais. C’est quelque chose que j’avais déjà vécu avec Highlander 2, je ne comprenais pas l’intérêt d’expliquer les origines des immortels, mais j’étais contractuellement obligé de faire le film. Si vous faites attention, vous verrez que le film ne s’appelle pas Highlander 2 mais Highlander, le retour. Le film a très bien marché, mais il a déçu les fans.

    Donc, quand je faisais la promotion, je disais au public qu’il valait mieux ne pas aller voir le film s’ils attendaient la suite d’Highlander. Les producteurs étaient furieux, mais je ne voulais pas mentir en disant que c’était une suite. Il ne faut pas tricher sur ces choses-là.

    NBC Studios

    Vous êtes apparu dans des séries tout au long de votre carrière, donc récemment dans Dix pour cent ou encore dans Blacklist. Comment jugeriez-vous l’évolution des séries au cours des dernières évolutions ?

    C’est une évolution colossale ! La plupart des séries sont exceptionnelles, très imaginatives. J’en regarde beaucoup, et je suis skotché parce qu’elles proposent. Les 3/4 des séries sont désormais meilleures que les 3/4 des films. La télévision est un format qui m’a toujours intéressé, car cela permet de "rentrer" chez les gens. Depuis 7 ou 8 avec l’émergence de Netflix, on rentre dans l’ère de la grande télévision. Avant ça, il y avait des séries très intéressantes, mais il y avait aussi beaucoup de ce qu’ils appellent les spin-offs, c’est à dire des séries qui connaissent plusieurs dérivés (ndlr, comme Les Experts, NCIS etc.).

    Aujourd’hui, il y a une vraie imagination chez les auteurs à la télévision. Le rythme de travail à la télévision est très différent du cinéma, ce sont des journées de quinze heures de tournage pendant dix mois dans l’année. Je ne sais sincèrement pas comment ils font, moi déjà quand je tourne quatre épisodes de Blacklist, je suis rincé à la fin de la journée. Mais eux font ça pendant dix mois ! Pour Blacklist, j’ai tourné au total quarante jours, soit quatre épisodes au total. A la fin, j’étais épuisé car on doit tourner 5 ou 6 pages de scénario par jour ! Au cinéma, on a davantage le temps, on ne tourne en général qu’une ou deux pages de script, encore que cela arrive de moins en moins car c’est très coûteux.

    On voit de plus en plus de personnalités dites "de cinéma" apparaître dans des séries…

    C’est justement ce que j’aime dans Dix pour cent, on fait venir des gros noms pour une ou deux journées de tournage, je trouve ça très intelligent. Il faut arrêter de penser que la télévision est un genre mineur. Peu importe que l’on tourne pour le cinéma ou la télévision. Et si des acteurs de la trempe d’Al Pacino ou de Meryl Streep se permettent tout à coup de tourner dans des séries, c’est parce que c’est qualitatif.

    Ce que j’aimerais, c’est qu’on arrive à comprendre c’est qu’on ne perd pas son statut de star parce que l’on accepte un rôle secondaire. Si Jack Nicholson accepte de tourner trois scènes dans un film, alors tout le monde peut le faire. (…) On entend certains acteurs refuser des rôles moins importants sous prétexte que ce n’est pas le personnage principal, et deux ou trois ans plus tard, on ne les voit plus du tout ! C’est ridicule, il faut accepter un rôle parce qu’il est bon et pour rien d’autre. Je prends l’exemple du film White Material de Claire Denis, j’ai peu de scènes mais ce n’est pas ça qui m’a intéressé, c’est l’histoire, c’est de pouvoir travailler avec Claire Denis et c’est le rôle, même si ce n’est pas le rôle principal.

    Quel type de rôle recherchez-vous désormais ?

    (il sourit) Celui d’un gangster. Un gangster dans la veine des grands films de l’époque, comme Le Samouraï, Le Clan des Siciliens, Le Cercle Rouge. Cela illustre ce que je disais auparavant, du premier au dixième rôle, tous les acteurs de ces films sont géniaux. Et quand on les voit, on ne se dit pas que tel ou tel acteur était bon, mais que le film l’était, donc cela englobe tout le casting. Pour moi, il ne faut jamais refuser un rôle, il ne faut s’intéresser qu’à la qualité du scénario.

    Dans les années 70, ce n’est pas le cinéma américain qui dominait tout, au contraire, ce sont les américains qui nous copiaient. Si l’on regarde Le Cercle Rouge et Bullitt, on ne sait lequel des deux films est américain tant ils se ressemblent. Et on s’en fiche d’ailleurs, car les histoires étaient très bien écrites, c’était ça l’essentiel. Il y a encore des auteurs qui travaillent plusieurs années sur un scénario pour qu’il soit abouti, mais on a quand même tendance à bâcler les histoires et à se reposer sur des formules produites à la chaîne où généralement la qualité se perd au fur et à mesure que sortent les suites.

    Aujourd’hui je ne suis pas dans l’obligation de tourner, et ça c’est un luxe. Ce que m'intéresse, c’est d’avoir une belle histoire, un beau personnage, qui va me motiver à me lever tôt le matin pour tourner jusqu’à tard dans la nuit, il ne faut pas tourner pour tourner, mais juste parce qu’on est passionné. Je cherche donc des projets atypiques qui me donnent ce moteur.

    Remerciements : Monaco Anime Game International Conferences (MAGIC) et Shibuya Productions.

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